Les chrétiens de plus en plus persécutés, les ONG toujours indifférentes

Alors qu’au Mali, des chrétiens doivent payer une taxe en raison de leur foi, un rapport publié ce 22 octobre par l’Aide à l’Église en détresse (AED) alerte sur l’augmentation de la persécution des chrétiens dans le monde entre 2022 et 2024. Ces circonstances, depuis longtemps mises en exergue par l’organisation, ne semblent toujours pas attirer l’œil des ONG humanitaires, alors que la communauté chrétienne est de loin la plus persécutée dans le monde.

Le risque grandissant à être chrétien

Relayée par le média catholique Aleteïa, l’AED mettait en lumière, le 29 octobre dernier, la situation particulièrement inquiétante des chrétiens du Mali. À Douane-Pen, dans la région centrale de Mopti, un groupe islamiste imposerait aux chrétiens une taxe de 25 000 francs CFA pour pratiquer leur religion, sous peine de destruction de leurs lieux de culte. Cette taxe rappelle la Jizya imposée aux non-musulmans dans les pays gouvernés par la loi islamique les incitant à se convertir. Les habitants de Douane-Pen avaient déjà été interdits d’utiliser des instruments de musique dans les lieux de cultes protestants et catholiques. Quant à la taxe, elle serait déjà mise en place dans d’autres villes, comme Dougouténé, à l’Est du pays, pourtant officiellement laïc.

Malheureusement la situation des chrétiens maliens est loin d’être isolée, et le phénomène semble s’aggraver dans le monde entier. L’AED sonne l’alerte sur cette dégradation, mais elle n’est pas la seule. L’ONG Portes Ouvertes, qui soutient les chrétiens persécutés dans le monde, avait également publié un rapport en début d’année dont les chiffres sont alarmants. L’Index Mondial de Persécution de Chrétiens fait état de 365 millions de croyants « fortement persécutés ou discriminés » pour leur foi en 2023. Selon le document, 13 chrétiens ont été tués par jour dans le monde, soit 4 998 dans la même année ; 4125 d’entre eux étaient détenus et 3906 ont été kidnappés ;14 766 églises ont été les cibles d’actes anti-chrétiens, soit 7 fois plus que lors du compte-rendu de 2022.

Parmi les 18 pays étudiés par l’Aide à l’Église en Détresse entre 2022 et 2024, seul le Vietnam observe une amélioration de la situation des chrétiens. Partout ailleurs, leurs conditions se dégradent, à l’échelle « privée » comme les organisations terroristes, aussi bien qu’étatique.

Silence assourdissant des ONG

Cela fait de nombreuses années que des rapports inquiétants sont régulièrement publiés sur la situation des chrétiens dans le monde. C'est la communauté la plus visée en raison de sa foi. Pourtant, les victimes ne semblent toujours pas intéresser les ONG, telles Amnesty International ou Oxfam qui n’ont souvent pas hésité à porter haut et fort des combats à l’idéologie marquée.

La raison de ce silence interroge, alors que Ouighours, Palestiniens, femmes du monde entier, tous continuent à être défendus contre les persécutions subies en raison de ce qu’ils sont. Dans sa campagne sur « l’intensification des violences collectives » au Nigeria, Amnesty International consacre un long article aux persécutions des « minorités » et évoque les nombreux meurtres « liés au blasphème ». Pas une fois l’ONG ne mentionne les chrétiens, pourtant plus ciblés dans ce pays que n’importe où ailleurs. Rien non plus sur les auteurs de ces violences, alors que le rapport de l’AED souligne que, partout dans le monde, l’islam est à l’origine de la majorité des persécutions subies par les chrétiens. L'AED ajoute que le concentré de violence s’est déplacé ces deux dernières années vers l’Afrique sub-saharienne depuis les pays du Moyen-Orient. Interrogés sur le choix des priorités accordées aux communautés persécutées, ni Oxfam, ni Amnesty International n'ont, pour le moment, souhaité réagir.

Ne faudra-t-il toujours compter que sur les seules organisations chrétiennes et les médias catholiques pour alerter sur ces situations ? Ou faudra-t-il attendre que la plus grande communauté religieuse du monde disparaisse de certaines régions avant que l’on prenne enfin conscience de la gravité de sa persécution ?

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