Les cueilleurs français ? Les agriculteurs n’en veulent pas !
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Invité, ce mercredi matin, de RTL, Didier Guillaume, notre ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, se tortillait sur sa chaise pour ne pas dire les mots qui fâchent. C’est pourtant le constat qui s’impose : l’opération « Des bras pour ton assiette », lancée en fanfare le 25 mars dernier, s’est soldée par un bide.
Ils ont pourtant été 300.000 à s’inscrire sur la plate-forme. Rien que des Français gaillards, en pleine forme, et qui espéraient s’offrir une bolée d’air frais plutôt qu’un confinement entre quatre murs, avec, cerise sur le gâteau, une rétribution bienvenue pour compléter le chômage.
Hélas, les cerises – tout comme les abricots leurs amis – ne poussent pas sur les gâteaux mais dans les arbres ! Et les arbres, c’est haut. Quant aux fraises et asperges qui ne poussent pas dans les arbres, il faut les ramasser à ras de terre, et la terre est basse (quoique les fraises se cueillent maintenant dans des serres, à hauteur d’homme).
Bref, sur les 300.000 candidats à la vie rurale, seuls 15.000 ont été retenus. Il en fallait pourtant 45.000 pour assurer les récoltes en avril. Et ces 15.000 là… comment dire… heu… pas franchement performants, si l’on en croit les commentaires des agriculteurs.
Avant que le ministre ne vienne nous expliquer que ce sont « des métiers où il faut de la formation » (sic), un récoltant d’abricots du côté d’Arles nous a offert un moment de vérité : « J’emploie tous les ans des jeunes étudiants pour la partie conditionnement. Pour la partie récolte, j’ai abandonné les Français parce qu’ils nous disent que le métier est trop dur, que c’est trop contraignant, que c’est trop fatigant… donc, on emploie des ouvriers étrangers qui ont envie de travailler et qui ont besoin de travailler. C’est dramatique, mais malheureusement les Français ne font pas l’affaire… »
Propos réitérés une heure plus tard par Daniel Sauvaitre, secrétaire général d’Interfel (l’interprofession des fruits et légumes frais) ,déclarant au même micro : « On constate qu’il n’y a pas la même “niaque” dans le travail. Ça peut être difficile quelquefois, mais c’est vrai qu’il y a une souplesse plus grande pour des personnes qui ont fait le voyage et qui viennent avec la volonté très claire de travailler le maximum et gagner le plus possible d’argent, et qui font que si la cerise est mûre le samedi et qu’il faut la cueillir, même le samedi après-midi, parce qu’il y a un orage prévu le dimanche et qu’elle va éclater, il y a une capacité de réactivité plus forte. » Traduction : les Français sont des glandeurs.
Le ministre, qui craint sans doute d’être cloué au pilori pour propos désobligeants, se veut évidemment plus nuancé. « Il y a des métiers où il faut de la formation », répète-t-il, et de mettre en avant la taille des vignes. C’est sûr, ça ne s’improvise pas, mais rappelons-lui qu’il ne s’agissait, en avril, que des fraises et des asperges… Donc, nous allons mettre en place des dérogations pour les travailleurs étrangers munis d’un contrat de travail avec une exploitation agricole établie en France. La nécessité est, maintenant, de 80.000 à 100.000 saisonniers mensuels qui proviendront de l’espace Schengen, mais pas du Maghreb, où l’on recrute aussi la main-d’œuvre habituelle.
Enfin, Monsieur le Ministre le martèle : il faut consommer français !
Confidence : j’ai tout fait pour ! Mais hélas : 1) on n’en trouve pas, 2) comme le disait un acheteur, ce matin, à Rungis, nos fruits et légumes atteignent « des prix martiens ». Ici, dans le Var, pourtant producteur, tout ou presque vient d’Espagne.
Enfin, gros problème, nous voilà, paraît-il, devant des stocks impossibles à écouler : 400.000 tonnes de patates, du fromage qui va fondre aux beaux jours… Idem pour la bière : gros problème avec l’industrie brassicole qui fournissait les festivals et les soirs de match. Pareil pour le vin, le cidre…
Alors, Français, un bon geste : au goulot, et fissa !
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