Les conseils de « recivilisation » de Jérôme Fourquet arrivent-ils trop tard ?
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Jérôme Fourquet, patient (et brillant) analyste de la France telle qu'elle se déploie sous nos yeux, vient d'accorder une interview au Point. Le journal lui demande d'expliquer le mot de « décivilisation » employé par Emmanuel Macron pendant les scènes de guérilla urbaine (les « émeutes », ont dit les médias) qui ont suivi la mort du jeune délinquant Nahel. Fourquet commence par une mise au point conceptuelle : cette notion n'est pas due à une invraisemblable « extrême droite » mais au sociologue allemand Norbert Elias. Il démontre la perte progressive de la civilisation, cette façon dont le monde occidental - selon un mode qui lui est totalement propre - a discipliné ses passions, sa violence, par la politesse, la civilité, une éducation qui apprend aux enfants à gérer la frustration - et, Elias ne le dit pas mais nous le disons pour lui, une vision singulière, courtoise et complémentaire des rapports entre hommes et femmes.
Ensauvagement de la société
Au regard des faits, Jérôme Fourquet ne peut que constater une « érosion » de la civilisation. Les symptômes qu'il énumère sont visibles à l'œil nu : les gens sont désagréables, s'énervent pour rien, se parlent n'importe comment ; les adultes, « clients rois », se prennent pour le nombril du monde ; les enfants, petits monstres stupides et tyranniques, ne reçoivent ni amour ni limites. Elias montrait que la fin de la féodalité et son remplacement par la société de cour puis par la marchandisation progressive du monde, avaient démoli la psyché collective.
Regretter la pyramide féodo-vassalique, est-ce réactionnaire ? Si Jérôme Fourquet est d'extrême droite, il faudrait alors brûler Marx qui regrettait, dans un passage célèbre du Capital, que la civilisation médiévale, reposant sur l'honneur et la communauté, ait été noyée « dans les eaux glacées du calcul égoïste »... L'invité du Point ajoute même que le catholicisme et le communisme étaient de bons contrepoids à un capitalisme de l'hébétude, qui prive les individus d'espoir et de colonne vertébrale.
Retour à la morale
Une fois le constat posé, le sociologue français avance quelques solutions : remettre des leçons de morale et de l'autorité à l'école, encourager, par des campagnes de publicité, le retour à la politesse, endiguer autant que possible la lame de fond des divorces et des « mamans solo », valoriser l'économie sociale au lieu du seul horizon de la consommation décérébrée de biens jetables... Voilà pour la violence quotidienne, celle des goujats, des abrutis et des cancres. Et pour le « haut du spectre » ? Pour les racailles, les pillards et les assassins mineurs ? Jérôme Fourquet en appelle à des peines plus sévères, incluant de la prison.
Bref, ce que veut notre sociologue, c'est une société dans laquelle on se dit bonjour, dans laquelle on se respecte et même - osons le mot -, dans laquelle on se veut du bien (c'est le sens du mot « bienveillance », aujourd'hui totalement vide) ; c'est une société de la fidélité, de la loyauté, de la verticalité, donc de l'ordre ; c'est une société qui repose sur des familles stables, des enfants bien élevés, sur la foi en un avenir meilleur (voire en un au-delà de félicité éternelle) ; c'est une société dans laquelle les délinquants vont en prison, les policiers sont respectés, dans laquelle les professeurs sont écoutés et les parents aimés. L'horreur, quasiment le nazisme, comme dirait l'autre.
Le cas du clan magrébin
Il y a une cause, toutefois, que Jérôme Fourquet se garde bien d'évoquer. Un psychiatre et psychanalyste de renom, Maurice Berger, osait dire les termes dès 2019. Après des années d'exercice en tant que psychiatre en centre éducatif renforcé, face à des assassins mineurs, il tirait quelques conclusions factuelles. D'abord, les adolescents condamnés, qui présentent des profils similaires à ceux des émeutiers, n'ont pas eu de parents. Leur père, souvent violent avec leur mère, est, dans la plupart des cas, parti très tôt. S'il est resté, il a été absent. Il n'a pas donné d'exemple à suivre. Il n'a rien transmis. La mère, incapable d'affection, n'a pas joué avec son enfant. L'enfant, lui, sans amour, sans exemple, sans culture, présente un retard cognitif très important : il ne sait pas lire les émotions sur le visage des gens, il prend tout pour une agression, il a l'habitude de la violence gratuite, il est incapable d'empathie. Ces adolescents - ceux qui, par centaines de milliers, descendent dans les rues, hier pour Nahel, demain pour un autre - ne regrettent jamais d'avoir tué quelqu'un à coups de pied, de poing ou de couteau. Ils ne savent pas « s'empêcher », comme disait le père d'Albert Camus (« Un homme, ça s'empêche »). Ils veulent, ils prennent, ils frappent, ils violent, ils brûlent, ils cassent, ils tuent.
Sans crainte de déplaire, Maurice Berger ajoutait autre chose : la grande majorité de ces jeunes gens sont issus de la communauté maghrébine, dans laquelle le clan prime sur la volonté individuelle. Impossible d'échapper à un ghetto dans lequel on s'enferme soi-même. Impossible d'évoluer, de se détacher de la violence et de la criminalité. Face à cela, Maurice Berger constate que la Justice multiplie les sursis et que les médias tournent l'autorité en dérision.
Rien de très neuf, en somme, rien que du bon sens - de plus en plus faiblement entendu, alors que la sauvagerie devient structurelle. Cela suffira-t-il ? Merci, en tous les cas, à Jérôme Fourquet pour ce rappel simple et clair.
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22 commentaires
Le dernier paragraphe, résume tout, une autre culture tente de s’imposer par la violence et son atavisme, tant que les autorités ne l’admettrons pas ça continuera. C n’est pas avec le débats d’un uniforme à l’école que les choses changeront, rappelez-vous « l’habit ne fait pas le moines », c’est notre civilisation qu’il faut protéger, au besoin par des mesures extrêmes.
Monsieur Fourquet a fait assez de mal. Qu’il aille avec ses amis musulmans clamer le bienfait du vivre ensemble.
voulez vous donner des précisions car je ne comprends pas ?
Moi non plus.