Les maires consultés à la va-vite sur le report des élections : les réponses cinglantes de Christian Jacob et de Marine Le Pen à Macron
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Alors qu'un relatif consensus s'était fait autour du maintien des élections départementales et régionales - déjà reportées une première fois - en juin prochain, une lettre de Richard Ferrand, président de l'Assemblée nationale et très proche d'Emmanuel Macron, au Premier ministre a révélé les divisions de la majorité à ce sujet. Richard Ferrand se dit « favorable à un report […] au tout début du mois d'octobre 2021 », les 3 et 10, avec l'argument suivant : « Nous pourrions ainsi bénéficier pleinement des effets de la vaccination de la moitié de nos compatriotes dès la fin de l'été, comme l'a annoncé le président de la République, et offrir à tous les candidats la possibilité de mener une campagne électorale normale. »
Le gouvernement, dans sa fébrilité à la perspective d'élections qui, selon les sondages, lui seraient très défavorables, a donc décidé de consulter, vendredi soir, tous les maires de France pour leur demander leur avis ! Du jamais-vu. La ficelle est grosse et, dans l'esprit de ses concepteurs, devait rapporter gros, sur tous les plans : montrer l'ouverture du gouvernement, son attachement aux sacro-saints territoires et se défausser de ses responsabilités sur les maires. Dans le langage d'Aurore Bergé, sur France Info, cela donnait ceci : « À partir du moment où celles et ceux qui sont là pour organiser les élections dans nos territoires, c’est-à-dire les élus locaux, recommandent que cette élection puisse être décalée, alors je pense qu’il faut suivre leur avis. Si on voit qu’une majorité d’élus considèrent que cette élection peut se tenir, qu’ils savent pouvoir l’organiser, qu’ils savent trouver des assesseurs, alors maintenons-les. »
Du coup, c'est Gérald Darmanin qui est chargé d'organiser ces devoirs de week-end pour les maires, et de relever les copies dimanche soir. Le Parisien nous apprend que, samedi soir, « la participation s’élevait à 28 % en Côte-d’Or et à 77 % dans les Alpes-Maritimes » !
La manœuvre a été très rapidement dénoncée par les maires et l'ensemble des oppositions. Pour l'Association des maires de France (AMF), présidée par le LR François Baroin, la méthode n'est pas « appropriée pour traiter une question de cette importance », ajoutant : « Cet avis ne saurait faire porter aux maires la responsabilité d’une décision qui relève entièrement de celle de l’État. […] C’est à lui d’offrir la protection sanitaire qui permette de tenir les bureaux de vote et aux citoyens de voter en toute sécurité. »
Quant à Michel Fournier, président de l'Association des maires ruraux de France, il a surtout critiqué les mesures imposées par le Conseil scientifique : « Imposer de telles dispositions aux élus locaux est difficilement compatible avec la pratique constatée dans les communes rurales, où il est parfois complexe de trouver des assesseurs en nombre sans mobiliser le personnel communal. »
Les responsables politiques ont été plus directs, à l'image de Christian Jacob, qui a dénoncé une « manœuvre pendant le week-end […] pour essayer de trouver un prétexte pour reporter les élections » : « On est, une fois de plus, dans une manipulation du gouvernement pour reporter les élections. Tous les coups sont permis. On est face à un gouvernement qui cherche à se défausser de ses responsabilités, parce que, si [le gouvernement est] sur la logique de reporter, cela veut dire qu’une fois de plus, le président de la République a menti en disant qu’en mai les bars et terrasses [allaie]nt rouvrir, qu’il a menti en disant que trente millions de Français ser[aie]nt vaccinés au mois de juin. »
Ou de Marine Le Pen : « Le gouvernement se donne une opportunité pour justifier une décision de report qu’il ne veut pas assumer. […] La politique, ce n’est pas un quizz ni "Tournez manège" ! »
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