Les gauchistes aiment l’Afrique… mais l’Afrique n’aime pas les gauchistes 

@Ewien van Bergeijk/unsplash
@Ewien van Bergeijk/unsplash

C'est un cas qui ne surprendra pas grand-monde, parmi les lecteurs de BV, mais qui a le mérite d'illustrer parfaitement la dissonance cognitive de nos gauchistes français. Le Sénégal, terre jadis française et aujourd'hui pas précisément francophile, est généreusement arrosé d'aides de la France. De nombreux Sénégalais ont même élu domicile chez nous, et beaucoup d'entre eux sont désormais, selon la formule consacrée, aussi français que vous et moi. On sait qu’Emmanuel Macron aime beaucoup l'Afrique et les Africains et qu'en retour, pour lui, l'Afrique a toujours été bonne hôtesse.

Et pourtant : parmi les valeurs intangibles de la Ve République, qui est entrée depuis longtemps dans une interminable agonie, aux côtés de l'avortement inscrit dans la Constitution, il y a la défense de ce que l'on appelle, en forme longue, les LGBTQIA+. La défense de la communauté homosexuelle au sens large est même tellement importante que le président de la République a nommé un ambassadeur tout exprès pour porter la bonne parole dans ce domaine d'un pays à un autre. Hélas, trois fois hélas, l'itinérance de cet ambassadeur n'a pas franchi les frontières des États africains… Problème de priorités, probablement ; de valeurs aussi, c'est certain.

Le récent projet de loi proposé au Sénégal ne risque guère d'arranger les choses. Ce texte propose de punir de quinze ans de prison la commission d'actes « contre-nature » - des actes que la loi sénégalaise punit déjà de cinq ans d'emprisonnement. Et les motivations des législateurs sont claires : il s'agit de s'élever contre « les valeurs immorales de l'Occident » et, en l'espèce, contre la promotion systématique de comportements jusque-là assez marginaux (et plutôt réprouvés par les sociétés traditionnelles, comme celle du Sénégal entre autres).

 

Des avancées sociétales autoproclamées

 

Il y a plusieurs conclusions à tirer de l'existence de ce projet de loi. D'abord, la France ne sait plus tellement ce que sont des valeurs. Si tout ce que le « pays de Victor Hugo », comme on dit dans la gauche morale, a à offrir au monde, ce sont des « avancées sociétales » autoproclamées dont on peine à comprendre ce qu'elles apportent à notre rayonnement international, c'est assez désespérant. Corollaire de ce premier point, on a du mal à imaginer des armées françaises qui chargeraient, dans une guerre de haute intensité telle qu'on nous l'annonce (en Ukraine, par exemple), pour défendre l'avortement thérapeutique remboursé jusqu'à 9 mois, les droits des LGBT, notre tradition de tolérance et notre ouverture aux quatre vents. C'est un peu léger, en termes de raisons de mourir, précisément parce que c'est désespérant en termes de récit collectif.

Par ailleurs, il y a tout lieu de craindre que nos délires wokistes nous aient définitivement aliéné l'Afrique. L'hostilité franche du Sénégal face à notre prosternation devant des lobbys n'est pas un cas isolé. Nous ne voulons pas le comprendre au niveau politique et notre réseau diplomatique semble trop aveuglé ou trop lâche pour accepter de le dire au Président et à ses conseillers.

Enfin, si, pour les Français, les mœurs de tel ou tel ne sont pas (et c'est tant mieux) un sujet en politique, rappelons-nous les mots cruels de Piotr Tolstoï, sur BFM TV, quand il qualifiait les membres homosexuels du gouvernement de « pervers ». Nous ne pouvons pas croire que d'autres pays ne raisonnent pas comme nous… et, même, nous prennent pour des faibles en ce genre de cas. Le cas du Sénégal nous détrompera peut-être…

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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