Mondial de Foot : l’équipe de France cherche son identité de jeu

Le match des Bleus (victoire poussive contre l’Australie 2-1) a été décevant, mais il a mis en lumière des joueurs emplis d’abnégation.

Depuis plusieurs semaines, la figure du talentueux Kylian Mbappé, 19 ans, est mise en avant par les médias – documentaire consacré au joueur, interviews, contrats pub et même statue au musée Grévin ! Le garçon a des côtés sympathiques : communication maîtrisée, bonne éducation, propos positifs et respect du maillot. Il a aussi révélé, interrogé sur sa religion mercredi dernier dans l’émission "Au tableau !", être chrétien et pratiquant : pas anodin pour cet enfant de banlieue - Bondy - de père d’origine camerounaise et de mère d’origine algérienne. Mais cette starification trop précoce relègue en second plan Antoine Griezmann, humble, qui a pourtant démontré depuis l’Euro 2016 être le patron technique de l’équipe. La formation en 4-3-3 correspondait aux desiderata de Mbappé, mais elle condamnait Giroud et limitait l’influence dans le jeu de Griezmann. Ce schéma tactique n'a pas fonctionné, samedi.

Malgré le battage médiatique autour des jeunes flèches en attaque, Mbappé et Dembélé, France – Australie a été bien moins rapide que les deux autres matchs de la journée, Argentine – Islande et Pérou – Danemark.

La bonne surprise est venue des latéraux, Benjamin Pavard et Lucas Hernandez, nés en 1996. Ils prennent la place de Djibril Sidibé et Benjamin Mendy, annoncés pourtant titulaires avant le Mondial. Leur rigueur défensive et leur discrétion médiatique contrastent avec leurs prédécesseurs au poste. À noter que ces deux joueurs blancs ont été lancés à l’étranger – Allemagne et Espagne –, indice que la sous-représentation des Blancs en équipe de France a pour origine des dysfonctionnements du système de formation français. Griezmann aussi a dû s’exiler en Espagne dès ses 13 ans, rejeté par tous les clubs français. Giroud n’a pu jouer en Ligue 1 qu’à presque 24 ans, après avoir dû faire ses preuves dans les divisions inférieures.

Olivier Giroud, le combattant.

Giroud est entré en seconde mi-temps, avec un large bandage autour de la tête. Une semaine avant, lors du match de préparation France - USA, il était sorti en sang après un choc aérien, blessé au crâne (entaille sur 5 centimètres et 6 points de suture). Malgré dix buts sur ses dix dernières titularisations, le quatrième meilleur buteur bleu de tous les temps n’était pas titulaire. Giroud est la tête de Turc de ceux qui soutiennent Benzema, lui qui représente du point de vue identitaire l’inverse de Benzema – ethnie, religion, groupe social. En choisissant de reléguer Giroud sur le banc, Deschamps répondait aux vœux de ceux réclamant bruyamment la mise à l’écart de l’attaquant français.

Le journal L’Équipe relatait, vendredi, qu’en apprenant sa non-titularisation, Giroud "est apparu très déçu mais combatif et décidé à renverser la dynamique". Il n’a, néanmoins, rien dit et a répondu sur le terrain, en délivrant une passe décisive peu après son entrée en jeu. Il pourrait devenir le joueur phare des Bleus des prochaines rencontres. Il indiquait à l’AFP, la semaine dernière, sans que ses déclarations ne soient relayées, ce à quoi il attribuait son mental :

- Vous parlez souvent de votre foi. Est-elle importante dans votre parcours ?
- Bien sûr. C'est un peu ma force. Quand j'ai des moments de moins bien, et même chaque semaine, je lis la parole de Dieu. C'est quelque chose qui me rassure et m'apaise. Le fait d'être très croyant ou d'avoir la foi, ça permet de relativiser énormément de choses.

L’équipe de France aura besoin de joueurs de foi et de dévouement si elle veut montrer un meilleur visage face au Pérou et au Danemark.

Jeanne Didier
Jeanne Didier
Diplômée de sciences politiques, passionnée de football

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