L’écriture inclusive en débat à l’Assemblée le 12 octobre : iel va barder…

écriture inclusive

À l’extrême gauche, on fulmine déjà. Chez les macronistes, on retourne vite sa veste. Au sein de LR, du MoDem et d'Horizons, on n’est pas à l’abri d’un vote courageux contre l’écriture inclusive et ses délires wokistes, derrière le RN. Le 12 octobre prochain, journée de la niche parlementaire RN, la quatrième proposition sera déposée par deux députés RN, l’ancien inspecteur de l’Éducation nationale Roger Chudeau et l’avocat Hervé de Lépinau. Elle soumettra aux voix l’interdiction pure et simple de cette pratique destructrice de la langue française, symbole de l’ébriété décivilisationnelle qui a saisi certains milieux universitaires et politiques.

Compliquée, la NUPES

Déjà, une première passe d’armes vient de se tenir, ce 4 octobre, en commission des affaires culturelles et de l’éducation, agrémentée de la sortie grotesque d’un député NUPES qui a cru bon de féminiser les termes de sa réponse : « Ce qui les terrifie (les méchants réactionnaires, NDLR), c’est le féminisme qu’elles considèrent comme un communautarisme. » Vous l’aurez remarqué : ce « elles » à la place du « ils » est censé traumatiser les députés hommes présents en leur montrant la violence du « ils » générique, englobant les hommes et les femmes. On en reste coi ! La NUPES, toujours prompte à insérer la domination marxiste partout, y compris dans l’orthographe, défend mordicus l’écriture inclusive tout en moquant le RN qui n’aurait « rien de plus urgent » à faire que de lutter contre ! Bref, compliquée, la NUPES. « L’écriture inclusive n’a rien à faire dans nos documents administratifs, civils, universitaires et scolaires », tranch, de son côté, Roger Chudeau, interrogé par BV.

Certes, deux circulaires de 2017 (Édouard Philippe) et de 2021 (Castex et Blanquer) interdisent cette pratique bien plus méchante que bête. Mais ces circulaires n’ont pas l’autorité d’une loi. Et il y a des trous dans la raquette : elles ne concernent pas, par exemple, les fonctionnaires de la ville de Paris. Et elles ne sont tout simplement… pas appliquées, notamment par les éditeurs de livres scolaires qui usent paisiblement de l’écriture inclusive et de son orthographe mi-française, mi-morse. « Pour nous, c’est une question grave, argumente Roger Chudeau. Comment le gouvernement peut-il rendre hommage à Hélène Carrère d’Encausse pour service rendu à la langue française et appuyer, en même temps, ce projet destructeur ? Nous voulons défendre notre langue contre toutes formes de menées grotesques. » En commission, LFI, les Verts, les socialistes et Renaissance ont voté pour l’écriture inclusive, soit une vingtaine de voix, contre dix opposées.

Quand LREM... dénonçait l'écriture inclusive

Le cas de Renaissance vaut le coup d’être étudié comme un sommet de retournement de veste. Le parti gouvernemental avait porté, sous la précédente législature, une proposition de loi visant elle aussi à… interdire l’écriture inclusive. Le député LREM François Jolivet (il a rejoint Horizons en 2022), qui avait porté l’offensive, dénonçait une écriture « illisible et discriminante ».

Mais voilà, selon Le Figaro, une rencontre aurait eu lieu récemment entre le Premier ministre Élisabeth Borne, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et le patron du groupe parlementaire Renaissance Sylvain Maillard. La consigne est tombée : il faut s’opposer au RN, donc défendre l’écriture inclusive ! « Les masques tombent, réagit Roger Chudeau. Qui sert l’intérêt général et qui fait de la petite politique ? »

En réalité, rien n’est joué car le vrai vote aura lieu à l’Assemblée, ce 12 octobre donc, lorsque cette proposition de loi arrivera dans la niche parlementaire RN. Si les débats précédents laissent le temps de l’examiner, LFI, les Verts, les socialistes et Renaissance devraient voter pour l’écriture inclusive, tandis que les groupes LR, MoDem, Horizons et RN voteront contre. Une intéressante soirée test, sur fond d’incohérence politique et de sabordage culturel.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

47 commentaires

  1. Comme je le répète depuis 2 mois, Attal aurait mieux fait de commencer par interdire cette aberration dans TOUTE l’éducation Nationale au lieu de commencer par l’abaya. Avant de lutter contre les attaques extérieures, il vaut mieux se re-fabriquer une santé et une immunité nationale « en béton » (comme pour le covid, ce que Menant et Rioufol nous expliquait très bien !)

  2. La motivation de LREM est l’opposition au RN. Avec de tels arguments, la langue française devrait gagner.

  3. Pendant qu’on y est, on devrait exiger le respect des vieilles tournures paysannes conservées dans certains textes classiques : « je serons content »…je préférons l’autre… Je croyons bien qu’il sont qu’un » qui sont sensiblement plus chaleureuses (et inclusives) que l’arrogance d’une pensée isolée, assénée et assumée comme telle.

  4. Il est navrant que l’on débatte à l’Assemblée Nationale de cette aberration pathologique qu’est l’écriture inclusive, un non-sujet pour tout être sensé. Mais il n’est pas étonnant que Renaissance se range du côté des « destructeurs »… Malheureuse France, si maltraitée par ses propres enfants!

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