Les agriculteurs à nouveau en colère : Attal et Macron n’ont rien réglé

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À J-6 des élections européennes, les agriculteurs reprennent leur mobilisation et bloquent l’autoroute à la frontière franco-espagnole. Rien de très surprenant, au regard de l’absence de réponses concrètes à la crise agricole qui a secoué le pays, en début d’année. Et ce n’est pas la nouvelle loi sur la « souveraineté en matière agricole et renouvellement des générations en agriculture » qui améliorera la situation. Cette loi a été votée par les députés, mardi 28 mai, dans l’indifférence générale. Il faut dire que toute l’attention médiatique s’est concentrée sur le spectacle pitoyable du député insoumis Sébastien Delogu brandissant, au sein de l’Hémicycle, le drapeau palestinien pendant les questions au gouvernement.

Ce vote en catimini est révélateur. Tout se passe comme si on avait oublié la colère sourde, puis retentissante, du monde agricole, ces panneaux de nombreuses communes françaises retournés, ce slogan « On marche sur la tête » lancé par des agriculteurs pour dénoncer l’absurdité des normes imposées par une élite calfeutrée dans la pourpre du pouvoir.

Tous les médias étaient en édition spéciale

Pourtant, lorsque la gronde de ceux qui nous nourrissent battait son plein, les médias semblaient jouer le jeu : ils étaient en édition spéciale. Les images du défilé de tracteurs aux portes de Paris passaient en boucle et on s’offusquait de l’explosion des importations de poulets ukrainiens bourrés d’antibiotiques et exonérés de droits de douane, de l’importation d’un fruit et légume sur deux, de l’injustice des traités de libre-échange signés avec des pays qui ne respectent aucunement les normes sanitaires et écologiques imposées à nos agriculteurs ou encore du nombre d’exploitations agricoles divisé par quatre en cinquante ans, passant ainsi de 1,5 million, en 1970, à environ 400.000, aujourd’hui. Devant les chiffres macabres du suicide de nos agriculteurs - deux mettent fin à leur vie chaque jour -, les gorges se serraient. Plus la colère des agriculteurs s’amplifiait et plus le gouvernement s’agitait comme un poisson rouge dans un bocal sans eau. Il fallait à tout prix éviter le scénario de l’enlisement à la façon des gilets jaunes.

On se souvient de la séquence de désamorçage de la fronde agricole par le fraîchement nommé Premier ministre, le fringant Gabriel Attal. La main sur le cœur devant une meule de foin, on le vit jurer que labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France, que la souveraineté alimentaire, érigée en vache sacrée, est la priorité du gouvernement et qu’il avait compris les revendications des agriculteurs. On se souvient de cette mise en scène champêtre entre les émissaires de la Macronie en costume cravate impeccable, droits dans leur Weston bien cirées, et l’aréopage d’agriculteurs et d’agricultrices en tenue de travail, visages rougis par le froid et yeux tirés par les nuits de blocages.

Un « sursaut » pour l'agriculture et une nouvelle loi

Le gouvernement a mis fin à la hausse du gazole non routier qui avait mis le feu au poudre, promis un « sursaut » pour l’agriculture et une nouvelle loi. Les agriculteurs rentrèrent chez eux. La guerre en Ukraine, le conflit entre Israël et le Hamas, les faits d’ensauvagement de la France Orange mécanique et les élections européennes occupèrent les médias. La loi agricole a été votée en début de semaine dans l’indifférence la plus totale. L’odeur du fumier déversé devant certaines préfectures est déjà un lointain souvenir.

Pourtant, cette loi ne répond en rien aux revendications légitimes des agriculteurs, qui portaient essentiellement sur le revenu agricole (coûts de production, rémunération), l’accès au foncier, les contraintes administratives, la lutte contre la concurrence déloyale et les traités de libre-échange sans clauses miroirs, la simplification des normes, le développement des alternatives aux produits phytosanitaires et la fin de l’écologie punitive imposée par des règles bruxelloises destinées à orchestrer la décroissance agricole.

Stage de sensibilisation écologique

Elle propose un catalogue de mesures hétéroclites qui rajoutent de la complexité technocratique et contraint toujours plus les agriculteurs. Ainsi, à l’instar du Diagnostic de performance énergétique (DPE) pour l’immobilier, la loi impose l’instauration d’un diagnostic climatique et économique aux agriculteurs qui veulent transmettre leurs exploitations. Lorsqu’on voit comment le DPE a plombé le marché de l’immobilier, on a de quoi s’inquiéter.

La loi instaure, également, un stage de sensibilisation écologique pour les agriculteurs qui ne respecteraient pas les règles environnementales. Déjà qu’ils devaient supporter les contrôles intempestifs des agents de la police de l’environnement armés comme des cow-boys, voilà maintenant qu’ils seront envoyés dans des camps d’endoctrinement comme des délinquants du climat. Cette rééducation à marche forcée au dogme décroissantiste bruxellois aux airs de révolution culturelle maoïste risque d'être très mal vécue.

Dans l’effervescence des derniers jours de la campagne des européennes, cette loi a été votée en catimini et sans faire la une des médias. Avec ce blocage à la frontière franco-espagnole, les agriculteurs manifestent encore une fois leur colère… seul moyen de se faire entendre d'un pouvoir aveugle et sourd.

Vos commentaires

37 commentaires

  1. On notera que pas un syndicat ne demande le référendum d’initiative citoyenne
    Que pas un média ne leur demande demande pourquoi puisqu’ils ont le soutien d’une large majorité des citoyens
    BV ne le demande pas non plus
    Ni CNEWS où BV est très souvent présent.
    Pourtant 73% des Français sont favorables au RICConstitutionnel (ifop 12.02.2022)

  2. Quand Macron se retrouve le — entre deux chaises, c’est-à-dire :
    1. Les intérêts de la France, dans ce cas des agriculteurs français,
    2. Les intérêts de Bruxelles,
    Au final c’est toujours Bruxelles qui gagne.
    Que la colère des agriculteurs ne soit pas retombée, était à prévoir, voici le résultat, ça recommence !
    Inutile de dire que ça aura un impact sur les élections européennes, c’est une évidence.
    Et ce n’est pas Valérie Hayer qui en retirera les marrons du feu, ou serait-ce de l’incendie ?

  3. Une parenthèse….ce blocage de frontières a été annoncé , pas de surprise…comment se fait-il que tant de poids lourds aient été coincés avec leur chargement ? Ou alors font ils partie de la manif ?

  4. Macron leur a vendu du vent, il fallait s’y attendre ; je soutiens ces agriculteurs totalement.

  5. Quand on entend s’exprimer le représentant des « jeunes agriculteurs », et sa confiance dans l’UE, pas de danger que ça change, ils commencent à nous fatiguer !

    • A un moment donné, il faut savoir ce que l’on veut, c’est à dire, vivre d’aides de la PAC ou vivre de son travail ! Tant que ce ne sera pas tranché, le grand bazard continuera au grand dam des usagers de la route. C’est le fonctionnement de l’UE qui ne va pas, qui est mauvais et il faut commencer par réformer tout çà ; pour ce faire il y a un scrutin dimanche, mais les agriculteurs vont-ils déposer le bon bulletin de vote ?

  6. G. Attal et E. Macron ne règleront jamais rien, puisque leur unique souci, c’est l’intérêt de l’élite mondialiste richissime. C’est pourtant flagrant, depuis le temps, nous devrions l’avoir compris.
    Quant aux paysans, j’imagine qu’ils votent TOUS pour le Frexit, puisque c’est l’union européenne qui leur maintient volontairement la tête sous l’eau. Par les traités qui massacrent notre agriculture et par la réduction des subventions qu’ils auraient perçues si nous n’étions pas embourbés dans l’u.e. (avec le Frexit, ils auraient perçu environ + 40 % de subventions. Faut-il être aveugle, quand même…)

  7. Dans l’étude sociologique du dernier sondage IFOP-Le Figaro-Sud Radio, on voit que seulement 20% des « agriculteurs » disent vouloir voter Bardella….Alors? C’est quoi, leurs blocages et autres « manifs »? Du « flan »?

    • Les agriculteurs, et les paysans en général, doivent voter pour la liste « l’europe, ça suffit », j’imagine, puisque leurs malheurs viennent de cette u.e. qui veut les détruire, pour financiariser l’agriculture, comme tout le reste.

      • Dans mon entourage, les agriculteurs allant souvent à la messe, c’est peu probable.
        Ceci dit, et malgré cela, ils veulent voter LFI en majorité.

  8. je savais qu’ils allaient ressortir les tracteurs, d’ailleurs je l’avais dit il y a quelque temps dans un post , ils ont bien raison , ils ne faut pas qu’ils lâchent sinon notre agriculture est fichue, ce qu’il y a de sûr il ne voteront pas pour la macronie menteuse dimanche , et il ne se feront pas avoir deux fois !

  9. Macron et Attal ne règlent jamais rien, que de la com ce sont les maîtres du vent, des bonimenteurs dont la sauce ne prend que pour une minorité de fans qui ne voient pas plus loin que leur nez. Les agriculteurs l’ont bien compris et le démontrent.

  10. Ils paient le prix de leur naïveté ! Le petit premier ministre n’est et ne restera qu’un petit communicant ! Il possède très bien l’art de la communication, c’est-à-dire de l’enfumage ! Ce sont des petits technos qui ne connaissent rien au monde paysan qui imposent leur idéologie à des paysans qui cultivent leur terre depuis des millénaires !

  11. Qu’ils aillent surtout tous bien voté dimanche . Et puis un petit tour à paris pour saluer Macron pendant les JO .

    • Bonne idée..un petit tour aux J O .et surtout le jour de la baignade dans la Seine pour saluer jupiter .

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