Les États-Unis débordés par l’afflux de migrants mineurs
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C’était une promesse phare de la campagne et ce fut la première mesure du président Joe Biden, au lendemain de sa prestation de serment : signer une série de décrets relatifs à l'immigration et déposer devant le Congrès un projet de loi visant à régulariser les quelque 11 millions de sans-papiers qui vivent actuellement aux États-Unis.
Rappelons que le système américain n’est pas le nôtre : là-bas, les clandestins travaillent, en majorité dans des petits boulots sous-payés, et paient des impôts là où ils résident. C’est tout un pan de l’économie qui en vit grassement et l’arrestation puis le renvoi systématique de ces migrants dans des camps de rétention, sous le mandat Trump, n’était pas du goût de beaucoup. À cela s’ajoute le cas des « dreamers », jeunes migrants arrivés enfant, parfois séparés brutalement de leurs parents car il sont, eux, protégés jusqu’ici des expulsions par le programme DACA ; ils réclament aujourd’hui la citoyenneté américaine.
C’est dans cet esprit que le président fraîchement élu rencontrait, le 22 janvier dernier, son homologue mexicain, Andrés Manuel López Obrador. Une rencontre voulue dans « une volonté d’apaisement sur la question migratoire » et qui a été comprise par des millions d’habitants d’Amérique centrale comme une promesse d’accéder au rêve américain. Un ex-candidat à l’immigration, refoulé à la frontière sud du Mexique, confiait alors à Radio France internationale : « Dans son discours d’investiture, Biden a promis un gouvernement pour tous. Il a promis de rendre leurs droits aux sans-papiers du pays, qui sont en réalité de la main-d’œuvre à bas coût qui arrange tout le monde. […] Nous, notre espoir, c’est que Biden concrétise son discours d’ouverture et nous prenne enfin en compte, nous les migrants. »
Chose promise, chose faite : par ses promesses et les décrets pris dès son entrée en fonction, Joe Biden a ouvert grand les vannes à l’immigration massive, et particulièrement à celle de mineurs non accompagnés. C’est RFI qui donne l’information, laquelle intéresse peu nos grands médias tout occupés du Covid-19 et peu enclins à critiquer une administration américaine pour laquelle ils ont les yeux de Chimène.
Ainsi, sur le seul mois de février, « plus de 9.000 mineurs non accompagnés ont été pris en charge par le service américain des douanes et de protection des frontières ». Au point que le ministère de la Sécurité intérieure américain parle d’un « nombre record » d’arrivée de migrants en provenance du Mexique. Cette augmentation, observée depuis plusieurs mois, assure le ministère, est due « à la violence, aux catastrophes naturelles, à l'insécurité alimentaire et à la pauvreté » dans les pays d'Amérique centrale. On ne saurait, en effet, imaginer qu’elle est due à l’appel d’air qui résulte des mesures annoncées par le nouveau président dont l’élection passait pour acquise depuis un an…
C’est curieusement à la FEMA, l’Agence fédérale de gestion des urgences, que vient d’être confiée la tâche de s’occuper des jeunes migrants. Théoriquement affectée à la prise en charge des catastrophes naturelles, voici donc la FEMA affectée pour trois mois à l’accueil des mineurs non accompagnés. « L’objectif annoncé par l’administration américaine est d’assurer un hébergement temporaire et sécurisé aux enfants ayant passé la frontière, puis de les remettre à des personnes pouvant les prendre en charge, comme des membres de leur famille déjà installés aux États-Unis », écrit RFI.
En imaginant que le flot va se stabiliser – on peut toujours être optimiste –, on peut tabler sur une entrée annuelle autour de 100.000 jeunes par an, à quoi ils faut bien sûr ajouter des adultes. Les États du sud des États-Unis sont déjà majoritairement hispaniques, proportion qui va assurément s’accroître. Qui peut croire alors que la société américaine, travaillée de façon convulsive par la question raciale, va s’en trouver apaisée ?
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Joe Biden
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