« L’égalité des sexes dans la transition énergétique », au Parlement européen

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Jusqu’où ira la déconnexion des instances européennes ? Pendant que près de 75 % des Français déclarent avoir des fins de mois difficiles, nos eurodéputés discutent, à peu de choses près, du sexe des anges.

C’est ainsi que, dans le confort de luxueuses salles de conférence bruxelloises, à bonne distance du monde réel, se déroulait, du 23 au 29 octobre 2023, la Semaine européenne de l’égalité des genres. Au programme, d’indispensables débats sur des sujets majeurs tels que « la condition de la femme en Biélorussie », « la discrimination des infirmières en Espagne » ou encore « l’égalité de genre dans la pêche et l’aquaculture »… La journée de mercredi était notamment consacrée au thème de l’écoféminisme et du lien entre transition énergétique et inégalités genrées. Un agenda qui aurait assurément ravi Sandrine Rousseau, mais qui en a agacé certains, à droite. « Ce débat n’intéresse personne, attaqua l’eurodéputée RN Marie Dauchy. En un peu plus d’un an que je suis députée au Parlement, j’ai souvent pris la parole en commission ou dans l’hémicycle pour dénoncer l’idéologie néo-féministe absurde, mais aujourd’hui, je souhaite souligner son indécence insupportable. Alors que l’Europe est plongée dans l’une des pires crises énergétiques de son histoire, la commission de l’énergie ne trouve rien de mieux que de discuter de l’égalité des sexes dans la transition énergétique. […] C’est surréaliste. N’avez-vous donc pas honte ? N’avez-vous pas autre chose à débattre ? »

Victimisation des femmes

Hélas, cette approche genrée des politiques environnementales ne se limite plus aux auditoriums bruxellois. Très en pointe sur les combats intersectionnels, les Nations unies ne manquent jamais une occasion d’instiller l’idée que, pendant que les hommes polluent, les femmes se retrouvent aux premières loges des situations d’urgence causées par la crise climatique. « Partout, ce sont les femmes et les filles qui font face aux plus grandes menaces et subissent les préjudices les plus graves », déclarait, en 2022, António Guterres, secrétaire général de l’ONU, avant de demander la mise en place d’investissements ciblés et de « mesures sensibles au genre ». On retrouve des discours similaires à la fondation Jean-Jaurès et jusqu’au gouvernement français qui, dès 2019, jugeait pertinent de présenter les femmes comme « les premières victimes du dérèglement climatique ».

Money, money, money

En plus d’illustrer une certaine dérive paranoïaque, la rhétorique des inégalités entre les sexes et des nécessaires mesures correctives dévoile ce qu’est devenu l’objectif du féminisme contemporain : l’argent. Il s’agit d’exiger des fonds publics pour compenser les injustices, les discriminations et autres « plafonds de verre » indépassables.

Les fameux « budgets genrés » qu’appelle de ses vœux le Parlement européen sont d’ailleurs déjà mis en place par certaines municipalités de gauche. À Paris, Strasbourg, Bordeaux, Lyon ou Rennes, les élus traquent les dépenses qui bénéficieraient davantage au sexe fort qu’au sexe faible et réorientent leur comptabilité en conséquence. « Depuis un an, on s'attache à s'assurer que l'argent public alloué aux établissements culturels ne bénéficie pas qu'à une seule catégorie d'artistes : les hommes », déclara, par exemple, Alice Coffin lors du conseil municipal de Paris du 2 juin 2021. Le ton est donné, l'ennemi tout désigné. « Je ne vise personne spécifiquement, mais c'est ce boulot-là, d’aller compter, qui est essentiel. » Et l’élue écologiste d’exiger le recours aux statistiques, comme l'a fait « Aïssa Maïga lors de la cérémonie des César en comptant les Noirs présents dans la salle ». C’est beau, le progrès.

Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

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