Législatives : Macron lance ses majorettes dans l’arène…

Après le blitzkrieg macronien sur la présidentielle, il allait de soi qu’à la droite du centre et au centre de la droite, les élégances à venir ne seraient pas marquées du sceau d’une indéfectible fidélité. Ce fut vrai pour les vieux tromblons accrochés à leurs mandats électoraux, tel un chien sur son os ; mais également pour de jeunes trompettes pas assez compromises avec les différents régimes d’antan pour être tondues à cette nouvelle Libération.

Et c’est ainsi que pour le Brutus du meilleur espoir féminin dans un second rôle sont sélectionnées… Marie Guevenoux et Aurore Bergé. La première, ancienne attachée parlementaire d’Alain Madelin, a fait campagne pour Alain Juppé à la primaire de la droite, du centre et de ses proches environs, en tant que chargée de la collecte des dons, avant de se recaser chez François Fillon, où elle s’occupait des « ressources financières », poste à hauts risques, à en croire la une des gazettes, avant de le lâcher le 4 mars dernier, actualité des mêmes gazettes oblige.

Ce qui ne l’a tout de même pas empêchée d’émarger chez Les Républicains, avant d’accepter une « solution transactionnelle » consistant à démissionner d’un CDD tout en conservant les avantages d’un licenciement prononcé en CDI. Bref, si l’on ne saurait transiger sur les « valeurs républicaines », il y a tout de même ces limites qu’impose le porte-monnaie.

Le parcours d’Aurore Bergé est, en gros, similaire. Responsable de la campagne numérique d’Alain Juppé, elle ne se sentait plus vraiment « à sa place » dans le dispositif de François Fillon alors que, nous révèle Le Parisien, "Emmanuel Macron présente une politique très proche de celle que voulait Alain Juppé, finalement". On ne le lui fait pas dire. C’est donc tout aussi logiquement qu’Aurore Bergé se présente aujourd’hui, face à Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate, dans son fief des Yvelines. Toujours selon Le Parisien, cette Marie-Chantal new look s’insurge : "Il a voté contre le mariage pour tous, il est contre l’IVG, il est allé voir Assad en Syrie, autant de sujets sur lesquels nous sommes diamétralement opposés."

Cette déclaration est tout, hormis anecdotique, puisque révélatrice de l’état de délabrement intellectuel avancé de la droite post-fillonesque. Contre le mariage pour tous ? Mais il y a plus de dix ans, l’ensemble de cette droite donnée pour être de gouvernement était vent debout contre le PACS, à l’exception de Roselyne Bachelot, depuis recyclée dans le talk-show façon Cyril Hanouna, avec blagues de collégiens puceaux et plats de nouille en prime dans le slip.

Contre l’IVG ? Mais hormis quelques vieilles biques hystériques et ménopausées pour Plannings familiaux en folie, personne n’est pour l’avortement, la loi Veil se contentant de dépénaliser, en dernier recours et en cas d’ultime détresse, la mort de l’enfant à naître. Aller voir le président syrien à Damas ? Qu’aurait dû faire Jean-Frédéric Poisson ? Aller prendre le thé avec les assassins de l’État islamique et les défier au jokari ?

"Je fais confiance aux Français pour qu’il y ait une cohérence dans leur choix", nous précise la bibiche en question. Inutile de préciser que le sien est des plus cohérents. Elle vient de la France d’en haut, celle qui « winne ». Ceux d’en bas, les « losers » et les « sans-dents », ils n’ont qu’à fonder une start-up ou développer une appli pour téléphonie mobile au lieu de nous pourrir les week-ends dans le Hurepoix avec leurs usines qui défigurent le paysage. Elles sont en bord de la fermeture ? Qu’elles aillent se faire délocaliser ailleurs ! Et puis, le pire, évidemment, c’est Poisson. Déjà, rien que le nom… Il n’est pas très bien né, comme on doit dire chez Aurore Bergé. S’est converti au catholicisme sur le tard - comme c’est exotique. Joue au rugby - c’est d’un vulgaire. Et ne crache pas sur un verre entre deux cigarettes : telle une bête ou, pire encore, un pauvre ou un ouvrier.

Chez ces gens-là, la conscience de classe comptera manifestement toujours plus que la conscience politique. Jacques Brel le chantait déjà assez bien, et ces deux nouvelles majorettes du spectacle politique ne changeront sûrement rien à l’affaire, bien au contraire.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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