L’éloge de Delon par Bardot, les deux dernières gloires d’une France glorieuse

Delon Bardot

C’est si étrange, si inattendu, si surprenant et si… élégant qu’on s’en étonne : pour rendre hommage à son ami Alain Delon, Brigitte Bardot, cette autre gloire du temps de la France glorieuse, lui a adressé une lettre manuscrite.

L’écriture est ferme, ample, et… dans un français parfait. Loin du charabia et des fautes de syntaxe qui parsèment aujourd’hui les « posts » de nos élites, et ce, jusqu’au sommet de l’État (cf. Stéphane Séjourné, notre ministre des Affaires étrangères. Entre autres).

« Alain, en mourant, met fin au magnifique chapitre d’une époque révolue dont il fut un monument souverain », écrit Brigitte Bardot, qui poursuit : « Il a représenté le meilleur du "cinéma prestige" de la France, un ambassadeur de l’élégance, du talent, de la beauté. »

Des qualités aujourd’hui dévoyées

Comme elle, en effet, il a représenté la France. Celle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, c’est certain. C’était la France qui se relevait de la guerre, celle du paquebot France et du Concorde, celle qui rayonnait dans le domaine des arts, de la haute couture, dictait la mode au monde et portait haut et fort sa culture. Une époque hélas révolue, c’est vrai, et en lisant cette lettre d’une femme qui eut, elle aussi, la suprême élégance de se retirer des ornières du parisianisme, on mesure combien toutes les qualités qu’elle énumère sont aujourd’hui dévoyées.

Le « cinéma prestige » ? Il a sombré dans les petits mouchoirs d’une génération d’acteurs nombrilistes et pleurnichards. « Ambassadeur de l’élégance » ? Au temps où se vendent à prix d’or les jeans troués et les baskets sales, où l’on s’attife débraillé croyant faire “peuple”, au temps où les ambassadeurs eux-mêmes ont disparu, anéantis par Macron qui craignait qu’ils ne lui fissent de l’ombre… qui connaît encore le sens de ce mot ? « Le talent » ? Depuis qu’on prétend que chacun en est doté, il s’est fait rare. Quant à « la beauté », c’est un don du ciel que notre époque malade d’égalitarisme ne saurait supporter. Dès lors, qui pourrait nier ce qu’écrit cet autre monstre sacré que fut BB : « Sa disparition creuse un vide abyssal que rien ni personne ne pourra combler. »

Les mêmes valeurs, et les mêmes déceptions…

Avant de citer Alfred de Vigny – « A voir ce que l’on fut sur la terre et ce qu’on laisse, seul le silence est grand. Tout le reste n’est que faiblesse » –, Brigitte Bardot écrit : « Je perds un ami, un alter ego, un complice. Nous partagions les mêmes valeurs, les mêmes déceptions, le même amour des animaux. » Pour ces derniers, c’est sans doute parce qu’ils sont moins hypocrites que bien des humains, surtout dans le milieu du cinéma où tous deux évoluaient.

Et puisqu’il faut parler de ces valeurs, alors nommons-les, car ce sont celles qu’exècrent, aujourd’hui, les cliques qui prétendent nous diriger : Bardot et Delon portaient haut l’amour de la France, de sa langue, de son Histoire, c’est-à-dire tout ce que l’époque contemporaine a foulé au pied.

Bardot-Delon, figures sincères, droites et… « de droite », pointent les crétins du jour. On l’a compris, c’est vrai pour Alain Delon et ce le sera pour Brigitte Bardot, le jour où elle partira pour le grand voyage ; seul le délai de décence qui entoure le deuil fait qu’on ne les jette pas encore dans les culs-de-basse-fosse de « la fachosphère ».

Alors merci, Madame ! Par cette lettre qui vous honore en honorant votre ami, vous rendez à la France un peu de son honneur.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

23 commentaires

  1. beaux hommages (je parle des comm) j’aime beaucoup BB (pas l’actrice, ) mais la femme telle qu’elle est
    je n’en voit plus AUCUNE…

  2. Il est normal et surtout très facile d’avoir des valeurs et d’être patriote quand on a grandi dans la France de Gaulle avec comme parrain de cinéma, Jean Gabin.
    Par ailleurs, c’est un jour qui restera graver dans ma mémoire car quelques heures avant sa disparation, je regardais « Adieu L’ami ».
    A coté de cela, il y avait des jeunes qui écoutait qui écoutait du rap à fond sans se douter d’une certaine idée du cinéma Français qui allait s’en aller.
    Maintenant, on a plus tendance à sortir sa tondeuse à gazon pour dire fièrement qu’on vote Tondelier que de parler franchement de la situation du pays mais cela fait partie d’un certain fatalisme qui ne date pas d’hier…
    Il ne reste plus grand monde à part Brigitte Bardot et quelques témoins de renom comme Michel Barbey, Pierre Vernier, Brigitte Aubert, Geneviève Cluny , Judith Magre, Leslie Caron, Anne Vernon ou Pascale Petit.

  3. Madame Bardot sait bien qu’elle n’appartient pas à cette France. Une amie chère entretenait un brin de correspondance (écrite) avec elle. C’était beau et chaleureux entre Saint-Tropez et Saint-Lattier (38). J’ai avisé Madame Bardot de son décès qui a répondu en joignant à sa lettre une enveloppe – je ne l’ai évidemment pas ouverte mais je suis allé sur la tombe pour la caller dans un interstice de la tombe… Autre éducation et autre temps…

  4. Alain Delon  » était » la France de cette époque heureuse, les trente glorieuses, qui en rebatissant la France lui faisaient retrouver l’insouciance, l’Espérance…. portées par des valeurs fondamentales, aujourd’hui perdues.
    Alain Delon rayonnait de son insolente et extraordinaire beauté, mise au service de son talent, donnant ainsi, avec élégance, ses lettres de noblesse au cinéma français.
    Madame Bardot, vous êtes l’alter égo d’Alain Delon. Merci infiniment à vous deux.

  5. Chapeau l’artiste, tu nous a fait rêver ( d’autant plus en tant que, perso de chromosomes XX ! Parmi d’autres moins glamours sur le plan esthétique ; Mais je devine un caractère de cochon – tout ça se pardonne..) ; Si on pouvait te « foutre la paix » désormais, et respecter tes souhaits après un parcours en accéléré puis mûri et créatif/productif judicieux.
    Je n’aimais pas tellement BB en tant qu’actrice, je l’adore en tant que protectrice farouche des animaux, battante et femme de conviction, et « facho » assumée..

  6. Il ne faudrait pas oublier Pierre Richard, qui est de cette même génération, donc l’un des deux derniers grands acteurs qui se sont fait sans la fameuse exception culturelle française. Toujours est-il que Alain Delon donne des sueurs froides aux pro-MeToo ! Car si en effet il a connu plusieurs épouses dans sa vie, il est la preuve qu’on peut être séducteur, aimer les femmes, mais ne pas les aimer seulement pour mérite corps, et que malgré un statut de mâle alpha on peut ne pas user de sa puissance et rester droit et fidèle ! Alain Delon est l’anti-Epstein par excellence ! C’est peut-être ce qui différencie Hollywood de la France, le charme de la perversion !

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