Législatives : les opportunistes se mettent en marche

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Il fallait voir comme François Hollande était à ses petits soins, lundi matin, sous l’Arc de Triomphe : Emmanuel Macron en était presque gêné, tant il le cajolait et lui montrait son affection – preuve, si l’on en doutait, qu’il le considère comme son héritier. Il est vrai que le Président nouvellement élu est, comme son protecteur, un orfèvre en opportunisme.

À cet égard, la préparation des investitures est particulièrement instructive. Il lui faut trouver, d’ici jeudi, 577 candidats aux élections législatives, issus pour la moitié de la société civile – sans exclure les élus locaux. Tous devront s’inscrire dans la majorité présidentielle sous la bannière « La République en marche ». Officiellement, pour que tous partagent les mêmes idées. Mais aussi pour des raisons financières. En effet, au-delà des indemnités que perçoivent tous les élus, le bureau de l'Assemblée nationale attribue des dotations financières à chacun des groupes parlementaires, en fonction de leur représentation. L’ancien banquier d’affaires connaît la valeur de l’argent.

Seuls les députés du MoDem pourront siéger dans un groupe indépendant. Sans doute une des conditions du ralliement de François Bayrou. Le maire de Pau se présentera-t-il lui-même à la députation ? Ou obtiendra-t-il un portefeuille ministériel ? Il a bien promis aux Palois de ne se consacrer qu’à sa ville. Mais si l’intérêt national l’exige, nul doute qu’il se sacrifiera !

Au LR et au PS, on paraît plus ennuyé. Bon nombre des futurs candidats auraient souhaité pouvoir soutenir la politique du futur gouvernement, tout en conservant l’étiquette de leur parti. Ce matin, c’est Manuel Valls qui renonce à se présenter sous l’étiquette PS et offre ses services à Emmanuel Macron. Il ne travaille pas pour son parti, ni pour lui-même, c’est bien connu ! Il travaille pour la France. De quelle abnégation font preuve tous ces hommes politiques !

Bruno Le Maire a déjà choisi son camp. À ceux qui l’accusent d’être un traître, il retourne le compliment : "J’ai été fidèle à mes valeurs. Ils ont été traîtres aux valeurs de la droite", déclare-t-il, le 8 mai, sur RTL. Ajoutant : "Traître à quoi ? À nos idées ? Quelle différence fondamentale y a-t-il entre nos idées sur la libéralisation de l'économie, le soutien aux entrepreneurs, la construction européenne, et les idées d'Emmanuel Macron ?"
 
C'est bien vrai, ça ! François Baroin a beau pousser des cris d’orfraie et menacer d’exclusion les dissidents potentiels, il sait que plusieurs personnalités du parti seront tentées de rejoindre Macron : si elles ne le font pas avant le premier tour, elles le feront dans l’entre-deux-tours ou à l’issue de la déclaration de politique générale du Premier ministre. Tout est dans la manière : l’important, c’est de trouver une justification à son ralliement. Chacun porte un Jésuite en soi.

Force est de constater que, lorsque Marine Le Pen parlait de collusion UMPS, elle n’avait pas tort. Duplicité, faux-semblants, opposition de circonstance, voilà comment s’annoncent les prochaines législatives du côté de la droite et de la gauche, autrefois dites de gouvernement, dans la débâcle aujourd’hui.

Si l’on veut accorder encore quelque crédit à l’action politique, on ne peut que souhaiter le succès de l’authenticité : pour le moment, on ne la trouve que dans le camp de la France insoumise ou dans l’alliance patriote et républicaine, qui se prépare autour de Marine Le Pen, de Nicolas Dupont-Aignan et de tous ceux qui, à droite, peuvent se regarder dans une glace sans détourner le regard.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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