Les États-Unis entendent noyer l’armée russe sous une mer de dollars

Nancy Pelosi
Nancy Pelosi

Vendredi 23 décembre, le Congrès américain s'est prononcé favorablement pour une aide massive à l'Ukraine : 45 milliards de dollars, sur les 1.700 milliards du budget fédéral. Zelinsky s'était rendu en toute hâte pour cela à Washington. En effet, le 3 janvier prochain, une nouvelle majorité se mettra en place à la Chambre des représentants et c'est un président républicain, Kevin McCarthy, qui remplacera la très démocrate Nancy Pelosi qui trônait au perchoir pour la dernière fois. À titre de comparaison, le budget de la défense russe se monte à 65 milliards de dollars...

Toutefois, le projet de loi de finance américaine – en supposant la guerre gagnée ou la paix acquise - n'est pas que militaire et comporte aussi une aide à la reconstruction.

Toujours vendredi, le porte-parole du département d'État (Affaires étrangères) a fait publiquement la remarque ironique que ce jeudi 22 décembre, Vladimir Poutine a, pour la première fois, abandonné le terme absurde d'« opération spéciale » pour parler de « conflit », en souhaitant « qu'il se termine le plus tôt possible ». Ce porte-parole a ajouté : « Depuis le 24 février, les États-Unis et le reste du monde savaient que "l'opération militaire spéciale" était une guerre non provoquée et injustifiée contre l'Ukraine... Finalement, après 300 jours, Poutine a appelé la guerre par son nom... Comme prochaine étape dans la reconnaissance de la réalité, nous l'exhortons à mettre fin à cette guerre en retirant ses troupes d'Ukraine. » Rappelons ici que le fait d'utiliser le mot « guerre » (война́ = voïna) au sujet de l'Ukraine a fait condamner, en Russie, de nombreuses personnes à la prison pour « propagation de fausse nouvelle ». Évolution géopolitique ou lapsus au Kremlin ?

Sur le plan de la politique intérieure américaine, il faut noter que la Chambre des représentants, dont le vote est essentiel en matière budgétaire, a adopté le projet de budget primitif par 225 voix contre 201, ce qui évite un shutdown imminent. Cela signifie que démocrates et républicains ont pu trouver un accord à l'issue d'intenses tractations, une pratique totalement ignorée dans l'Hémicycle français, nettement plus idéologique et querelleur. Mais il ne s'agit que d'un projet de budget et rien ne dit que, dès le 4 janvier - alors dégagée des hésitations de la période transitoire et du « moment Zelinsky » -, la Chambre républicaine n'ajoutera pas au budget définitif des conditions supplémentaires, moratoires, reports et réductions de programmes, selon une pratique connue du droit budgétaire américain. Les républicains veulent amener Russes et Ukrainiens à la paix et ils en ont les moyens militaires, financiers et politiques. Ce n'est pas être pro-OTAN ou pro-USA que de le dire, mais simplement réaliste.

La France aurait eu un rôle important à jouer mais il eût fallu qu'elle eût un vrai Président. Notamment, depuis six ans, pour faire appliquer les accords de Minsk. Par ailleurs, la France aurait dû encourager, cet hiver, une grande campagne nationale de production céréalière (il est encore à peine temps pour les labours d'hiver et de printemps), y compris sur les jachères. Car le blé manque déjà au monde et va manquer encore plus en 2023. Une conjoncture qui va affecter sérieusement les pays importateurs mais favoriser la Russie, dont la production céréalière d'exportation est maintenue à son niveau quasi normal. Le blé français aurait pu être stratégique.

Henri Temple
Henri Temple
Henri Temple est universitaire, juriste, théoricien de la Nation (auteur de :  Essai sur le concept de ‘’Nationisme’’, Sphairôs, 2024)

Vos commentaires

41 commentaires

  1. Le pays qui a le budget militaire le plus important de la Planète, budget qui inclus le budget militaire des 12 pays suivants (inclus la Chine et la Russie…), est sans aucun doute le plus belliqueux, sauf que maintenant il ne risque plus la vie de ses G.I.’s mais celle des populations de la Planète…..Pour la France, nos chers citoyens, souhaitant changer de sexe ou sans sexe c’est à dire transgenre, sans paix retrouvée risquent fort de se retrouver face à face du côté des Carpates, pour le grand bonheur de l’Oncle Sam mais qui pourra être Tante Sam !

  2. Tant que l’opération spéciale concernait l’Ukraine et son armée, il pouvait être juste de lui donner cette appellation. Aujourd’hui après des dizaines de milliers de soldats ukrainiens utilisés comme chair à canon pour défendre une guerre voulue par les ultra nationalistes ukrainiens, et entièrement gérée par les forces de l’OTAN, il est difficile de ne pas parler de conflit . Souvenons-nous de ces gens mis au pouvoir en 2014 par Victoria Nuland, représentante des USA qui s’exprimait grossièrement en parlant de l’Union européenne… L’Europe entière est devenue l’otage des USA qu’elle sert aveuglément à ses propres dépends !

  3. Chacun sait que depuis la suppression de l’étalon-or, nos monnaies en général et le dollar en particulier ne valent plus que par la technicité et la mesure de ceux qui décident de la vitesse de rotation des planches à billets.
    Il est clair qu’en ce domaine, la générosité commune de Jo Biden et d’Emmanuel Macron vis-à-vis de Zelenski témoigne d’une témérité sortant visiblement du cadre de cette technicité et de cette mesure évoquées.
    Que ces trois postulants au « prix Nobel de la Paix » nouvelle formule prennent bien garde à ne pas dépasser les limites du supportable en matière de vitesse des rotatives.
    Cette fois-ci , ils pourraient bien commettre l’erreur fatale qui risque de déglinguer pour de bon la belle mécanique monétaire internationale quoique bidon, mise en place autour de 1973 !

  4. les Américains ont piégés l Ukraine……!!! par leurs distributions de dollards ils les rendent redevables….L Uhraine deviendra la nouvelle étoile du drapeau US avec un asservissement a la clef…….!!!

  5. Pour ceux qui s’inquiétaient des visées expansionnistes et hégémonique de Poutine , il est clair que celui ci n’avait pas l’intention de reprendre l’Ukraine aux Ukrainien mais de protéger les russophones comme il s’était engagé à le faire . On peut en critiquer la méthode qui a été de rentrer agressivement dans un pays tiers mais l’occident n’a pas de leçon à donner pour ce qui est de faire ce que nous voulons dans le monde . Le terme employé de gendarmes du monde pour les EU , n’a pas été usurpé ! Mais par contre, que les EU aient des visées sur l’Ukraine ne fait plus de doute après les efforts financiers énormes , consentis pour se faire! Et le dindon de l’affaire , c’est l’européen moyen et plus spécialement le français moyen qui de moyen va tomber dans le déclassement le plus complet ! On dit merci à qui ???

  6. Gauche et droite aux USA savent donc bien se mettre d’accord quand il s’agit de claquer les milliards. Ah oui, on attend janvier et alors on va enfin avoir une direction démocratique dans ce pays. Voire, si c’est comme en France avec l’usage de la machine à perdre, je n’y crois pas trop et je commence même à me demander si le vieux Joe ne va pas être « réélu » dans moins de deux ans, suite à se succès actuels. Personne ne le dit, mais je me demande….

  7. pour jouer un rôle important encore eut-il fallu ne pas réélire un président qui avait prouvé en 5 ans son incompétence. La France dégringole dans le concert international, nous n’allons pas tarder à sortir du « top 10 » des nations influentes dans le monde.

  8. Poutine aurait « abandonné le terme absurde d’« opération spéciale » pour parler de « conflit », Pour moi, il était normal, au début de parler d’opération spéciale. C’était simplement une mise en ordre d’une partie russophone de l’Ukraine. Mais depuis, Merkel a avoué que les occidentaux n’avaient jamais eu l’intention d’appliquer les accords de Minsk et les Etats-unis viennent de « sortir du bois » en démontrant qu’ils sont à la manoeuvre depuis bien longtemps. Il est donc normal que Poutine parle maintenant de guerre. C’est une question de logique.

    • Je pense exactement comme vous. L’opération spéciale était une aide pour équilibrer les forces au Dombas, à présent qu’il est clair que c’est une guerre de l’Otan, bien que déguisée, Poutine emploie le mot juste de conflit ! Le problème, c’est que Poutine (qu’on l’aime ou pas) est un vrai leader qui œuvre fermement pour son pays et ne cédera rien, alors qu’en face nous avons un agglomérat de chefaillons aux egos surdimensionnés qui font la guéguerre le chéquier à la main, déguisés en militaire à l’air martial. L’un est dans la vraie vie, les autres se croient à Hollywood … et ne parlons pas du pianiste sans les mains. Ubuesque !!

  9. Combien de temps encore l’Amérique va-t-elle entretenir en Ukraine cette boucherie à coup de milliards de dollars, comme le prix monstrueux payé par le peuple ukrainien pour avoir cru en la protection américaine.

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