Les médecins généralistes grands perdants de la crise sanitaire
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Les généralistes, que certains ne considèrent que comme des sous-spécialistes ou comme des super infirmiers tout juste capables d'appliquer des protocoles sanitaires conçus par de savants universitaires, sont les grands exclus de cette épidémie.
Alors qu'en début épidémie, il eût été facile de conseiller aux malades de consulter leur médecin généraliste en cas de symptômes évoquant un Covid-19, les autorités ont préféré ignorer, voire mépriser, ce maillon essentiel dans la chaîne des soins pour recommander (de manière criminelle, diront certains) aux patients de rester chez eux avec, pour tout traitement, du paracétamol, et d'attendre l'amélioration spontanée ou l'étouffement qui les conduirait directement en réanimation. On ne peut qu'être surpris par cette attitude des autorités de boycotter ainsi les médecins généralistes.
Heureusement, tous les malades n'ont pas attendu d'aller faire la queue à l'hôpital et ont consulté leur médecin traitant qui, malgré les directives administratives, a réussi dans bien des cas à éviter leur hospitalisation.
Cette attitude leur est maintenant reprochée et il n'est pas rare qu'on les accuse de charlatanisme alors qu'ils n'ont fait que leur métier et ont utilisé des thérapeutiques bien maîtrisées depuis de nombreuses années pour traiter leurs malades. Mais pour les autorités, il n'y avait d'autres alternatives que le paracétamol et la réanimation. Curieux !
Voulait-on, pour des raisons qui nous échappent, laisser le champ (et le marché) libre pour de nouvelles thérapeutiques ? Thérapeutiques hors de prix qui se sont révélées, à l'usage, dangereuses et peu ou pas efficaces. Où est-ce seulement la suffisance et la bêtise des dirigeants sanitaires qui les ont emmenés à ignorer les médecins généralistes dans la prise en charge des malades du Covid-19 ? Comment savoir ?
La DGS (direction générale de la santé) émet régulièrement des bulletins adressés aux médecins généralistes qui, en dehors des alertes sanitaires, sont censés leur expliquer le bien-fondé d’une décision ou réglementation. Mais la rédaction de ces documents est tellement courtelinesque qu’elle nuit grandement à leur crédibilité et n'entraîne qu'un intérêt très relatif chez les médecins receveurs, que le pouvoir voudrait pourtant « aux ordres ». Ce même pouvoir qui oublie consciencieusement de parler des sujets qui fâchent et que cette épidémie (heureusement assez peu mortelle) a mis en évidence :
- le nombre insuffisant de médecins en France ;
- Le nombre insuffisant de lits d'hôpital.
Le manque de médecins, avec le départ à la retraite de ceux issus du baby-boom de l'après-guerre, se fait maintenant cruellement sentir en ville comme à l'hôpital, et la saturation des services hospitaliers n’est que la conséquence évidente des suppressions massives de lits que l'administration s'obstine à effectuer dans le seul souci de rentabiliser les établissements hospitaliers. Mais la santé, comme l'armée ou l’Éducation nationale, doit-elle forcément être rentable ?
De la part de dirigeants responsables et conscients des intérêts de la population, on aurait pu s'attendre à ce que, reconnaissant les erreurs des gouvernements passés, ils débutent des réformes visant à pallier ces insuffisances.
Hélas, cette politique sanitaire n'est pas remise en cause. Est-ce l'incompétence des hauts dirigeants ministériels et de leurs représentants politiques, ou simplement une des conséquences d'un changement destiné à faire de la santé et de la distribution des soins un des éléments de la vaste économie mondialisée ?
Trop tôt pour le dire, et toutes les hypothèses sont permises. Mais ce qui est certain, c'est que le coronavirus est un moindre mal (qui nous aura permis de mettre en évidence nos lacunes et les failles du système) face à ce que c'eût été s'il se fût agi d’une épidémie comme celle d'Ebola.
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