Les complémentaires santé hostiles à la concurrence
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Les tarifs des mutuelles augmentent, les associations de consommateurs tirent la sonnette d'alarme et souhaitent que le gouvernement prenne, au plus vite, une disposition qui permettrait aux adhérents de changer de mutuelle rapidement afin d'en trouver une moins chère sans attendre la date anniversaire du contrat.
Rien d'étonnant à ce que le tarif des assurances complémentaires augmente. La Sécurité sociale continue, régulièrement, à dérembourser certains médicaments que les assurances complémentaires sont donc obligées de prendre en charge, tout comme augmentent les frais de remboursement de l'ensemble des dépenses de santé qui suivent le vieillissement de la population, auxquels il faut ajouter, depuis 2020, une amélioration du remboursement des soins dentaires et des lunettes par ces mêmes assurances complémentaires. Cela ne pouvait aboutir qu'à une augmentation des cotisations, bien que Mme Buzyn ait estimé, quelque temps auparavant, qu’elles étaient capables d'assumer tous ces remboursements sans modifier pour autant leur tarif. C'était sans doute mal connaître le marché de la santé, qui ignore toute notion de philanthropie.
Initialement, il y a quelques dizaines d'années, les assurances complémentaires étaient essentiellement gérées par des mutuelles qui, comme leur nom l'indique, mutualisaient le risque, permettant ainsi à leurs adhérents les plus consommateurs de soins de bénéficier de tarifs avantageux au détriment, bien sûr, de ceux qui n'était jamais malades mais qui, du fait de la mutualisation, payaient la même cotisation.
Avec l'arrivée des assureurs privés sur ce marché, cette mutualisation du risque fut abandonnée en faveur d’une logique marchande où la cotisation est estimée par rapport au risque individuel : plus on vieillit, plus on devient consommateur de soins, donc plus on doit payer ; par contre, les plus jeunes adhérents, moins consommateurs de soins, paient une cotisation allégée. Afin d'éviter de voir partir leurs plus jeunes cotisants vers les compagnies privées, les mutuelles se sont alignées et ont abandonné le tarif lié à la mutualisation du risque qui avantageait les adhérents les plus âgés.
Pour tenter d’atténuer la hausse des tarifs prévue pour 2020, le gouvernement a récemment décidé de renforcer la concurrence sur ce marché, qui gère un budget d’environ 36 milliards d'euros de cotisations par an.
Pour ce faire, il souhaite permettre aux assurés, après la première année de souscription, de pouvoir résilier leur contrat à tout moment et non plus seulement à la date anniversaire de la signature de celui-ci, et cela sans frais, afin que les assurés puissent faire jouer la concurrence et avoir ainsi un rôle de régulateur du marché.
Bien évidemment, les assureurs et les grandes centrales syndicales associées à la gestion de nombreuses mutuelles estiment que c'est une fausse bonne idée et que cette mesure n'aura pour effet que de pénaliser les assurés, car elle va augmenter automatiquement les frais de gestion (actuellement d'environ 20 %).
UFC-Que choisir, par contre, est très favorable à cette mesure qui, d'après elle, devrait faire bénéficier les consommateurs de tarifs plus avantageux car les écarts de prix entre les différents opérateurs ne leur semblent pas toujours justifiés.
Quelle sera la position du nouveau ministre de la Santé ? Affaire à suivre…
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