Les conseils du Président : si tu ne peux pas planter des choux, apprends donc à les cuisiner !

Ah, ça, il est choupinet comme tout, notre Président ! Pas démonté, pas dégonflé, pas gêné aux entournures… à l’aise dans son bain de foule comme un nourrisson dans l’eau tiède.

Ce week-end, les Français étaient invités à visiter le patrimoine architectural de la nation. C’était portes ouvertes à l’Élysée. On pourrait dire qu’ils venaient voir à quoi servent leurs impôts, mais ce serait travestir la vérité, car beaucoup de ceux qui se bousculent dans les palais de la République n’en paient point, des impôts.

Ainsi, sans doute, ce grand jeune homme plantureux qui a interpellé notre Emmanuel fringant sur la pelouse du palais où le Président enchaînait les selfies : un sourire pour papa, un sourire pour maman, un sourire pour Facebook, un autre pour Instagram… #jmelapètegrave.

Bon, en même temps, Macron ne peut pas se plaindre : c’est la première fois, dans sa vie d’élu, qu’il est obligé de sacrifier au rituel des écrouelles. Et, contrairement à ses prédécesseurs, il n’a même pas eu à lever le coude au comptoir ni à flatter le cul des vaches…

D’ailleurs, époque et technologie obligent, les écrouelles, elles non plus, ne sont plus ce qu’elles étaient. Le gros bobo d’aujourd’hui s’appelle chômage, et c’est ce dont s’est plaint le jeune colosse plus haut cité à l’oreille du monarque : "J’trouve pas de travail", lui dit-il. Réponse du chef de l’État : "Attendez, je ne peux pas m’occuper de chacun mais je donne des solutions pour que chacun puisse en trouver." Dont acte. Et que faites-vous, dans la vie, jeune homme ? "Je cherche dans l’horticole" (sic), qu’il lui répond. Eh bien, cuisinez, maintenant ! dit en substance le chef de l’État. Pour citer ses propos exacts : "Si vous êtes prêt et motivé, dans l'hôtellerie, les cafés, la restauration, le bâtiment, il n'y a pas un endroit où ils ne disent pas qu'ils cherchent des gens. Il y a des métiers qui nécessitent des formations particulières. Quand les gens ne les ont pas, on les forme, c’est pour ça qu’on investit. Après, il y a des tas de métiers, il faut y aller !"

L’autre n’a pas l’air convaincu. Ce qu’il veut, lui, c’est planter des choux, pas les cuisiner. Macron insiste : "Honnêtement, hôtels, cafés, restaurants, je traverse la rue, je vous en trouve. Ils veulent simplement des gens qui sont prêts à travailler, avec les contraintes du métier. Vous allez à Montparnasse, vous faites une rue avec tous les cafés et les restaurants, franchement, je suis sûr qu'il y en a un sur deux qui recrute en ce moment."

Bon, c’est sûr, on va encore polémiquer mais il n’a pas tort, le Président. Il faut se bouger, se reconvertir, se former, tourner, faire du jardinage ou du théâtre le soir et dans la journée bosser là où l’on vous attend. J’y pensais, justement, ce week-end où j’ai croisé une charmante jeune femme de 27 ans. Elle a une formation de couturière, a travaillé au milieu des robes de mariée puis a quitté son job. "Et vous cherchez du travail ?", lui dis-je. "Pour être franche, non, me dit-elle. J’ai travaillé deux ans, je profite de ce à quoi j’ai droit."

Cette jeune femme veut travailler « dans le spectacle », être costumière de théâtre ou rien. Sauf qu’une costumière n’est pas une simple couturière, c’est aussi une historienne du costume. Et les postes ne se bousculent pas plus à cour qu’à jardin. Je lui ai suggéré de faire au moins une formation dans ce sens. Elle dit oui, peut-être, mais auparavant, elle a l’intention de "profiter de tout son temps de chômage".

C’est vrai, deux ans de travail dans 27 ans de vie, c’est harassant. Il en faut bien autant pour récupérer !

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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