Les parents des jeunes femmes assassinées à Marseille attaquent l’État, Collomb s’en lave les mains

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Le larmoyant Gérard Collomb s’en est retourné manger du saucisson chaud dans sa bonne ville de Lyon.

C’est la mode, chez les ministres d’État, de pleurnicher sur leur sort et de partir comme un "sagoin" (titre emprunté à la une du Point de la semaine passée). Hulot-la-pleurniche qui démissionne à la radio, Collomb-la-larme-à-l’œil qui démissionne au Figaro… À qui le tour ? Françoise Nyssen sur Twitter, peut-être : « Salut, j’me casse » ?

Sous ses airs de papy compassionnel, le ministre l’Intérieur cachait un vieux rusé de la politique. Comme quoi il ne faut jamais se fier aux paupières tombantes et aux yeux rougis. Il s’était gardé une place au chaud, a manœuvré pour la retrouver. Reste à savoir s’il saura la conserver, et à vrai dire, on s’en fout.

Avant de partir, Gérard Collomb est allé pleurer une dernière fois sur le sort de deux jeunes femmes dont le martyre aurait dû être évité si lui et ses services avaient fait leur travail correctement. Une plaque commémorative a été inaugurée, le lundi 1er octobre, jour anniversaire de leur mort violente sur le parvis de la gare Saint-Charles à Marseille. Le ministre de l’Intérieur y était donc en compagnie du maire, Jean-Claude Gaudin.

Je me souviens de ce 1er octobre 2017. Ne connaissant pas Marseille, j’y étais arrivée le matin par le train avec une amie. Malgré la température encore estivale, la descente depuis la gare Saint-Charles vers le port nous a singulièrement "refroidies"… Puis nous avons déjeuné sur le Vieux-Port, visité le Mucem, flâné aux alentours sans toutefois trop nous éloigner car, pour parler franchement, on ne se sentait guère en sécurité. Sans qu’on sache pourquoi, l’atmosphère était étrangement électrique. Puis, en fin d’après-midi, nous sommes remontées vers la gare pour y reprendre notre TER direction Toulon. Il y avait foule dans les rues. Les accès au parvis étaient barrés. La police partout. Les militaires armés jusqu’aux dents… Et puis, on a appris l’horreur, ces deux jeunes femmes égorgées alors qu’elles se rejoignaient pour fêter un anniversaire, leur bourreau abattu. Le terrorisme, une fois de plus, une fois encore.

Mon amie et moi sommes restées six heures à attendre un train pour le retour. Assises dehors, sur le bord du trottoir, puis dans la gare.

Mauranne et Laura, 20 ans, ont laissé leur vie sur le parvis d’une gare. Leur assassin s’appelait Ahmed Hanachi, il avait 29 ans. C’était un immigré clandestin, « bien connu des services de police », qui aurait dû être expulsé mais ne l’a pas été. Comme souvent. Pire encore : il avait été arrêté la veille de cette tuerie pour un vol à l’étalage dans un centre commercial de Lyon et placé en garde à vue. Mais voilà, en raison de « dysfonctionnements administratifs », dit la version officielle, il avait été relâché dans la nature, et direction Marseille pour commettre son crime au cri d’« Allah Akbar ».

Une plaque n’efface pas le crime, pas la douleur, pas la fureur. Les parents de Mauranne Harel et de Laura Paumier avaient adressé au ministère de l’Intérieur, en mars dernier, un recours préalable en indemnisation. On n’a pas daigné leur répondre, alors, exaspérés et indignés, ils ont décidé d’attaquer l’État en justice. « Nous avons l’impression que l’État cherche à minimiser sa responsabilité en ne parlant que de “dysfonctionnements graves du dispositif d’éloignement”. Pour nous, il s’agit d’une véritable faute avérée », ont-ils confié au micro de M6.

Le temps que la plainte soit instruite, Gérard Collomb aura oublié qu’il était ministre de l’Intérieur en charge du terrorisme et de la sécurité des Français…

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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