Les 20 ans des Choristes : cette France qu’on aime

Capture d'écran
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À l’occasion des vingt ans de la sortie du célèbre film de Christophe Barratier, les cinémas Pathé proposent à l’ancienne génération, comme à la nouvelle, de découvrir ou de redécouvrir le succès des Choristes, ce 10 avril, au grand écran et en version restaurée en 4K . Si ce long-métrage fut tant apprécié par les Français en 2004 (7 millions d'entrées cumulées), ce n’est pas pour rien. En effet, derrière l’histoire, de nombreuses notions sont abordées, comme la justice, l’éducation et l’art. Trois notions qui font aujourd’hui débat dans notre société.

« Action, réaction »

L’histoire, qui se déroule en 1949 dans le pensionnat de Fond de l’Étang, nous confronte rapidement aux notions de scolarité et de discipline. Dépassant les clichés de l’autoritarisme violent et injuste représenté par le sinistre directeur Rachin, interprété par François Berléand, le film nous montre une autre facette d’une éducation qui porte ses fruits. Gérard Jugnot, interprétant le surveillant Clément Mathieu et accompagné de Kad Merad alias Chabert, met en pratique une autre pédagogie : celle du principe « action, réaction » qui explique que chaque acte a des conséquences, qu’une bêtise conduit à une sanction parfois sévère mais juste. Par exemple, dans le film, sans user de violence, Clément Mathieu punit l’élève Le Querrec en l’obligeant à prendre soin du père Maxence, dont il est responsable des blessures. L’adulte met ainsi l’enfant face à ses responsabilités et le pousse à réparer ses erreurs sans tomber dans la culture de l’excuse. Une justice dont la société actuelle ferait peut-être bien de s'inspirer, face à nos chers délinquants en manque criant d’autorité.

Une éducation porteuse

Faute d’être un professeur attitré, le personnage de Clément Mathieu se fait éducateur, dans Les Choristes. A contrario de ce que l’Éducation nationale peine à accomplir, les élèves du Fond de l'Etang sont incités à faire de leur mieux : il n’y a pas, là, de nivellement par le bas. À l'instar du personnage de Corbin qui, ne sachant pas chanter correctement, est choisi comme... pupitre ! Si ses qualités ne sont pas musicales, elles sont simplement ailleurs. Le film nous montre aussi ce que pourrait être un vrai cours de musique au sein d’un établissement scolaire, et qui ne pourrait que plaire aux élèves comme aux parents, car qui ne voudrait pas chanter comme les choristes ?

La beauté du chant

En parlant de chant, ce qui a fait la gloire du film, ce sont bien sûr ses musiques magnifiques et les voix des Petits Chanteurs de Saint-Marc de Lyon. Rien ne prédisait le succès du long-métrage, à sa sortie en 2004. Pourtant, contre toute attente, ce sont ces chants mélodieux, comme Vois sur ton chemin, composé par Bruno Coulais, qui donneront au film son âme et son identité et se retrouveront parmi les tubes de l'année aux côtés de M ou Calogero ! À tous les détracteurs de la nostalgie et de ce film, il pourrait être proposé de reprendre le même scénario dans un pensionnat d’aujourd’hui où les élèves chanteraient Djadja, d’Aya Nakamura. Le film connaîtrait-il le même succès ?

« Pépinot avait raison d’y croire » : ainsi se conclut le film. Cela sonne comme un mot d'ordre. Nous aussi, nous avons raison de croire à cette France des Choristes, porteuse de ces valeurs éducatives et artistiques fortes qui font cruellement défaut aujourd’hui.

Eric de Mascureau
Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

14 commentaires

  1. Bienveillance mais fermeté, adoucissement des moeurs par la musique, tout ce que le gouvernement est incapable de faire dans l’éducation nationale aujourd’hui ! Il est vrai que scolariser la « diversité », dont la religion interdit, entre autres, la musique, est un difficile challenge !

  2. C,était la bonne et Belle Époque .revoir ce film et les bons acteurs est un vrai bonheur ..rien à comparer avec ce qui sort maintenant ..

  3. Notons aussi que l’action se déroule en 1949 ; et la jeunesse de l’époque n’était pas celle d’aujourd’hui… non seulement issue d’une autre « civilisation qui se veut conquérante », mais aussi dévorer par le wokisme et le nihilisme ambiant. Ce film (qui est un très bon « remake » de « La cage aux rossignols ») met bien en exergue des valeurs hélas pratiquement perdues.

  4. Et sans oublier il me semble le réalisateur et celui qui à payer le très beau film,Monsieur PERRIN hélas disparu depuis.

  5. C’est notre gouvernement qui est responsable du bouleversement total de notre existence, il a aggravé ce que les précédents depuis Mitterrand avaient entrepris. Nous les aînés, nous avons quelques bons souvenirs mais nos descendants n’auront pas cette chance,

  6. J’ai eu la chance de connaitre cette époque qui malgré une certaine rigueur nous a permis d’apprécier l’évolution des années à venir et ce n’est pas pour rien qu’elles ont été appelé  » les 30 glorieuses » !! Mais c’était avant !!

  7. Cette France est malheureusement révolue quand on voit des ministres de la République mettre leurs enfants à l’école privée catholique et ne rien faire pour copier l »Excellence pour le public . Pire ils ne défendent pas cette école et les valeurs civilisationnelles Qu’elles engendrent pour le bien commun . Le socialisme est devenu une maladie mentale

  8. Voyez, ou revoyez « la cage aux rossignols », excellent film de Jean Dréville, avec Noël-Noël, qui inspirera « la chorale » quelques décennies plus tard.

    • Tout à fait exact, ce film, La cage aux Rossignols, en noir et blanc sorti en 1945 est plein de tendresse.

  9. A voir et à revoir ce film magnifique et ces enfants de grand talent . C’est ça la France , celle que l’on aime et que l’on veut retrouver .

    • Hélas, j’ai fini d’ y croire ! J’entends encore mon grand-père me dire : « à mon époque…! » maintenant c’est à mon tour de penser que «  c’était mieux avant … ! » sachant que même si la vie est un éternel recommencement, on ne peut rien faire contre cette évolution de la société, surtout lorsqu’elle s’est si gravement détériorée, voir détruite.

      • Avant…les carabins en salle de garde chantaient « de profundis morpionibus »…
        Aujourd’hui, c’est  » de profundis » tout court..

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