Les conséquences économiques de la guerre

Ampoule électricité

L’Union européenne fait la guerre à la Russie (qui, elle-même, a déclenché une guerre), avec des armes non pas militaires mais économiques : elle a lancé une campagne de boycott de la Russie, et même d’expulsion de la Russie du système économique mondial.

C’est une guerre qui pourrait, à première vue, paraître anodine, inoffensive : après tout, qui d’entre nous a souffert des sanctions économiques portées dans les années passées contre les oligarques proches du Kremlin ? Mais il y a ici une erreur de perspective.

Il ne s’agit plus seulement de priver quelques individus de l’accès à certains de leurs biens. Il s’agit d’empêcher le maximum de transactions commerciales avec la Russie. Or, le commerce, c’est comme le mariage, il faut forcément être deux : deux partenaires qui ont chacun un intérêt dans l’échange. Détruire la transaction commerciale pour l’un, c’est aussi détruire la transaction commerciale pour l’autre. Autrement dit, une guerre économique contre la Russie, si elle fait souffrir la Russie, va faire souffrir du même coup l’Union européenne, partenaire commercial de la Russie. C’est ce qui va être de plus en plus visible et sensible.

Tout le monde pense spontanément au pétrole, mais surtout au gaz, dont la Russie est un vendeur de premier plan. L’Union européenne commence à être confrontée à des pénuries qui pourraient devenir dramatiques. À ces difficultés s’ajoute, d’ailleurs, un piège dans lequel l’Union européenne est en train de tomber et qui met en un plus grand péril son autonomie politique. Depuis longtemps, les États-Unis essaient d’imposer à l’Union européenne de leur acheter leur gaz transporté par bateau, et c’est pour cela qu’ils mènent une campagne acharnée contre le gaz russe arrivant par gazoduc. Or, l’Union européenne, prise au piège de la guerre commerciale contre la Russie, est en train de signer des contrats d’achat massif de gaz américain, se mettant pieds et poings liés sous la coupe des États-Unis.

La Russie et l’Ukraine étant traditionnellement un grenier à blé pour de nombreux pays, à quoi s’ajoutent de nombreuses autres denrées alimentaires, le gel des transactions fait aussi logiquement monter le grave danger de pénuries alimentaires, même si la France, grande nation agricole, est un peu moins menacée que d’autres pays.

Des difficultés du côté de l’énergie et de l’alimentation frapperaient évidemment au cœur nos pays, dans la mesure où ceux-ci ne possèdent pas leur autonomie énergétique et alimentaire. Pourtant, ce ne sont pas les seuls maux que nous promet cette guerre économique : bien d’autres secteurs sont directement menacés par elle.

Voici un exemple frappant de notre dépendance, même s’il est lié à la guerre militaire plutôt qu’aux sanctions économiques contre la Russie. Le grand public découvre, à l’occasion de ce conflit, et parce que sa production s’est arrêtée du fait de la guerre, que l’Ukraine est presque le seul fournisseur mondial de néon purifié (qui sert à la fabrication des puces électroniques, indispensables dans de larges secteurs de l’industrie), ce qui annonce une pénurie dans ce domaine stratégique des puces. Or, qui peut donner la liste des secteurs où, plus ou moins immédiatement, nous dépendons de la Russie pour notre propre vie économique ?

Churchill, au moment où il décidait que la Grande-Bretagne mènerait une guerre sans merci à l’Allemagne nationale-socialiste, promettait aux Britanniques « du sang et des larmes ». C’est exactement l’avenir qui attend les citoyens de l’Union européenne, pour peu que cette guerre économique contre la Russie, fût-elle justifiée, se prolonge.

 

 

 

 

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Alexandre Dumaine
Journaliste, écrivain

Vos commentaires

54 commentaires

  1. Il faudrait quand même oublier le terme « justifié » en parlant des sanctions-boomerang de l’Europe américanisée ….car cette Europe américanisée est intégrée à l’OTAN dont les agissements depuis 2992 ont poussé la Russie à une intervention militaire préventive, l’Ukraine devenant une base avancée américaine agressive en voie de nucléarisation, et d’expérimentation d’armes chimiques,

  2.  » une guerre économique contre la Russie, si elle fait souffrir la Russie, va faire souffrir du même coup l’Union européenne  »

    Sauf que les Russes sont habitués depuis de siècles à subir et tenir face aux restrictions, pas nous !
    De plus cette guerre est une affaire de faux-culs. Les Européens ont peur qu’on leur coupe le gaz et Zélensky, qui veut nous interdire de commercer, touche tous les jours les royalties grâce à l’oléoduc russe et même se chauffe gratis grâce au gaz russe.

    • bizarre cette affaire passée sous silence dés le début de la guerre, encore une magouille pour le petit peuple idiot????

  3. Quel progrès quand même :pour détruire un peuple, une nation nos dirigeants ont mis au point l’arme fatale : la guerre économique .Son le détonateur est la dépendance économique totale, on fait tout faire ailleurs .Plus de morts couverts de sang, de blessés, plus de pollution due aux explosions, incendies, la planète devrait aller beaucoup mieux ,on respirerait enfin

  4. L’UE est devenue un tas de boue sous contrôle US qui ne veulent pas s’impliquer directement mais qui ont poussé les imbéciles à le faire à leur place. Peu importe, comme Biden le roi de la mafia avec son fils en Europe ce sera la même chose ce ne seront pas les assistés et rentiers des Etats et de l’UE qui vont trinquer mais la population toute entière. Et cela aura au moins permis à l’Allemagne de se refaire une grosse armée ce qui est bien plus grave que la guerre prévisible de longue date.

  5. Disons que nos dirigeants n’ont aucune notion d’économie pour avoir mis en œuvre les sanctions que l’on peut appeler boomerang, dans quelques temps, c’est l’europe et sa walkyrie Der Leyen qui vont en prendre plein les dents, et l’Amérique aura encore asservi un peu plus le vieux continent, et c’est tout bon pour les intérêts privés de Biden père et fils.

  6. Mittérand nous avait attaché ce boulet de dépendre de l’URSS pour notre énergie . Mister Biden a mis à l’eau ses tankers pleins de gaz-de-shiste bien avant que Poutine n’annonce ses intentions sur l’Ukraine désireuse d’Otan/US . Ces gens là disposent sans doute de renseignements que nous n’avons pas . Ce n’est pourtant pas le Quai d’Orsay qui saute mais un Général qui vient d’être nommé aux Renseignements.

    • Non, vos Renseignements, c’est à la SNCF que vous pourrez espérer les trouver…
      Un général nommé directeur du Renseignement militaire (au singulier, svp)… Nuance !

    • « Ces gens là disposent sans doute de renseignements que nous n’avons pas ». Regardez la courbe du prix du pétrole. Vous pourrez constater que sa hausse a débuté un mois avant l’invasion de l’Ukraine. Apparemment, ces renseignements sont partagés par les 7 sœurs (grands pétroliers).

  7. Joe Biden est peut-être sénile mais bien conseillé – cette dépendance aux Etats Unis révèle l’impéritie de ceux qui nous gouvernent et conduisent la France à une catastrophe économique et sociale – si gouverner c’est prévoir nous sommes loin du compte contrairement aux assertions de Macron que lui seul peut croire.

    • Biden et Macron montrent surtout qu’ils ne décident rien et sont des marionnettes, le savent-ils ?

  8. Zelansky au lieu de se comporter comme le champion des va-t-en guerre va-t-il nous mettre la puce à l’oreille, Poutine n’hésitera a le faire pour lui… donc les puces électroniques sont mal barrées comme le gaz, le pétrole, le titane, le blé et autres produits dont nous avons nécessité… c’est pas grave, les russes n’auront plus nos « produits de luxe » !
    La liquéfaction de ces gouvernants est inqualifiable, se donner aux USA alors que demain c’est la Chine qui sera aux manettes…

  9. Néon, aluminium, terres rares…+ les confinements en Chine où le + gros port de porte-containers est fermé. L’inflation avait commencé avant à cause en partie de pénuries… une autre crise pointe : le marché de l’immobilier (baisse de 17% au 1er trimestre, du fait pplmt, de la baisse des prêts. Vu que l’inflation est là pour durer, les taux grimpent et le reste à vivre est moindre. Donc moins de vente=baisse des prix, pénuries=chômage partiel=baisse de revenus…J’aimerais que Poutine coupe le gaz !

    • Je te suis complètement d’accord sur ton dernier souhait. Problèmes d’énergie, donc de production, de consommation, d’échanges ; baisse brutale du niveau de vie, déclassement global vers la précarité, troubles sociaux, recomposition du paysage politique ; et au-delà, implosion de l’Europe, modification de l’ordre mondial…
      Du délire tout ça ! Pas si sûr.
      Depuis 30 ans que l’Oncle Sam nous affirme que les Russes sont des c. et que nous le suivons aveuglément… Va falloir assumer maintenant.

      • Exactement ! Et en plus nous serions certes touchés mais moins que les Allemands. C’est ainsi qu’on pourrait reconstruire une Europe confédérale !

  10. Le remplacement du gaz russe par du GNL américain pose de nombreux problèmes techniques qui ne vont pas se résoudre en quelques mois : construction de méthaniers, de terminaux de liquéfaction aux USA, de terminaux de gazéification en Europe…
    L’Europe met son destin entre les mains d’un dirigeant américain dont les intérêts n’ont rien à voir avec les nôtres.
    L’inculture technique et scientifique de nos dirigeants est effrayante !

  11. Les belles âmes à la BHL, inféodés à leur idéologie progressiste toxique et aux USA vont nous sacrifier sur l’autel de leurs lubies ineptes. Ils continuent de pousser Poutine au crime au lieu de chercher à désamorcer la crise. Dans quel état va s’en sortir la France ?!

  12. Macron hypnotisé par Biden et sous l’influence de l’union européenne est en train d’achever l’économie de ce pays au détriment du peuple qui va payer cher son incapacité .Macron aura perdu deux guerres et ruiné ce pays par son incompétence et sa trahison envers le peuple français .

  13. La France est certes une grande nation agricole, mais sans carburant pour les tracteurs, la production va en pâtir. Qu’ont prévu nos gouvernants qui osent ostraciser la Russie en se pliant aux invectives des USA? Faudra t il envisager des engins agricoles électrique? Napoléon lors du blocus avait fait lancer des recherches qui ont conduit, entre autre, à l’exploitation de la betterave sucrière. Lui était grand, ceux d’aujourd’hui sont des nabots.

    • Et les engrais issus de la pétrochimie ? En plus l’Ukraine nous ournis au moins 50% de ce que nous consommons…

  14. Mais le peuple français n’a jamais demandé ces sanctions, comme il ne voulait pas de Maastricht, ni de l’expédition en Lybie ainsi que le retour à l’OTAN, et pas d’immigration débridée. Marre de ces gouvernants qui n’en font qu’à leur tête.

    • Je suis a peu d’accord, le problème c’est que les gouvernés donne un blanc sein au gouvernant; le gouverné a baissé les bras, intoxiqué par la propagande journalistique.

    • Eh oui mais paraît qu’on est une démocratie. C’est donc bien les Français, les responsables !…

  15. Si nous étions INDEPENDANTS, nous Les Français de FRANCE, avec des dirigeants autres que les carpettes que nous avons, nous ne serions pas les valets des Américains. Ceux-là, non contents de nous engager dans un bras de fer contre-productif avec la Fédération de Russie, vont nous vendre à un prix exorbitant du gaz de schiste dont par ailleurs, l’extraction a un coût écologique désastreux (pour leur territoire, mais c’est leur problème). Politiciens français, honte à vous.

      • Au contraire il prêche pour encore plus de détermination contre l’affreux Vladimir Poutine.

    • Les politiciens politicards que nous avons et nous ne sommes pas les seuls ne connaissent pas le mot honte, seulement les mots fric et corruption.

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