Les 318 noms de la diversité choisis par Emmanuel Macron : tous des héros de l’Histoire de France, vraiment ?

MESSALI

Souvenez-vous : en décembre dernier, Emmanuel Macron expliquait aux journalistes de Brut sa « volonté d’identifier 300 à 500 noms […] et qu’on puisse décider ensuite d’en faire des rues, des statues. C’est comme ça que les choses changent. » Des figures de l’art, des sciences, du spectacle, des militants, des militaires seraient mis à l’honneur, issus des outre-mer, des anciennes colonies ou de l’immigration « pour qu’une plus juste représentation de l’Histoire française soit visible dans l’espace public ».

Pour identifier ces « héros » issus de la diversité, « symboles de ces histoires fragmentées, fracturées » il avait chargé le ministre délégué à la Ville, Nadia Hai, de réunir un comité scientifique sous la direction de Pascal Blanchard.

Pascal Blanchard est un historien dont les travaux portent sur l’immigration et la décolonisation. Ce dernier a publié en 2014 Les années trente sont de retour avec Claude Askolovitch, et est membre notamment du Club 21 ème siècle, créé « pour offrir à la société française une vision positive de la diversité et de l’égalité des chances »… dont fait aussi partie Lilian Thuram, l’intello du ballon rond.

Dans ce comité scientifique d’une vingtaine de personnes, on trouve aussi Salah Amokrane : membre du conseil d’administration de Sciences Po-Toulouse et du Conseil National des Villes, il a participé à la campagne présidentielle de Benoît Hamon. Il est surtout de tous les combats anti-racistes. On y trouve également Nadia Hathroubi-Safsaf, rédactrice en chef du Courrier de l’Atlas, qui a plus souvent qu’à son tour défendu et promu la famille Traoré.

Un comité scientifique très orienté à gauche, dont le point commun ne semble pas être « le partage d’un commun » (Emmanuel Macron) mais bien plutôt l’exaltation de tous les particularismes.

La fameuse liste a donc été publiée : on y trouve Lino Ventura, Louis de Funès, Roland Garros, Dalida, Aimé Césaire, Balenciaga, Chagall, Ionesco, Wolinski… « On voulait une juste représentation des professions avec des artistes, des scientifiques, des journalistes, des gens de la mode et du design, des militants et syndicalistes, des entrepreneurs, des militaires... La France quoi ! », explique au HuffPost, Pascal Blanchard.

Jusqu’ici, tout va bien. S’il s’agit de personnalités qui se sont tellement assimilées à leur pays d’adoption qu’ils en ont avec bonheur intégré la culture et défendu les couleurs – la nôtre- jusqu’à faire partie de notre socle commun populaire, pourquoi pas ? Ainsi sera mis en valeur également Ouassini Bouarfa, quartier-maitre infirmier du commando Kieffer, seul soldat d’origine algérienne à avoir débarqué sur les plages de Normandie : il devait aimer la France non comme un monstre colonisateur, mais comme une patrie charnelle…là encore, pourquoi pas ?

Mais dans cette fameuse liste, il y a aussi l’émir Abdelkhader, « héros de la résistance algérienne à la conquête française, mais aussi promoteur avant l'heure d'un islam d'ouverture et précurseur du réveil national arabe » écrit André Larané sur le site Hérodote. Ajoutons, par souci d’exactitude historique, que Napoléon III décora de la grand croix de la Légion d’honneur ce « meilleur ennemi de la France » pour avoir, à la fin de sa vie, protégé les minorités chrétiennes d’Orient.

Dans le registre de l’histoire nord-africaine, Messali Hadj, leader des indépendantistes algériens dans les années cinquante, et ennemi historique de la France, sera également mis sur un piédestal et proposé à l’admiration de tous. Reste que les maires et élus locaux ont déjà réagi en revendiquant leur liberté de choix… Enfin, on attend maintenant la liste des héros vivants qui seront également proposés.

Rien d’étonnant dans cette nouvelle manifestation masochiste de haine de soi de la part d’Emmanuel Macron : la guerre d’Algérie, « crime contre l’humanité » est visiblement le dernier filon en date pour conquérir de nouveaux électeurs…

Mais est-ce vraiment ainsi qu’Emmanuel Macron pense apaiser les tensions et fractures de la société française, restaurer le roman national, exalter l’héroïsme des grandes figures de l’histoire ?

Emmanuel Macron danse sur les braises.

 

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

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