Les constructifs ou les déserteurs ?
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Ils n'avaient pas osé se rallier aux initiales d'Emmanuel Macron, en espérant conserver leur place sur les bancs de l'Assemblée nationale. Ils avaient assuré leur parti de leur fidélité absolue. Et avaient du même coup et, comme dirait le Líder Manuello, en même temps trompé celles et ceux qui leur avait accordé leur voix, préférant confier leur destinée politique à un LR plutôt qu'à un ou une LREM.
Eh bien, non. Leurs électeurs avaient tout faux. Et eux, cette vingtaine de parlementaires élus sous la bannière de Les Républicains, à peine leur élection validée, se sont empressés de faire un bras d'honneur à leurs électeurs et à leur patron Christian Jacob. Avec la plus belle hypocrisie, le député-maire de Boulogne, hélas brillamment réélu, Thierry Solère a annoncé qu'il avait créé un groupe avec dix-huit députés de l'UDI et une vingtaine de LR, qui sera bienveillant à l'égard des propositions que feront les députés de l'écrasante nouvelle majorité. Et comme cette sournoiserie ne pouvait pas se faire sans le plus grand sérieux, et la plus grande solennité, Thierry Solère nous annonçait sur toutes les chaînes télé, elles aussi bienveillantes, le nom de ce nouveau groupe ! Ne riez pas, cher lecteur et chère lectrice, et chers tous : ce sera Les Constructifs. Et pour être plus précis et rigolo, ce sera LRCUI, autrement dit "Les Républicains constructifs, UDI et Indépendants"… Zemmour aurait parlé plutôt de déconstructeurs. Ou, mieux encore, de déserteurs, de bâtisseurs. Ou, pour reprendre l'adjectif favori de notre nouveau Président, de pragmatiques. Cela aurait été plus visible, et moins risible peut-être.
Solère nous a donc annoncé une ère nouvelle : plus de considération partisane. "Nous partagerons à l'Assemblée nationale cette volonté de faire passer l'intérêt général." Lequel intérêt risque fort de devenir très vite celui de M. Macron, qui comme Napoléon a réussi en un tour de main à transformer son nom en parti politique. L'intérêt de l'Europe avant celui de la nation. L'intérêt des grands groupes et autres financiers au détriment des retraités et autres petits salaires. Considérer qu'une retraite de 1.200 euros, c'est la panacée, ne peut venir que d'un milieu certain. L'intérêt des coteries comme celle de la franc-maçonnerie. Et comme la plupart des 380 députés de la majorité macronienne sont des groupies ou des béni-oui-oui du séduisant Macron, ils sont prêts à voter n'importe quoi dans la mesure où, au bas du document à signer, il y aura le magique paraphe « EM ». Alors, bon vent aux Constructifs qui nous ont encore amusés en affirmant, par la voix de Jean-Christophe Lagarde, "que ce groupe se situera clairement dans l'opposition, libre, ouvert au dialogue avec le gouvernement, capable de soutenir ce qui est bon, et de rompre avec l'ancien monde politique". En ajoutant : "Nous ne voulons plus de cette politique-là, celle de s'opposer à ce que l'on proposait hier." Lagarde a même parlé "d'un jeu de rôle dont les Français ne veulent plus".
Alors, le 4 juillet, ils voteront la confiance qui sera adoptée par plus de 400 voix. Un vent nord-coréen soufflera, ce jour-là, sur notre Assemblée nationale, et cette majorité élargie aura la bonne conscience de pouvoir voter des lois qui auront été approuvées par… 17 % des Français !
Qu'elle est belle, notre nouvelle démocratie.
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