Lejeune au JDD : le cirque de l’indignation enflamme les beaux quartiers
Entre la gauche et l’indépendance de la presse court une extraordinaire histoire d’amour. Passionnelle, irraisonnée, obsessionnelle, possessive surtout. L’indépendance de la presse, c’est la gauche. Et la gauche, c’est l’indépendance de la presse. L’amour rend aveugle. Ainsi les médias de gauche (Le Monde, propriété de Xavier Niel, Libération et BFM TV, propriétés de Patrick Drahi, etc.) sont-ils réputés indépendants de droit divin. Les médias de droite, eux, c’est différent. Ils sont sales, les médias de droite. Ils sont veules, vendus, obtus. Leurs journalistes ne sont jamais aussi heureux que quand ils piétinent la liberté d’opinion, lorsqu'ils obéissent servilement à leur actionnaire factieux ou quand ils déforment les faits, arrosent leurs pages de « fake news » et foulent aux pieds les lois du métier. C’est dans leur nature, comme disait La Fontaine du scorpion.
L’arrivée de Geoffroy Lejeune à la tête du Journal du dimanche (JDD) a donné le signal de la mobilisation : le cirque de l’indignation repart donc pour une grande tournée à travers les beaux quartiers de Paris. Traditionnelle pétition des sociétés de journalistes, mobilisation de huit anciens directeurs de la rédaction du JDD, tribune de stars dans Le Monde parmi lesquelles des sommités aussi légitimes pour parler de la liberté de la presse que JoeyStarr, Muriel Robin, l’actrice et cinéaste Maïwen, Anne Sinclair dont on attendait impatiemment l’avis, le tennisman Yannick Noah, toujours inspiré, ou Sandrine Kiberlain qu’on peut préférer dans Le Petit Nicolas. Tout ce beau monde emboîte le pas du ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, dont le tweet a suscité d’innombrables moqueries de la droite française, pour une fois unie.
Si Mme la ministre peut avoir l'obligeance de nous indiquer quels mots, quels articles, quels angles, quelles images et quels sujets lui paraissent compatibles avec "nos valeurs républicaines", ça nous aidera à lui être agréable... #JDD #VA #rimaabdulmalak https://t.co/DlG5eAbv3k
— Marc Baudriller (@BAUDRILLER) June 26, 2023
Dans cette guerre en costume de scène, où l’on ne risque que des éloges, la patronne de la CGT Sophie Binet se distingue en considérant que « l’extension de l’empire médiatique de Bolloré est un grave danger pour la démocratie ». La France a peur ! Le patron de RSF [Reporters sans frontières] Christophe Deloire a inventé un concept : « Vincent Bolloré instaure un système de capture oligarchique. » Grrr. Même l’opposant russe à Vladimir Poutine Mikhail Khodorkovsky donne de la voix, sans aller aussi loin que le chroniqueur de Libération Daniel Schneidermann pour qui Bolloré est, en fait, plus dangereux que… Prigojine ! Un vrai coup d’État linguistique.
Bolloré, intégriste religieux + dangereux que Prigojine, il fallait y penser
Armé de son suprémacisme moral (& de la certitude de la bêtise de tous ceux qui se convertiraient “au mal” rien qu’en lisant le JDD) Daniel Schneidermann l’a fait#CultureGoulag https://t.co/dV7JIYomZP
— JS Ferjou (@jsferjou) June 27, 2023
L’affaire du JDD a animé, ce mercredi, les questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. S'adressant à Olivier Véran, ministre du Renouveau démocratique et porte-parole, le député MoDem Bruno Millienne s’alarme de « la nomination d’un homme aux opinions bien affirmées ». Horreur, quand lesdites idées sont de droite…
« Cette nomination […] remet en question l’indépendance des rédactions et la pluralité de la presse », assure le député, qui n’a peur ni des mots ni de l’amalgame. C’est alors qu’il a ce propos extraordinaire : « Je vous le dis clairement, j’ai aujourd’hui l’impression que la situation nous échappe. » C’était donc cela ! On comprend mieux. « Jamais, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale et l’ordonnance interdisant la concentration des organes de presse, nous n’avons assisté à une stratégie aussi agressive de mise sous tutelle idéologique de notre paysage médiatique », assure le député, qui devrait réviser l’histoire des médias depuis la guerre, de Robert Hersant, omniprésent dans la presse des années 1960, au TF1 archi-dominant du groupe Bouygues, dans les années 1980.
Nomination de Geoffroy Lejeune au #JDD : "Elle remet en question l'indépendance des rédactions et la pluralité de la presse", juge @BrunoMillienne qui évoque une "stratégie agressive de mise sous tutelle idéologique du paysage médiatique".#Bolloré #DirectAN #QAG Cc @Lejdd pic.twitter.com/zorhsYJJao
— LCP (@LCP) June 27, 2023
L’arrivée d’un propriétaire de média gauchisant n’a jamais fait trembler l’Assemblée mais, cette fois, c’est le drame. Et pourtant... non, Bolloré n’écrase pas le paysage médiatique. CNews et C8 représentent, ensemble, 5,4 % de l’audience de la télévision gratuite, en France, en mai, selon Médiamétrie, contre 18,7 % pour TF1, près de 30 % pour les chaînes de France Télévisions ou 8,2 % pour M6.
Dans la presse écrite, très abondante et éclatée en France, le groupe Bolloré possède une poignée de titres (ceux du groupe Lagardère, Paris Match et le JDD) et de Prisma Presse (une vingtaine de marques comme Capital ou Femme actuelle), soit une part infime des milliers de titres français. En radio, avec Europe 1, Europe 2 et RFM, Bolloré atteint tout juste les 6 % de part d’audience. Petit rappel. Eh oui, en France, le propriétaire d’une entreprise, qui paiera les déficits, a le droit de choisir ceux qui la pilotent. Or, un média est une entreprise, avec des coûts et des revenus. Certains pays ont échappé à cette épouvantable fatalité : en URSS jadis, en Chine communiste aujourd’hui, tous les médias appartiennent à l’État, avec les résultats qu’on connaît sur le coût, la qualité et... la liberté d’expression.
En France, à l’Assemblée, le ministre Véran a dû rappeler à la gauche les principes d’une démocratie : « Monsieur le député, répond-il à Millienne, la presse d’opinion est légale en France. » Véran doit aussi rappeler l'importance du « pluralisme des médias ». Il doit enfin expliquer que la liberté de la presse compte parmi nos principes fondamentaux. Rassurez-vous, ces grands principes énoncés, notre ministre explique aux élus comment il va tenter de les contourner, notamment par une évolution de la loi Bloche de 2016.
Ce tremblement devant l’arrivée timide d’un peu de pluralisme dans les médias français serait très drôle si on ne sentait, palpable, l’envie de passer le licol à la liberté d’expression. Il faut donc recommander Alexis de Tocqueville : « En matière de presse, il n'y a pas de milieu entre la servitude et la licence, écrivait-il. Pour recueillir les biens inestimables qu'assure la liberté de la presse, il faut savoir se soumettre aux maux inévitables qu'elle fait naître. » À méditer à gauche.
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« Jamais, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale et l’ordonnance interdisant la concentration des organes de presse, nous n’avons assisté à une stratégie aussi agressive de mise sous tutelle idéologique de notre paysage médiatique », assure le député Millienne. C’est l’inversion suprême ! Alors que la gauche détient la majorité de la presse pour assurer sa dictature bien pensante et écolo woke, c’est la droite qui imposerait une pensée totalitaire !
Une woke attitude qui penserait même à réécrire les grandes œuvres de la littérature : « L’éducation sentimentale » ou « La rééducation sentimentale » ?
Tous ces « réactionnaires de gauche » qui partent en guerre contre la nomination de G. Lejeune ne peuvent pas supporter qu’une information ( autre que celle prescrite) soit diffusée.
Quand on pense que tous ces dits « bien-pensants », à quelques exceptions près, ont pris leurs racines dans ceux qui se sont s’accoquinés avec le nazisme pendant la dernière guerre mondiale, en fréquentant en sa compagnie cabarets, restaurants, théâtres et autres lieux de réjouissances, coupe de champagne en main, pendant que les patriotes allaient au front, on s’étonne de leurs réactions. Certainement trop bien informés, trop à se faire pardonner, au point d’en rejeter la responsabilité sur d’autres, dévier le faisceau qui risquerait de les mettre en pointe. La gauche a su soutenir ouvertement ce nazisme, elle ne s’en vante pas, elle était pourtant en première de cordée en France. Elle a retourné sa veste lorsque le vent a changé de direction, lorsque Hitler a rompu le pacte avec la Russie. On peut soutenir, balayez devant vos portes très chers gauchistes, vous avez du sang français sur les mains. Ce ne sont pas vos idées outrancières qui l’effaceront.
En 2017 déja , je disais qu’on était devenus la nouvelle URSS , le nouveau pays de la Pravda , on me prenait pour un dingue .
6 ans après , tempête gauchiste dans un verre d’eau , Lejeune entre au JDD , danger … pour la Pravda .
Après « Triste tropique » nous avons « Triste gauche ».
valeurs républicaines ?? c’est quoi au juste ?
Valeurs macroniques.
un ramassis de préceptes que chaque parti politique arrange à sa sauce .
Au fond, tout ça est plutôt drôle… et c’est à ça qu’on les reconnait.
Pour (enfin) éviter tout débordement politique et dérapages verbaux, ne serait-il pas opportun de supprimer toute subvention publique ou toute aide de tout ordre étatique des journaux écrits ou télévisés. Nous saurions lesquels subsisteront par leurs propres moyens proportionnels aux écoutes. La liberté d’opinion doit être la règle générale.
C’est comme cela que devrait fonctionner les moyens d’information ,comme des entreprises privées
Vous plaisantez sans doute. Le titre le plus gavé de subventions, c’est l’Humanité. Vous ne voulez quand même pas froisser la CGT, au risque de la mettre en colère.
Absolument !
Les lecteurs de V A cesseront de le lire si le nouveau patron passe à gauche. C’est vrai patron c’est l’acheteur, le lecteur
Il me semblait que notre pays mettait la liberté d’expression comme une valeur fondamentale de notre démocratie. Pour que ce soit le cas il faut que les médias ne soient pas tous dans la « ligne du parti ». Si le JDD piloté par M. Lejeune dépliait à certains, personne ne les oblige à le lire, mais de grâce laissons les diverses sensibilités s’exprimer dans notre pays et évitons de nous entre-déchirer sur ce point. Quant à Mme la ministre de la culture, je laisse aux français le soin de juger de sa largesse d’esprit.
« Il me semblait que notre pays mettait la liberté d’expression comme une valeur fondamentale de notre démocratie. » Et ça reste vrai tant que vous vous exprimez de manière « conforme » et que vous ne remettez pas en cause ce qu’il faut penser et dire pour être labellisé « camp du bien »
« valeurs républicaines » égale « pensée unique » voilà la gauche et ces quelques personnalités si peu importantes dans
leur ridicule numéro
A suivre .
La presse gauchiste aux mains des milliardaires ainsi que les medias, biberonnés aux subventions publiques, ces personnalités (politiques, show-biz, acteurs, romanciers, aventuriers etc…) bien aisées, ne manquent pas d’air ! Enfin, les masques tombent ! Retenons les noms de « ces défenseurs de la liberté » de gauche évidemment pour les boycotter (cinéma, concert, spectacle , livres, presse, etc.. et aux prochaines élections)
Une liste de ces bien-pensants est diffusée sur RL
Il faudrait souffler dans les bronches de madame Binet, ci-devant patronne de la CGT et néanmoins « antisémite avérée » (elle a, en effet, cautionné les propos de son collègue envers Zemmour) que le syndicat qu’elle dirige depuis peu n’a toujours pas fait son aggiornamento sur les quelques 100 millions de morts du communisme.
J’aimerais savoir, en pourcentage, le nombre de médias de Gôche et celui de Droite. Où Macron est-il allé chercher cette ministre Rima Abdul Malak ? On ne l’entend que lorsqu’il s’agit de démonter, de dénoncer, tout ce qui n’est pas à Gauche. Elle n’a que cela en bouche : l’extrême-droite.
Autant l’on pourrait comprendre le refus par le propriétaire de Valeurs Actuelles d’accepter les idées de M. Geoffroy Lejeune, autant « les Beaux Quartiers » pourraient comprendre l’acceptation par les dirigeants du Journal du Dimanche des idées de M. Geoffroy Lejeune. Où est le problème en termes de liberté et d’égalité de conscience politique ? Ici aussi, les chiens aboient et la caravane doit passer.