Les crèches trouveront toujours une place… à la barre des tribunaux !

Une vision étroite de la laïcité...
crèche
Cet article vous avait peut-être échappé. Nous vous proposons de le lire ou de le relire.
Cet article a été publié le 26/12/2022.

Si elles ne sont pas les bienvenues dans les halls de mairies ou autres espaces publics, il semble bien que les crèches trouveront toujours une place, à Noël, dans les prétoires, les palais de justice et à la barre des tribunaux !

Dans un intéressant article du Journal du droit administratif, paru en 2017, le professeur et avocat Alexandre Ciaudo revenait sur le contentieux des crèches dans l’espace public. Son texte retrace cette nouvelle tradition de Noël qui a débuté par le recours d’un particulier à l’encontre de la commune de Montiers (Oise) décidant d’aménager une crèche sur la place du village en 2010. Suivi par deux associations qui lui ont ensuite emboîté le pas : la Fédération de la libre pensée et la Ligue des droits de l’homme. « La première a sollicité la désinstallation de la crèche siégeant depuis 1985 dans le hall de l’hôtel du département de Vendée [...] La seconde à l’encontre de la municipalité de Béziers [...] s’agissant de la crèche installée dans le hall de l’hôtel de ville. »

Conception apaisée de la laïcité contre idéologie anticléricale

Après moult polémiques stériles, indignations sélectives et jurisprudences contradictoires, au terme de coûteux effets de manche, procédures d’urgence et mesures d’astreintes, l’embouteillage judiciaire a abouti à cet arrêt du Conseil d’État en 2015, rappelé par Maître Ciaudo qui établit que « par principe, une crèche ne peut être installée dans un bâtiment public constituant le siège d’une collectivité ou d’un service public, sauf circonstances particulières permettant de lui reconnaître un caractère culturel, artistique ou festif. En dehors de ces bâtiments, l’installation à cette occasion d’une crèche de Noël par une personne publique est possible, dès lors qu’elle ne constitue pas un acte de prosélytisme ou de revendication d’une opinion religieuse. »

Ainsi, alors que certains l’invitaient à retenir une conception extrême de la laïcité visant à la disparition du fait religieux dans l’espace public, le Conseil d’État a renouvelé sa conception souple et apaisée de cette notion. Un éclairage utile qui pourrait éteindre les nouvelles « affaires » 2022 des affiches de Vendée, et des crèches de Béziers, Beaucaire ou Perpignan ! Mais ce serait sans aller au terme de l’analyse, car Maître Ciaudo souligne que si « l’affaire des crèches de Noël sur le domaine public ne constitue que l’aboutissement d’une conception apaisée de la laïcité, elle s’avère néanmoins révélatrice d’une certaine idéologie contentieuse associative, véhiculant un double discours en prétendant défendre la liberté de conscience ».

Deux associations impliquées dans la quasi-totalité des recours

En cause, deux associations impliquées dans la quasi-totalité des recours : la Fédération de la libre pensée et la Ligue des droits de l’homme. L’attitude de cette dernière s’avère clairement ambivalente car elle propose, en réalité, une idéologie contentieuse fondée sur une vision de la laïcité à géométrie variable. D’un côté, elle prône une « laïcité ouverte respectant les traditions communautaires », soutenant le port du voile islamique à l’école, les écrits de Tariq Ramadan et le port du burkini sur les plages ; d’un autre côté, « elle conteste les accords internationaux d’équivalence de diplôme avec le Vatican et la présence de crèches de Noël sur le domaine public ». Le double discours « manque de crédibilité » et « surprend par une action apparaissant antichrétienne et pro-islamique, alors qu’elle se couvre des vertus de la laïcité. »

Quant à la première, ladite Libre Pensée, si on peut lui reconnaître une certaine cohérence et une réelle constance, elle méconnaît les débats autour de la loi de 1905, en oublie ses auteurs tels qu’Aristide Briand et ne retient qu’une vision étroite de la laïcité dont l’esprit n’est pas la disparition des religions mais leur coexistence pacifique dans et avec l’espace public. Maître Ciaudo rappelle : « Sauf à dire que la crèche de Noël constitue un emblème religieux visant à opprimer la foi des non-chrétiens, alors que, rappelons-le, elle symbolise la naissance d’un enfant, elle ne peut objectivement être considérée au XXIe siècle comme un signe visant à mettre une religion en valeur. »

S’il leur est trop difficile de constater sans écumer l’humilité paisible de l’enfant de la crèche, que les libres penseurs et autres droit-de-l'hommistes s’identifient aux figures qui leur seront peut-être plus familières de l’âne et du bœuf endormis au fond de l’étable.

Picture of Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

44 commentaires

  1. Si on ne veut pas affaiblir le principe de laïcité celui-ci doit être respecté pour toute manifestation religieuse chrétienne juive musulmane ou bouddhiste.
    Aujourd’hui ce sont les crèches installées habituellement dans les églises qu’on retrouve dans des mairies, hier on a vu des rabbins fêter Hanouna à l’Élysée et bientôt des prières musulmanes dans ces lieux où l’installation de Bouddhas avec des cierges ? La laïcité est en danger.

  2. Je n’ai toujours pas compris comment on peut en arriver à juger devant les tribunaux la présence de crèches dans un pays dont la civilisation judéo-chrétienne a plus de 2000, alors que, dans ce même pays qui fut un pays des lumières, on accepte sans broncher de financer, sur le compte de l’assurance maladie, des interventions chirurgicales exigées par une religion récemment importé sur notre territoire : je parle les interventions sur les prépuces des garçons, interventions exigées par la religion musulmane. On pourrait y rajouter la reconstruction d’hymens mais aussi les repas halal dans les institutions publiques, toutes ces dépenses financées par le l’argent public ; ce qui est rarement le cas des crèches d’ailleurs souvent élaborées par notre église et construite par les fidèles bénévoles.

    • Vous faites erreurs : « Les prépuces des garçons » et le respect de «l’hymen » sont des traditions judéo-chrétiennes des siècles avant l’islam.
      D’ailleurs, aujourd’hui chez les chrétiens c’est la fête de « la circoncision de Jésus ».

  3. Question à se poser : « La laîcité se résume -t-elle à lutter contre les religions ? » Si c’est le cas, son socle de références nous semble très étroit voire négligeable, comparé à celui des religions lesquelles traitent de tout ce qui est de la vie de l’humain. A commencer par se nourrir, du pain, du vin, pour ensuite se vêtir , se loger et se donner les moyens de vivre et vivre en bonne communauté, appels au civisme, à la générosité, etc.. Pour donner un peu de foin à ces défenseurs de la laïcité qui semblent étroits d’esprit et désœuvrés, je leur soumettrais la Justice par exemple. Peut-elle agir afin qu’elle soit véritablement juste, non gangrenée par des idéologies par exemple ?. Ce qui serait peut-être plus utile que de s’attaquer aux crèches qui ne font de mal que par leur présence inerte.

  4. Après avoir lu nombre de commentaires concernant la mise en place de crèches dans des édifices publics, je vais en faire sursauter plus d’un où plus d’une. En effet, ayant été élevé dans la religion chrétienne, muni à ce jour de tous les viatiques nécessaires (baptême, communion, confirmation, mariage religieux), biberonné également tant au « cathé » qu’à l’école laïque, publique et obligatoire, je pense qu’en France nous avons l’extrème avantage d’avoir la possibilité de pratiquer notre religion, quelle qu’elle soit, dans notre vie privée. J’insiste, notre religion quelle qu’elle soit. Notre athéisme ou agnostisme aussi d’ailleurs. Il n’échappera à personne, qu’à partir du moment où d’aucuns ont commencé à tolérer, généralement pour des raisons bassement électorales, certaines pratiques dans des lieux publics, le bazar a commencé. Aussi, pour ma part, vouloir installer une crèche dans un édifice public est une provocation plus que mal venue. Comment peut-on après exiger la suppression de tel ou tel type d’habit, de telle comportement ostentatoirement religieux si on se comporte comme certains qui pensent remplacer notre type de société par la leur. Chez nous, pas de ça : le casse-croûte au saucisson du vendredi saint des libres penseurs dans le bistrot qui accepte de les accueillir, les prières rituelles dans une mosquée ou chez soi, les messe et vêpres à l’église, la thora récitée à la synagogue, et sur le domaine public, tout le monde se retrouve en toute fraternité. Foin de toutes arrières-pensées politicardes, et le diable sera bien gardé.

    • En Provence les santons sont une particularité culturelle.
      Athées ou pas .
      Normal de les y voir . En Corse les bâtiments administratifs mairie préfecture sont bénies par l’église

    • Il s’agit d’admettre que la chrétienté est une composante essentielle de notre culture., tout simplement.
      Et il est indispensable de préserver une culture si l’on veut préserver un peuple. Le communautarisme tue la démocratie en ce sens qu’il brise l’unité nationale, partant il entrave toute décision populaire unanime – « le pouvoir du peuple par le peuple » -, fondement de la démocratie.

    • Je ne souhaite pas entrer en polémiques en ce jour d’année nouvelle mais restons objectifs. La crèche n’est qu’un décor jusque dans la nuit du 24 au 25 décembre où la religion chrétienne se manifeste par les présences de Jésus, de sa mère et de son père. Des êtres humains annoncés bienveillants. Cette représentation ne dure que le temps de la vie d’une rose nous dirait un poète. Vous évoquez le voile et ses dérivés, en négligeant la nourriture, les exigences variées, la soumission de la femme, l’excision pour ne présenter que ce qui paraît, des actes continus, imposés toute l’année et plus ou moins tolérés puisqu’ils se pratiquent dans ce temps long. Enfin la crèche remonte à des siècles. Devrait-elle s’effacer parce que d’autres particularismes apparaissent sur notre territoire ? Ou devons-nous nous soumettre à l’air du temps manipulant de nouvelles mauvaises haleines issues de caprices ?, Pour le coup, la France vaut mieux que cela.

  5. Aux laïcards: 1) distribuez-leur ces trois livres, mettez-les à la place d’honneur dans toutes les bibliothèques:
    a)  » Le Coran révélé par la Théorie des Codes « , de Jean-Jacques WALTER, 28 €, 11 juillet 2014, Éditions de Paris, ISBN 978-2-85162-288-4
    b)  » Le grand secret de l’islam  » (2ème édition du 30 août 2020), d’Odon LAFONTAINE, 15 €, ISBN 978-1-51701-131-4
    c) La laïcité, mère porteuse de l’islam , de Michel Viot , 20 € , 17 mai 2017 ISBN 979-1097174002.
    2) Faites comme à Lucéram (Alpes-Maritimes), 1.200 habitants, 450 crèches.
    3) Pour chaque assignation d’un laïcard, enquêtez pour connaitre l’identité des membres du bureau de l’association (art.56 du code de procédure civile: nom, prénom, date et lieu de naissance, nationalité, profession, domicile), faites-leur signifier des conclusions de serment décisoire leur faisant jurer qu’ils ne sont pas francs-maçons, et attendez leur comparution en personne à l’audience: on va rigoler …

  6. Deux poids, deux mesures…….Si les principes fondamentaux de la République française sont : « Liberté, Égalité, Fraternité ». République indivisible, laïque, démocratique et sociale » donc, avant de mourir idiot, j’aimerais savoir pourquoi la LDH n’a jamais interdit à Mme Hidalgo, maire de Paris, d’organiser au sein même de la Mairie de Paris, la Nuit du ramadan pour célébrer la fin du jeûne religieux musulman ? Les musulmans ont bien des mosquées, une ambassade ou un consulat où fêter la fin de leur jeûne ???? Mais pour satisfaire les musulmans et assurer son électorat, que ne ferait pas la Maire de PARIS …. Cette Maire a le droit d’enfreindre les principes fondamentaux de notre Nation et les Maires des petites communes de France ont l’interdiction d’installer une Crèche à NOËL alors que c’est une tradition bimillénaire sur notre terre judéo-chrétienne ! Faudrait que Ligue des Droits de l’Homme se remette en question……

  7. Il est vrai que les Juges n’ont rien d’autre à faire qu’à s’occuper d’interdire les crèches, en procédure accélérée, dans les 3 jours, alors qu’ils mettent 3 ans pour condamner un criminel. Si les psychiatres se penchaient sur le cas des Juges, ils seraient débordés.

  8. Et ce, alors même que l’association perçoit chaque année de généreuses subventions publiques. De belles sommes qui représenteraient près d’un tiers du budget global de la Ligue. En 2021, la LDH recevait ainsi 276.000 euros – un montant qui augmente d’année en année – de l’État et 233.000 euros des collectivités territoriales.

  9. La crèche a toute sa place ici . Et surtout bien insisté auprès des petits qu’ils sont en vacances de Noël , de Pâques , de la toussaint comme mon petit fils l’a bien rappellé à sa maîtresse : mamie a dit que c’est les vacances de Pâques et mamie a toujours raison , elle en est restée sans voix . Nous subissons des mosquées , des femmes voilées et autres eh bien ceux là doivent accepter ce qui fait nos racines , notre histoire . Pas contents ils sont libres de partir . Continuons partout a leur rappeler qu’ils sont dans un pays aux racines chrétiennes .

  10. La naissance d’un enfant constitue un maillon essentiel de la vie éternelle. A ce titre elle constitue un élément majeur pour une société. La fêter est donc un acte d’amour et de confiance en l’avenir. Cela peut bien sur agacer quelques vieilles barbes revendicatives et occuper quelques juges en cette période festive.

  11. Dès ce soir en grande pompe, le règnant va annoncer la création d’un « Haut commissariat aux crèches contre la cathophobie » ?
    Nous sommes sauvés, comme d’habitude dans ce royaume télévirtuel.

  12. Les crèches n’ont fait aucun acte de Terrorisme ! Elles mettent en avant le rôle de la Femme par la très sainte Vierge ! Elles sont pour rappeler les racines judéo chrétiennes de l’Europe…
    3 Europes se dessinent à l’Horizon : 1 la judéo chrétienne, 2 la Wokiste, 3/ les autres, avec l’Islam conquérant.

  13. Ces pseudos « libres penseurs » encombrent les tribunaux avec leurs sornettes, non contents de se faire engraisser avec nos impôts ils doivent encore passer à la caisse lors des « jugements » prononcés par des juges très orientés…
    Que la France vive libre avec ses traditions !

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Que peut mettre Emmanuel Macron à son actif ? Du sociétal uniquement
Gabrielle Cluzel sur CNews
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois