Législatives : pourquoi il faut voter pour une véritable opposition
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Si l’on se fie aux sondages, La République en marche, avec plus de 30 % d’intentions de vote au premier tour, pourrait obtenir une très large majorité à l’Assemblée. Ce qui pose la question de la légitimité démocratique du scrutin majoritaire que nous connaissons. Seule la proportionnelle permettrait une représentation équitable des différents courants politiques.
Ce succès des candidats macroniens s’explique, sans doute, par la lassitude – on annonce une très forte abstention –, le rejet des partis traditionnels, le besoin de renouvellement, la volonté de donner une chance au nouvel élu et, peut-être, une tendance à rejoindre le camp du vainqueur.
Il s’explique aussi par l’attitude – apparemment déroutante mais, si l’on y réfléchit bien, conforme à ses habitudes – d’une grande partie de la droite et du centre, qui a déjà rallié Macron ou s’apprête à le faire. Le désistement réciproque entre les candidats LR et les candidats LREM pour faire barrage au Front national, souhaité par François Baroin, contribue à accroître la confusion. Autant voter directement pour La République en marche si les candidats sont interchangeables !
Pourtant, il est vital de voter pour des candidats qui se situent sans ambiguïté dans l’opposition.
D’abord, disposer d’une trop large majorité est en soi dangereux : on est incité à se croire tout permis, à mépriser le débat démocratique ou à ne l’admettre qu’avec condescendance, sachant que, de toute façon, on aura le dernier mot.
Ensuite parce que, contrairement à ce que pourrait laisser présumer la confusion ambiante, le consensus est loin d’exister entre les Français sur les positions défendues par le président de la République et son gouvernement. Si l’Europe ou l’économie ne soulèvent guère les passions, compte tenu du matraquage idéologique permanent, d’autres questions, bien plus importantes, restent sous le boisseau.
Ce sont notamment la vision de la société, la conception de l’homme, le problème de la filiation : toutes questions essentielles qui font l’identité de notre pays et dont découlent la plupart des mesures politiques. Henri Guaino l’a fort bien dit au micro de Boulevard Voltaire.
Veut-on une société multiculturelle ou une société qui cherche à se développer tout en préservant son identité et ses racines chrétiennes ? Un homme accro de matérialisme et avide de rentabilité ou un homme respectueux des valeurs humanistes, qui garde le sens du désintéressement ? Une famille déstructurée, une filiation anarchique, une GPA légalisée ou une famille où les enfants sont protégés, éduqués, formés pour construire librement leur avenir, non pas conformés à un moule préconçu ?
C’est un enjeu de civilisation.
À gauche, sauf exception, ces valeurs restent secondaires. Depuis longtemps, à droite, elles sont tombées en désuétude. Seuls quelques rares candidats LR ou, localement, du PCD ou de DLF, seule une partie du FN, plus proche de Marion Maréchal-Le Pen que de Florian Philippot, les portent encore avec sincérité.
Sans une opposition forte en convictions à défaut de l’être en nombre, la France se dissoudra dans un mondialisme effréné, au risque de perdre, non seulement ses frontières, mais aussi son âme.
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