Les fake news de Linh-Lan Dao, traqueuse de… fake news pour France Info

Les dessins de Lola et Philippine par l'illustratrice Laurel ne plaisent visiblement pas à tout le monde.
Les dessins de Lola et Philippine par l'illustratrice Laurel ne plaisent visiblement pas à tout le monde.

Dans le grand concert des voix de gauche pour dénoncer « la récupération » des crimes commis sur notre territoire par des étrangers sous OQTF, Linh-Lan Dao, « journaliste fact-checking spé », ne pouvait pas être en reste.

Cette dame officie sur France Info, où elle tient la rubrique #VraiOuFaux. Chasseuse de fake news, elle milite au sein de l’association des journalistes antiracistes et racisé.e.s. C’est donc ès qualités qu’elle est entrée, hier, dans le chœur des indignés avec une série de tweets destinés à éclairer le bon peuple sur les turpitudes de l’extrême droite.

Premier post : « L’illustratrice Laurel (alias Bloglaurel) est connue pour avoir dessiné Lola et Philippine, deux adolescentes tuées par des étrangers sous OQTF. Pourquoi ces portraits n’ont rien d’innocent ? » S’ensuivent les portraits en question.

La réalité n’est pas une vérité

Elle poursuit : « Déjà, ces faits divers ont été récupérés par l’extrême droite. La famille de Lola s’y opposait. Et ne vous étonnez pas si le portrait de Philippine est aujourd'hui repris par Damien Rieu. » Le militant identitaire a en effet repris le portrait de Philippine par Laurel et l’a diffusé en lui ajoutant ce bandeau : « Philippine 19 ans - tuée par un migrant marocain sous OQTF et déjà condamné pour viol ». Soit la vérité nue, et rien que la vérité nue.

Lancée dans sa démonstration, Linh-Lan Dao poursuit : « Si vous voulez des stats sur la délinquance en fonction de la nationalité, il faut aller sur le site de l'@InseeFr, alors. Dans quelle catégorie les étrangers sont-ils surreprésentés ? Les meurtres ? Non, les atteintes économiques et financières. »

Et de publier un graphique daté de 2019 où il apparaît que les étrangers sont effectivement, à près de 50 %, les auteurs de délits financiers. Tout à sa dénonciation d’une fausse info, Linh-Lan Dao oublie simplement de dire qu’en 2019, lesdits étrangers ne représentaient que 7 % des citoyens de ce pays et que, donc, à la lecture du tableau statistique de l’INSEE, apparaissant toujours au-delà de ce chiffre quel que soit le délit, ils sont bel et bien « surreprésentés dans TOUTES les catégories de crimes et délits », comme lui répond, sur X, le data analyst Marc Vanguard.

Personne de couleur = racisé

Mais la journaliste « fact-checking spé » de France Info n’entend pas s’arrêter là. Comme le rabâchent ses amis, les affaires Lola et Philippine ne sont que des faits divers. Alors, elle continue :  « On attend toujours un portrait de Gisèle Pelicot. Mais son cas ne colle pas trop au narratif d’extrême droite car les violeurs comptent "de bons pères de famille", blancs comme racisés. Pas des migrants sous OQTF. »

Il faut à tout prix évacuer la question migratoire pour ne retenir que le viol. Et dans les contradictions où elle se perd, on notera le glissement du mot « racisé » qui s’opère chez notre chasseuse de « fake news » : il signifie, ici, « personne de couleur ». Dans l’esprit de Mme Dao, c’est manifestement synonyme.

Revenant sur le drame de Lola, une internaute lui répond, photos à l’appui : « Vous mentez. [À la marche blanche], toute la famille de Lola portait un T-shirt avec le dessin de Laurel. Vous êtes de très mauvaise foi. » Puis un autre rappelle : « La famille de Lola a été FORCÉE de se taire, comme l’a dit son frère dans Valeurs actuelles… Ils ont essayé avec celle de Thomas [Crépol, NDLR] mais ça n’a pas marché. Vous colportez des fake news. On n’est pas chez l’oncle Ho, ici… » Une allusion à son compte X sur lequel Linh-Lan Dao affiche fièrement sa double appartenance avec un drapeau français et celui du Vietnam communiste.

À l’heure où l’on écrit ces lignes, les obsèques de Philippine se sont déroulées dans une cathédrale bondée. Le jeune homme qui rêvait de l’amener en robe blanche devant l’autel accompagne aujourd’hui son cercueil. Mais pour Mme Dao et pour France Info, le service public qui l’emploie et donc cautionne ses propos, écrire la vérité des faits sur son portrait est un acte raciste.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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