Les Bleues ont perdu, et ce n’est pas être sexiste que de le dire !
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Elles auraient pu, elles auraient dû, elles y ont cru, elles auraient mérité, cela tenait à peu, elles ont fait « belle figure », mais elles ont perdu.
Corinne Diacre, la sélectionneuse de l'équipe de France féminine, déclare qu'elle a « encore du travail à faire » mais qu'elle n'avait jamais vu « les Américaines défendre à cinq derrière ». Ce sont des propos honnêtes et lucides (L'Équipe).
Mais les Françaises ont perdu.
La parité, obsession d'aujourd'hui, exige que, pour les deux sexes, on célèbre le meilleur et qu'on déplore le pire. Une défaite n'est pas tragique mais c'est de la condescendance à l'égard de nos joueuses que de leur manifester une indulgence excessive comme si elles ne pouvaient pas avoir droit à la vérité.
La vérité n'est pas sexiste. Elle est.
Quand le président de la République, qui a bien fait d'aller les rencontrer avant l'ouverture de la Coupe du monde, rend hommage après leur élimination à « leurs efforts et à leur talent » mais croit les consoler en relevant qu'« elles ont gagné définitivement le cœur des Français » alors qu'elles ont perdu le match - seulement un quart de finale -, il instille un sexisme de velours. En quelque sorte, c'était bien assez, bien suffisant pour elles et les traiter de la sorte, avec une forme de tendresse un peu mièvre, serait presque offensant si nous n'avions pas au fond de nous le désir d'une parité mais atténuée par une galanterie révélant que nous n'osons pas, à déceptions égales, en tirer les mêmes conséquences pour les hommes et les femmes.
Cela avait commencé avant le match du 28 juin puisque l'équipe de France n'a pas brillé dans ses prestations et qu'on ne pouvait que craindre le pire, non seulement face aux Américaines mais, plus tard, si on avait dû affronter la remarquable équipe anglaise. Sans évoquer, pour ne pas raviver mes regrets, la formidable équipe japonaise scandaleusement éliminée par les Pays-Bas.
Pour être franc, il n'est pas toujours facile de porter le même regard et d'avoir la même attitude, en toutes circonstances, à l'égard des hommes et des femmes. Nicolas Sarkozy a raison, dans son dernier livre, revenant sur son débat de 2007 avec Ségolène Royal, de souligner, pour expliquer sa modération, que d'abord il avait partie gagnée et que surtout, face à cette contradictrice indéniablement féminine, il s'était imposé comme une retenue. Je le comprends tout à fait.
À un niveau modeste, sur le plan médiatique, à devoir dialoguer avec une femme « difficile », je me résous au silence plus que je ne m'abandonne à trop de vigueur. J'admets que, par rapport à la pureté théorique de la parité, je suis en faute mais ce qui est tolérable dans des échanges est insupportable quand, face à une même réalité - une défaite sportive -, on dit la vérité aux hommes pour l'enrober, voire la masquer à l'égard des femmes.
Plus qu'un sexisme de velours, peut-être ? Un mépris délicat et soyeux comme si, pour ce qui les concerne, on n'avait pas à leur offrir l'honneur d'une vérité, la dignité d'une authentique égalité.
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