Les manifestations paysannes se multiplient dans l’indifférence totale

Capture d’écran compte X François Arnoux
Capture d’écran compte X François Arnoux

Des semaines que ça dure, que les panneaux des entrées de villes sont retournés pour dire qu’on marche sur la tête, et ce qui a commencé comme une opération de communication des jeunes agriculteurs a désormais gagné tout le pays.

Qui en parle ? Personne. Ou presque.

La situation se dégrade inexorablement

Le parfum du lisier n’est pas encore remonté jusqu’à la capitale, et tant que l’odeur du fumier ne pique pas le nez des petits marquis qui nous gouvernent, cela n’existe pas. La misère paysanne n’est même pas « un sentiment » dans le cerveau de Madame Borne…

Un rapport sénatorial publié fin septembre 2022 nous apprend qu’en vingt ans, la France est passée du 2e au 5e rang mondial des exportateurs de produits agricoles, et même si la balance commerciale était encore excédentaire, tous s’accordent à dire que la situation de notre agriculture se dégrade inexorablement.

Selon les chiffres très officiels de ce rapport :

– 1 poulet sur 2 consommés en France est importé ;
– 56 % de la viande ovine consommée en France sont d'origine importée ;
– 28 % de la consommation de légumes et 71 % de la consommation de fruits sont importés.

De plus, dit ce rapport, il convient de s’interroger « sur l’ambition gouvernementale du "tout montée en gamme“ », soit une « stratégie qualitative inadaptée à la baisse actuelle du pouvoir d’achat et à la hausse des prix ». Conséquence, « les marchés "cœur de gamme", les plus consommés par les Français sur le marché intérieur, sont de plus en plus occupés par les produits d’importation ». Produits d’importation qui, eux, se rient des normes imposées aux agriculteurs français.

On apprend également dans ce rapport à en-tête du gouvernement français que « 70 % des pertes de parts de marché s’expliquent par la perte de compétitivité par rapport aux autres pays producteurs » ; cela, pour les raisons évoquées ci-dessus bien sûr, mais auxquelles il faut ajouter le coût du travail beaucoup plus élevé que chez nos fournisseurs proches ou lointains, « le niveau élevé d’exigence des politiques environnementales, coûteux pour les producteurs », la fiscalité de production, etc.

Pour parler clairement, nos agriculteurs avancent avec des boulets aux pieds. Ils produisent mieux que leurs voisins mais beaucoup plus cher. Comme l’explique à France 3 Régions le président des Jeunes Agriculteurs de l'Hérault : « On fait rentrer du vin d'Espagne qui utilise des produits que nous n'avons plus le droit d'utiliser depuis des années. On n'est plus du tout concurrentiel. On n'a plus du tout de prix rémunérateurs, on ne joue plus dans la même cour. »

Satisfaire les instances européennes

Dans la tribune qu’ils ont publiée dans Le Point, David Lisnard, maire (Nouvelle Énergie) de Cannes, président de l'AMF, et Yves d’Amécourt, viticulteur connu des lecteurs de BV, dénoncent « le ras-le-bol des agriculteurs français, les bons élèves de l’Europe » que le gouvernement laisse dépérir pour satisfaire les instances européennes et ménager son aile écolo-gaucho. C’est que le grand prêtre du « en même temps » qui trône à l’Élysée ne veut pas fâcher son aile verte, celle des allumés qui dansent le twerk pour arrêter la pluie.

Pourtant, « l’agriculture française est reconnue mondialement comme l'une des plus saines et des plus respectueuses de l'environnement, en progrès permanent », écrivent Lisnard et d’Amécourt, « mais on n'arrête pas de la vilipender au lieu de la féliciter, de l'encourager et de la promouvoir ! » Le désespoir saisit la profession : « Aujourd'hui, près d'un quart des agriculteurs vit sous le seuil de pauvreté. Et en trente ans, le revenu net de la branche agricole a baissé de près de 40 % en euros constants. »

Alors, que veut-on ? Quel est l’objectif des crânes d’œuf qui empilent les normes et asphyxient l’agriculture française sous la paperasserie ? Veut-on achever le dernier fleuron qui nous reste ?

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

40 commentaires

  1.  » Veut-on achever le dernier fleuron qui nous reste ? » Oui, évidemment. Histoire vécue : 1kg de fruits français à 6€ à côté des mêmes fruits espagnols à 3€. L’Espagne est à 250 Km de chez moi. Cherchez l’erreur.

  2. Du lisier devant l’Elysée, l’Assemblée Nationale (même tout autour) et du Sénat serait sans doute plus efficace… Mais au salon de l’agriculture y aura-t-il des manifestation face à Macron et à tous ces gouvernants qui viennent se faire admirer mais crachent tout le reste de l’année sur la paysannerie !

  3. Rappelons qu’à la vitesse à laquelle disparaissent nos agriculteurs, il y aura bientôt plus de fonctionnaires aux ministère de l’agriculture que de « paysans » français…

  4. Il est plus qu’urgent de se débarrasser des malfaisants qui nous gouvernent! Notre France se meurt. Et plus le temps passe, plus la réaction populaire risque d’être brutale! Alors, en cas de peu probable hélas dissolution de l’Assemblée Nationale, chassons-les par les moyens légaux, sans se tromper de bulletin de vote, cette fois !

  5. Tant que les paysans n’iront pas mettre le feu à la préfecture de leur département, le gouvernement ne bougera pas, les médias non plus.

  6. c’est l’objectif de l’UE tuer l’agriculture française, le revenu de nos agriculteurs devrait encore baisser de 16% d’ici 2030, il convient de taxer tout ce qui est extra européen, les poulets ukrainiens nourris on ne sait avec quels ingrédients (au vu de la corruption dans ce pays), les moutons néo-zélandais qui traversent la planète, quand nos éleveurs sont matraqués de taxes, nos agriculteurs et maraichers se font aussi spolier leur travail à cause de toutes ces taxes et normes, eux doivent avoir des « labos » tout inox, en espagne, en Ukraine et ailleurs eux n’ont pas ces contraintes, encore mois en amérique du sud qui va nous envoyer tous ses bovins. La seule chance de tout renverser c’est que les agriculteurs s’associent avec les routiers et bloquent toute une semaine, s’ils y vont chacun de leur côté la bataille est perdue.

  7. Le mal encore une fois, n’a qu’une seule et unique cause : Perte de souveraineté ! Tout les domaines sont touchés. Notre agriculture, notre industrie automobile contrainte d’autorité à marcher vers la voiture électrique par pure idéologie, notre politique migratoire entravée par des organismes supra nationaux, notre justice, les tarifs de notre énergie. Nous vivons ployés sous le joug Européen. Sous la tyrannie de l’absurde définie par des fous… Et, à la tête de notre pays, sévi son plus grand serviteur !

  8. Les sentiments de Madame Borne, pour ne pas dire sa sentimentalité seraient plutôt tournés, non, quoiqu’elle en dise, vers la violence, mais vers elle-même et la – paraît-il – fierté qu’elle aurait donné aux petites Françaises en devenant premier ministre…qu’elles soient issues de la paysannerie ou pas…Les pauvres petites en mal de revenus la remercient M’sieu-Dames !

  9. Bien sûr, les écolos et les gauchos sont les principaux ennemis des agriculteurs!
    Mais il faut aller plus loin.
    Je suis moi-même fils d’agriculteur.
    Je peux vous dire que la petite exploitation agricole, c’est terminé.
    Étant donné la complexité de l’agriculture, désormais il faudra être de niveau ingénieur agronome avec un profil de leader pour diriger une entreprise agricole rentable qui emploiera 50, 60, 70 personnes.
    Cela ne veut pas dire que cette exploitation produira des produits innommables!
    Au contraire, je connais dans mon département d’origine, le Maine-et-Loire, une ferme bio qui produit un fromage de qualité exceptionnelle!
    Elle emploie 40 personnes!
    Le statut juridique de ce type d’exploitation devra être étudié afin de préserver la spécificité régionale des produits.
    Il faudra en particulier que les fermes soient grandes, mais pas très grandes, pour ne pas être inféodées au grand capital international.
    Je parle de cela dans mon livre « Pour un État juste et efficace » publié chez Godefroy de Bouillon.
    [email protected]

    • La petite exploitation, c’est terminé..!. Si l’on se fie a la doxa FNSEA, certainement..!. Pauvres agriculteurs, on a fait de vous des esclaves soumis. Soumis aux industriels qui produisent des semences stériles, des produits phyto sanitaires, soumis aux vendeurs d’aliments pour le bétail, soumis aux vendeurs d’engrais. On vous a inculqué dans vos écoles ces techniques qui vous ont fait perdre le sens des vrais valeurs en les habillant de nécessités économiques ,et qui vous conduisent au suicide. Et vous venez vous plaindre ? Cher Monsieur, c’est précisément votre modèle qu’il faut combattre…

  10. Nous devrions tous protéger notre Agriculture, un de nos fleurons passés (avec l’Armée, EDF, SNCF par exemple), car ces fleurons sont au service du peuple. Mais bien au contraire, les mondialistes détruisent les pays pour mieux exploiter les peuples à leur profit (c’est un marqueur de l’extrême droite, la seule actuelle). En France, le Pouvoir en place révèle ainsi son élitisme d’extrême droite (pléonasme).

    • Vous voulez dire un marqueur de gôôôche! Socialiste, nationale-socialiste ou fasciste… Mais certainement pas de Droite. Une petite révision historique s’impose: Le NSDAP ( Parti national-socialiste des travailleurs allemands…) est bien un parti de gauche, soutenu par les capitalistes allemands et américains qui y voient un moyen d’affaiblir les Partis communistes.
      De même le parti fasciste italien est fondé par un certain Mussolini directeur du journal « du peuple », secrétaire général du PS italien…
      Enfin, c’est la gôôôche française qui peuple les cabinets ministériels de Vichy, au premier rang desquels un certain Mitterrand décoré de la Francisque par un Maréchal franc-maçon et de gauche…
      Ne tombez donc pas dans le panneau de la propagande gauchiste, voulant nier toute responsabilité dans la politique juive de Vichy…

  11. Maintenant je ne sais pas si retourner les panneaux est un argument de poids, je crois que rencontrer le ministre de l’agriculture (au fait est-ce qu’il y en a un parce qu’on ne l’entend jamais, c’est vrai que ce n’est pas le seul dont on ne connait pas le nom et dont on n’a jamais entendu la voix) serait une meilleure solution.

  12. Oui le coût du travail est élevé mais surtout à cause des charges qui représentent plus de 50% du salaire. Quand on finance quelque millions de migrants (pardon exilés) c’est le produit du travail qui doit financer tout cela et bien évidemment ça fini par peser lourdement sur le coût du travail qui entraine un fort impact sur ce qui est produit en France et le porte monnaie de ceux qui travaillent ne suit plus et la macronnie s’en frotte les mains et le pays se fracture ce qui provoque un vent de colère qui monte à cause de cette situation.

  13. ah enfin un journal info qui parle de nos paysans qui manifestent, pas un mot aux infos TV, pourtant ils bloquent des routes depuis plusieurs jours et arrosent les préfectures d »un bon parfum de campagne ! merci BV .

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