Les électeurs de Le Pen et Zemmour sont sacrément remontés : Le Monde et Libé les ont rencontrés

MARINE LE PEN ZEMMOUR

Les électeurs de Marine Le Pen et Éric Zemmour sont sacrément remontés. Et ils ont bien des raisons de l'être. Ces jours-ci, il y a, bien sûr, ce que Le Figaro nomme « le combat frontal » entre les deux candidats qui se disputent leur leadership et le ticket pour le second tour. Et qui explique les mots très durs, et pas forcément bien choisis, entendus ces derniers jours. Pour le moment, cette primaire interne n'est pas la préoccupation principale de ces deux électorats qui n'en font peut-être qu'un seul. L'électorat Zemmour-Le Pen n'est pas dans le calcul électoral, il est dans le réel, dans le dur, et le dur qui fait mal. Le Monde a eu l'excellente idée d'aller le rencontrer. Libé aussi. Un engouement médiatique révélateur.

Allons tout de suite au sentiment dominant. Dans Le Monde, il faut aller le chercher à la fin. Un couple d'ouvriers retraités, qui ne seront jamais propriétaires. « Je vais voter pour celui qui n’a jamais été élu. Avant, c’était le Front national, aujourd’hui, c’est Zemmour. Il a été condamné ? Il a juste dit la vérité sur le “Grand Remplacement” ! [...] Mais le petit peuple est en colère, dites-le. » Dans Libé, le mot est lâché dès le titre : « rancœur ».

Tout au long de son périple dans cette France populaire, le journaliste du Monde n'aura de cesse de rappeler que « la thèse du “Grand Remplacement” est une “boussole bloquée” », une « théorie raciste, inventée par l’extrême droite » et sera pourtant contraint de constater qu'elle est une réalité vécue par ces millions d'électeurs qui s'apprêtent à voter Zemmour ou Le Pen. « L’exaspération qui vient, cela peut être la fermeture d’un commerce, l’ouverture d’un kebab. Un fait divers à 800 kilomètres de chez soi ou un cambriolage chez un voisin. Une femme voilée aperçue dans la zone pavillonnaire où l’on a construit, des klaxons intempestifs d’un jeune “Arabe” trop pressé, la une du quotidien régional sur les saisies de drogue dans une cité ou un reportage à la télévision sur l’islamisme radical. »

Reconnaissons-le : la presse de gauche a évolué. Elle a mis un mouchoir sur le mépris qu'elle témoignait sur cette France forcément rance et raciste. Elle est même assez comique de se fatiguer à démonter cette thèse du Grand Remplacement tout en concédant des chiffres - très officiels - de l'envolée migratoire qui la confirment.

Le reportage valide, en fait, l'analyse zemmourienne d'un « Grand Remplacement » doublé d'un « grand déclassement » : retraites indécentes après plus de quarante ans de travail, salaires à peine plus élevés que le SMIC et tout entiers absorbés par le loyer et les pleins d'essence, obligation de quitter certains quartiers devenus invivables.

Pire - pour Emmanuel Macron : il montre que cette grille de lecture fonctionne bien au-delà de l'électorat de Zemmour, Le Pen et Pécresse ! La preuve par un certain « Jacques Mauret, 85 ans, barrette de la Légion d’honneur accrochée au veston », cadre bancaire retraité qui « a voté Chirac, Sarkozy, puis Macron, en 2017 » et qui hésite encore à revoter Macron. Pour lui, « il y a un problème dont il ne faudrait pas parler et qui est présent : c’est le “Grand Remplacement”. C’est un cancer qui s’est installé. C’est un mouvement qui bouscule les civilisations. Bientôt, il y aura plus de mosquées que d’églises et de synagogues. »

Un macroniste voit ce qu'il voit, dit ce qu'il voit et pourrait même, allant au bout de sa logique, voter ce qu'il voit ! C'est le reportage qui reste à faire (encore un effort camarades !) et l'angle mort de ces enquêtes centrées sur la France populaire. En effet, avec le phénomène Zemmour, un changement s'est opéré : ces constats et cette colère sont désormais partagés par de larges pans des classes moyennes et supérieures et ce sont elles qui détiennent la clef du scrutin. Vont-elles voter en fonction de ce qu'elles voient bien et qu'elles subissent, elles aussi ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/09/2024 à 9:15.
Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Assez d’intox.
    Zemmour n’a jamais attaqué MLP. Celle ci s’est simplement révélée insuffisante face à Macron . Il est apparu qu’elle préfère le statut de chef de parti d’opposition plutôt que d’assumer la responsabilité d’une gestion efficace des interêts du pays.
    Zemmour propose les solutions nécessaires pour remédier au cauchemar vécu par les électeurs, n’en déplaise aux journaux subventionnés par le pouvoir. C’est très simple.

  2. Le vieux monsieur hésite à revoter Macron non est-ce possible ! M’enfin Monsieur vous ne voyez pas qu’il vous manipule encore plus que les autres depuis des années !! Au secours

  3. Le Pouvoir d’achat d’accord, mais sans LIBERTE, c’est à dire avec un QrCode inventé en l’Asie, à la Chine, au Japon, et qui sera de plus en plus en application avec la Macronie pour restreindre les citoyen(ne)s que le Président a envie d’emmerd…., eh bien le pouvoir d’achat à quoi sert il ? Notre Constitution n’est pas celle de la Chine…

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois