Les Macron en baskets à Londres : et si casser les codes était ringard ?

baskets Macron

Beaucoup de bruit pour rien ? Pas si sûr, car l'impair est très emblématique. « Funérailles d'Élisabeth II : les images d'Emmanuel Macron en basket déplaisent aux médias anglais », titrait BFM TV, ce lundi matin, avec photographie à l’appui. Bien sûr, lorsque le cliché a été pris, dimanche, Emmanuel Macron et Brigitte Macron n’assistaient pas encore aux obsèques. Ils se promenaient près de Westminster, lit-on, pour observer la file d’attente des Anglais souhaitant rendre un dernier hommage. Mais ces funérailles étaient l’objet de leur déplacement. Ils ne venaient pas faire du shopping. C’est pourtant - avec, en sus, leurs lunettes de soleil sur le nez - ce qu’ils ont pu laisser imaginer. Il n’ont pas envoyé les bons signaux, les Anglais n’ont pas aimé et on les comprend.

On notera qu'a contrario, les anonymes gardes du corps autour d’eux - sportifs sans doute, pourtant - portaient des chaussures de ville en cuir. Les employés doivent faire montre de respect, par leur tenue, à des employeurs qui ne se sentent, eux, aucun devoir. Cultiver le style débraillé pour vous donner des airs faussement cool n’est pas la marque du prolo mais le snobisme du bobo. On pourrait dire son luxe car si, par exemple, l’étudiant à la Sorbonne, antifa à ses heures, peut sans dommage traîner hirsute et dépenaillé sur le bitume parisien, l’apprenti pâtissier, frais émoulu de son CAP, ne peut prendre les mêmes privautés dans son hôtel-restaurant. Et sa cravate Auchan est meilleur marché que bien des accessoires prisés par les militants de gauche. Itou ici : gageons que les chaussures de la garde rapprochée étaient moins coûteuses que les baskets siglées Weston de façon voyante du président de la République. Sans doute Emmanuel Macron n’est-il pas un militant de gauche, mais la provocation feutrée est éminemment progressiste. Le « cela-se-fait » a été la cible privilégiée de Mai 68, qui n’y voyait que contrainte et dictature de l’apparence. Et « casser les codes » est devenu un mantra de communicant pour susciter le buzz. Emmanuel et Brigitte Macron étaient en « sneakers », de to sneak, « se déplacer furtivement », donc en silence, à cause des semelles en caoutchouc, par opposition aux semelles en cuir dur. Pour le déplacement furtif, c’est raté. C’était sans doute le but recherché.

Ces codes vestimentaires brouillés ont envahi, par capillarité, toutes les couches de la société. En cela, l’ultra-capitalisme rejoint l’extrême gauche, puisque les GAFAM et les start-up de la Silicon Valley ont été les premières à faire tomber la cravate.

Le comble du mauvais goût pour beaucoup, aujourd'hui, est d’avoir l’air propret - entendez benêt - et endimanché - c’est-à-dire guindé. Votre ouverture d’esprit est proportionnelle à celle de votre col. Même dans les enterrements, bien souvent, seuls sont habillés les croque-morts et mémé dans son cercueil. Les sneakers y pullulent. Sauf quand mémé est la reine d’Angleterre. La famille royale vient de donner, au monde entier fasciné, une leçon de savoir-vivre faite de codes, de protocole, de bienséance, de tenues dignes et appropriées, jusqu’au dernier des petits-enfants. À Westminster, pas une seule danse, chanson, déclaration ou prestation artistique déplacée. Même les morceaux de musique contemporains s'inscrivent, en la revisitant, dans une longue tradition. Bref, pas un seul « code cassé ». Qui pourrait dire, au vu de l’engouement qu’elle suscite, que cette famille est démodée ? C’est Emmanuel Macron qui devrait partir, discrètement, sur la pointe des pieds. Cela tombe bien, il a les souliers adaptés.

Picture of Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

100 commentaires

  1. Ils ont revêtu la tenue qu’ils affectionnent, celle des banlieues , et encore les britanniques l’ont échappé belle, il aurait pu se mettre en bas résille comme ses potes à l’Elysée…

  2. Chère Gabrielle, vous auriez pu également mentionner la longueur « inappropriée » de la robe portée par Brigitte Macron au cours de la cérémonie. Toutes les femmes présentes avaient les genoux couverts. Sauf Madame Macron.

  3. Notre Président a simplement confondu Londres et Hollywood.
    La classe et le bling bling.
    Mais nous savons depuis bientôt 6 ans que le ridicule ne tue pas, hélas.

  4. Il n’en finissent pas de nous mettre la honte ! en plus dans la Cathédrale , il était le seul qui jacassait avec son voisin !

  5. Cet accoutrement plus que désinvolte aura permis au monde de voir que notre gougeat était bien à Londres… car ensuite il était perdu au fond de la cathédrale !
    Honte à lui qui ne sait que faire pour disqualifier la France…

  6. Quelle indécence. Aller regarder la file de personnes ayant fait parfois plus de dix heures de queue, comme on va voir des animaux de zoo, et ceci en baskets. Certes c’était à voir et se montrer. Où a t’il été élevé? Chez les Jésuites? Il n’a pas retenu grand chose. Il est vrai qu’il contemple de haut les animaux de la grande ferme qu’est devenue la France. Mais attention, Orwell, dans « La ferme des animaux », raconte une révolte. La révolte gronde en France mais Macron ne l’écoute pas. L’hiver va être…chaud!

  7. Ils on fait la démonstration de ce qu’ils sont. Des snobs au petit pied amoureux d’eux-mêmes, de leur image et des messages qu’ils veulent envoyer. Mais chasser le naturel, il revient au galop et nous renseigne sur leur véritable nature. Le mot snob ne veut-il pas dire sine nobilis? Sans noblesse? Les sine nobilis étaient les enfants du peuple admis dans les grands collèges anglais où ils avaient été recommandés pour leurs dispositions aux études. Dispositions aux études mais ne connaissant pas les codes et mal dégrossis. Ils espéraient peut-être qu’ils allaient être applaudi et qu’ils pourraient serrer des mains comme le roi Charles. Si c’était leur intention, c’est d’une grossièreté de ploucs. Surtout dans cette circonstance particulière.

  8. J’avoue être honteux pour nous Français d’être représenté par des kékés; manquait plus que le sweat à capuche et c’était parfait ! Entre l’un qui joue les djeuns à cheval sur son jet-ski et l’autre qui d’ordinaire affiche ses gambettes vêtue par les plus grands couturiers. Pour l’occasion ils se sont surpassés. Ca n’a pas manqué de choquer le Peuple Britannique parmi lequel je compte plusieurs amis et qui ne m’ont pas caché leur vexation…

  9. A l’occasion des grandioses obsèques de la reine Élisabeth II, la nation britannique a administré au monde entier une magistrale leçon d’unité, de dignité et de spiritualité. On comprend mieux pourquoi le Royaume Uni a décidé de se séparer d’une Union Européenne décadente.

  10. Dans ce domaine comme dans d’autres Macron est sur la même ligne que ses prétendus opposants de la France insoumise qui s’affichent en tenues débraillées à l’Assemblée nationale. Dans les deux cas il s’agit de vouloir « faire peuple » à défaut d’avoir les voix de ce dernier.

  11. C’est bien vu le côté faussement décontracte de Macron. Avec les sneakers à plusieurs centaine d’euros . Mais n’est pas Mick Jagger qui veut, et lui a 78 ans ! On remarquera au passage que son service de com a veillé à ce que les médias soient présent pour montrer combien notre président fait « start up nation » ! Et il est vrai que Macron passerait facilement inaperçu si il n’avait Brigitte à son bras . De là à dire qu’elle est son faire valoir !!

  12. Il maitrisent parfaitement leur communication , le message est clair , on vient voir le dernier spectacle de l’ancien monde et on représente le nouveau monde.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

« Quand la gauche sort un drapeau, c’est le drapeau palestinien »
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois