Les nouveaux navires de sauvetage en mer immobilisés par l’UE !

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Coup de massue pour la Société nationale de Sauvetage en Mer. L’institution, vitale pour la sécurité maritime en France, se trouve aujourd'hui face à un obstacle de taille. Bien qu'elle ait récemment réceptionné de nouveaux bateaux, un interdit européen les empêche de s'en servir et de prendre la mer. Ce blocage soudain met en péril les efforts de modernisation de l'organisation, alors que ces navires étaient destinés à remplacer des canots tout temps (CTT) en service depuis plus de trente ans.

Une modernisation nécessaire suspendue par la législation européenne

Très attendus, ces nouveaux bateaux, les NSH1, conçus pour améliorer les capacités de sauvetage de la SNSM, devaient permettre aux équipes de secouristes de disposer de matériel « plus efficace, plus sûr » et mieux adapté aux exigences des interventions en haute mer. Longs de 17,5 mètres, ces navires offrent des avancées significatives en termes de confort, de sécurité, mais aussi de durabilité, indique sur son site la SNSM.

Malgré un projet pensé de longue date et préparé depuis plusieurs années, les Affaires Maritimes ont mis un frein à l’enthousiasme des équipes de sauvetage. En invoquant des normes européennes sur la pollution, la préfecture a fait interdire la mise en service des bateaux qui n’étaient pas équipés du « système anti-pollution » imposé par l’OMI (Organisation Maritime Internationale). Un dispositif de 800 kilos dont le coût de 150 000 euros n’était pas prévu, selon Jean-Marie Choisy, délégué départemental dans la Manche, qui s’en désole au micro de France Bleu Cotentin. Dans leur conception, les impératifs écologiques ont pourtant été pris en compte, faisant de ces nouvelles unités des équipements bien plus écoresponsables que leurs prédécesseurs.

Des besoins pourtant avérés

Pour Jean-Marie Choisy, la situation est « ubuesque », compte tenu du vieillissement de la flotte actuelle de la SNSM, composée notamment de canots tout temps datant des années 1980. Ces navires, qui ont déjà largement dépassé leur « âge limite théorique », nécessitaient un remplacement, affirme-t-il. Face à cette situation, la SNSM avait prévu un renouvellement progressif de sa flotte, afin de garantir la continuité de ses missions de sauvetage, qui ont permis d'assister plus de 12 000 personnes en 2023.

Pour répondre à ces besoins, la commande de nouveaux navires avait été lancée dès 2022. Ce projet de grande envergure s’inscrivait dans un plan de modernisation, étalé sur plusieurs années, et avec l’approbation des Affaires Maritimes. Il représentait un investissement financier considérable pour l’association, estimé à près de 100 millions d’euros sur dix ans, avec un coût d’environ 2 millions d’euros par bateau. Des investissements qui bénéficient en partie de subventions régionales, départementales et communales.

Des normes et des incohérences...

La situation est d’autant plus difficile à comprendre que les nouveaux bateaux sont nettement moins polluants, insiste Yoann Samson, patron de la SNSM de La Hague, qui assure auprès de BFMTV que les NSH1 ne devraient être utilisés qu’une une centaine d’heures par an.

Une nouvelle mise en évidence des lourdeurs et incohérences administratives que l’Union européenne est capable d’imposer. L'Europe martèle la nécessité d'une transition vers des pratiques plus écologiques et, dans le même temps, pousse à maintenir en service des canots plus polluants. Dans le cadre du sauvetage en mer, où chaque seconde est cruciale, cette incohérence pose bien des questions sur l'efficacité des régulations mises en place...

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