L’Émission politique : à la télé comme sur un ring, le public veut du sang
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Dans "L'Émission politique" de jeudi soir, pas de débat. Pas de face-à-face. Ils défilent l'un après l'autre, comme dans un entretien d'embauche : "Allez, dites-nous pourquoi vous êtes le meilleur."
Heureusement, comme dans "Koh-Lanta", il y a des épreuves.
Premier "test" : chacun doit apporter un objet.
Pour Mélenchon, ce sera… des ciseaux ! Qu'il ait envie de la couper à tout le monde ne faisait aucun doute.
À Raphaël Enthoven, qui l'interroge (deuxième épreuve) sur sa personnalité, il lance : "C'est pas une question... La question, c'est : est-ce que vous êtes un gros menteur ou juste un énervé ?"
Chacun a droit, in fine, à une "carte blanche" (troisième et dernier test).
Pour Mélenchon, ce sera : souveraineté. Il dénonce notre suivisme de la politique américaine : "Est-ce que les Français savent que nous avons 30.000 hommes hors des frontières ?" C'est un scandale. Un petit air de Marchais défendant l'URSS entrant en Afghanistan...
L'objet de Wauquiez ? Les bulletins de retraite d'un couple, spoliés tous deux de 400 euros par an. Questionné - et critiqué - par Philippe Tesson, il répond en substance, sarcastique : comment une sorte d'histrion parisien peut-il juger de la politique d'un homme élu par huit millions de personnes ? Sa carte blanche sera : retrouver la France, sa prospérité pour tous, sa sécurité (en expulser les fichés S)…
Castaner, lui, succède et lui répond : les fichés S ? On n'y touche pas, il faut respecter le droit ! Les musulmans, du reste, ne sont pas dangereux. C'est en substance une religion de paix. Tenez, lui, il a été visé par un attentat d'extrême droite ; pour autant, il ne dit pas que tous les nationalistes sont des assassins… Je connais cette théorie, a-t-on envie de lui dire…
C'est le tour d'Olivier Faure. F.A.U.R.E. Patron du PS, personne ne le connaît, mais personne, après sa prestation, n'aura sans doute vraiment envie de le connaître.
Extrait : pour empêcher le blocage des facs par les étudiants, il faut répondre à leurs inquiétudes. Il a vu les photos de Tolbiac, lui ? La question que lui pose Romain Goupil - "convergence ou divergence des luttes ?" - a failli nous passionner. Mais pas la réponse…
L'objet de Marine Le Pen intrigue : c'est une plante sans racines, "comme la France d'Emmanuel Macron", dit elle.
Le reste ressemble à un match de ping-pong :
- Vous approuvez Israël ?
- J'ai dit que je pouvais comprendre mais qu'il faut une enquête.
- Collomb parle, lui aussi, de submersion migratoire.
- Ça prouve qu'il sait, mais il ne fait rien…
- Estrosi dit que Macron va plus loin que la droite.
- Estrosi est devenu gauchiste !
Puis Boris Cyrulnik pose sa question : "L'immigration va s'amplifier. Que faire ? intégration ? Assimilation ?" La réponse fuse, là aussi, rapide et précise : "Assimilation ! L'intégration aboutit à la dés-intégration."
Enfin, l'estocade donnée par Léa Salamé : "Comment allez-vous, depuis un an ?" "Comme disait Mandela, je perds ou j'apprends. J'ai appris."
Oups ! Game over. Mais elle nous a réveillés.
Cependant, le sondage révélera que ce n'est pas elle qui a gagné. Mélenchon est premier, Wauquez deuxième.
Elle n'a pas assez agressé son questionneur.
Comme sur un ring, dans ce genre d'émission, le public veut du sang.
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