Les élus de plus en plus victimes de menaces : et si on se demandait pourquoi ?
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C’était le 24 novembre dernier. Les résultats d’une enquête menée par la fondation Jean-Jaurès à la demande de l’Assemblée nationale donnaient des chiffres fort inquiétants : « 13 % de Français approuvent les comportements violents envers les députés. » Horreur et putréfaction ! Car si 59 % d’entre eux estiment toutefois que « le travail du palais Bourbon est utile », on notera qu’en 1985, date de la dernière enquête sur le sujet, ils étaient 80 % à porter ce jugement positif. Bref, il y a comme un malaise entre les Français et leurs « représentants ». Et je mets, bien sûr, des guillemets à dessein.
Affolé par ce déferlement de haine que rien ne saurait justifier, le gouvernement a nommé « une haut fonctionnaire » (pourquoi pas haute ? pour centraliser les plaintes des députés sur qui pleuvent les menaces toutes plus sanglantes les unes que les autres. Depuis cette nomination, ce sont 47 députés, la plupart appartenant à la majorité, qui se sont manifestés auprès de « la référente ».
Il est vrai que les pires horreurs tombent sur les élus (tout comme elles tombent, d’ailleurs, sur toute personne ou presque qui existe en ligne, y compris celle qui vous parle). LeMonde.fr en dresse un florilège puisé dans le vivier des courriels et courriers adressés au député LREM de Moselle, Ludovic Mendes : « Je vais te décapiter pour te faire payer », « Si tu crois que l’on va continuer à se laisser faire et rester les bras croisés, tu te trompes lourdement », « Même quand tu ne seras plus député tu seras toujours traqué », etc. Des menaces qui, pour lui et ses confrères, ont redoublé depuis la généralisation du passe sanitaire, le 5 août dernier, et ont encore empiré depuis que celui-ci a été prolongé alors qu’il devait s’achever le 15 novembre. M. Mendès est cette fois menacé de « décapitation à la hache, à la guillotine, de dépeçage à l’arme blanche et de tirs dans le dos ».
Personnellement, je n’aime pas les scénarios gore. Je préfère imaginer nos gouvernants roulés dans le goudron et les plumes, particulièrement certains d’entre eux comme MM. Véran et Attal.
Les menaces sont inadmissibles. Richard Ferrand, le très éphémère ministre de la Cohésion des territoires recasé au perchoir après un court mois d’exercice (mai-juin 2017), en est tout horrifié : « De telles tentatives d’intimidation ne sont pas tolérables et vous pouvez compter sur ma vigilance et sur ma détermination pour combattre les personnes qui cherchent à déstabiliser nos institutions et menacent nos représentants », a-t-il assuré à ses ouailles (communiqué du 23/11). On n’en attend pas moins du président de l’Assemblée.
Toutefois, M. Ferrand devrait commencer par s’interroger sur les causes d’une telle haine. Se demander notamment qui, réellement, « déstabilise nos institutions » et qui, là-dedans, représente quoi.
En effet, qui représentent-ils exactement, tous ces députés de la majorité ? Pour qui, sinon eux-mêmes, roulent ceux qui changent de groupe comme de chemise sans songer un instant à remettre leur mandat en jeu ? Par exemple les deux députées citées ici hier, Mmes Forteza et Gaillot, qui militent pour des budgets genrés au sommet de l’État quand rien de tout cela ne figurait dans leur programme électoral et n’est en rien réclamé par les Français. Et qu’est-ce d’autre que « des menaces d’intimidation » quand un conseiller de Marlène Schiappa traite la Manif pour tous de « conglomérat de sous-merdes » et de « même engeance que les salafistes », comme le rappelle Ludovine de La Rochère ?
Emmanuel Macron dit qu’on ne saurait s’en prendre à un élu « parce qu’il a une légitimité démocratique ». En est-il si sûr, quand tout est fait pour interdire la représentation parlementaire de 25 à 30 % des Français au motif qu’ils seraient réputés « d’extrême droite » ? On nous dit que, depuis l’invasion du Capitole au moment du départ de Donald Trump de la Maison-Blanche, nos élites sont mortes de trouille…
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