Législatives partielles : les petits succès n’augurent pas toujours les grandes victoires décisives
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Une hirondelle LREM, même déplumée, ferait-elle, derechef, le printemps des partis de l’Établissement ? En ce premier jour du ver sacrum (printemps sacré) du renouveau de la vie terrestre, d’aucuns, au sein des états-majors partisans, se prennent à le croire et nourrissent les espoirs les plus fous.
Pensez, après les défaites cuisantes du parti présidentiel durant les législatives partielles de février dans le Val-d’Oise et le territoire de Belfort, c’est au tour des candidats LREM de la Haute-Garonne et du Loiret de montrer de sérieux signes de fléchissement, voire, disons-le tout net, de déroute électorale.
Ainsi, dans la huitième circonscription de la Haute-Garonne, le socialiste Joël Aviragnet pulvérise, façon puzzle, son adversaire LREM en empochant pas moins de 70,31 % des suffrages, contre 29,69 % généreusement concédés à son adversaire. « En marche » quasi triomphale la veille, piteusement « à reculons » le soir du scrutin.
Dans la quatrième circonscription du Loiret, le député-maire sortant de Montargis, Jean-Pierre Door (LR) devance de 18 points sa rivale LREM Mélusine Harlé, score qui lui assure de remporter son siège pour la quatrième fois consécutive. Preuve que le discours, entonné sur tous les tons, du renouvellement de la vie politique a été, finalement, assez peu entendu par les votants.
L’on se gardera bien de tirer quelque enseignement que ce soit, étant entendu que, dans chacune de ces élections partielles, le score de l’abstention avoisine des sommets grotesquement himalayens (près de 70 % dans le Loiret et quasiment 67 % en Haute-Garonne) qui, en démocratie réelle, sont proprement de nature à délégitimer fortement le candidat élu, attendu que le quorum électoral – s’il était appliqué – faisait défaut.
D’autre part, se hasarder à des commentaires d’ordre stratégique ou prospectif relève de la plus pure sorcellerie spéculative, ce type d’élection, en dehors d’un enjeu national majeur – surtout moins d’un an après les élections présidentielle et législatives –, ne présentant qu’un maigre intérêt immédiat pour l’électeur qui prend la peine de s’y intéresser et, mieux, de se déplacer jusqu’aux urnes.
En outre, il convient de ne pas trop rapidement négliger la sociologie électorale du terrain, élément souvent passé par pertes et profits chez nos analystes maison du PS ou de LR. Ainsi, comment explique-t-on, à Paris, que la socialiste Ramlati Ali, pourtant mise en examen pour complicité de fraude électorale, dont l’élection avait été annulée par le Conseil constitutionnel, et qui se fit remarquer dans l’Hémicycle couverte d’un voile musulman, se retrouve avec près de 36 % des voix au soir du premier tour des législatives partielles de la première circonscription de Mayotte – certes, avec une abstention de 70 % ! –, devançant son adversaire LR, qui plus est soutenu par le FN, dans le contexte que l’on sait de mouvement social tendu, de violence latente et d’appels au boycott ?
Ici, comme ailleurs, la raison électorale a ses propres raisons que la raison politicienne ignore ou fait mine d’ignorer pour mieux servir les desseins de sa rhétorique médiatique.
Que l’on ne se méprenne pas, néanmoins, sur la teneur de notre propos qui consiste simplement à tempérer les ardeurs des plus audacieux qui entreverraient, à travers les persiennes de ces succès isolés, les grands soleils des victoires définitives de demain. Si la politique est une science, elle est cependant loin d’être exacte.
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