Les prix des mutuelles vont-ils exploser par la faute d’Emmanuel Macron ?

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Emmanuel Macron l’a promis pendant sa campagne électorale : le reste à payer pour les lunettes, les appareils auditifs et les prothèses dentaires sera réduit à zéro avant la fin du quinquennat.

Cette promesse répond à un véritable problème : si on peut trouver des montures de lunettes à bas prix (quelques dizaines d’euros), les verres, en revanche, sont toujours chers, surtout si on les prend progressifs pour éviter l’inconvénient d’utiliser deux paires de lunettes.

Selon le site du gouvernement qui présente les décisions du pouvoir, le reste à charge en optique serait, en moyenne, de 65 €. Toujours selon ce site, les appareils auditifs d’entrée de gamme laisseraient 850 € à charge au patient, par oreille, pour des prothèses inesthétiques souvent peu performantes et qui sélectionnent mal les fréquences à amplifier. De même, beaucoup de personnes renoncent aux soins dentaires, car on peut manger sans trop de problèmes avec une dent en moins, le souci est avant tout esthétique et une couronne en céramique laisse actuellement 195 € à la charge de l’assuré.

Selon le plan que le gouvernement a dévoilé, le zéro charge ne concernera, en 2021, que les sommes évoquées, et uniquement elles. Il s’agit, certes, d’un grand pas en avant, mais dans beaucoup de cas, les patients continueront à payer bien plus pour avoir des soins qui ne soient pas de base. En outre, ce zéro à charge sera, comme souvent chez Emmanuel Macron, une mesure ambiguë, car plus que la Sécurité sociale, ce sont les mutuelles qui régleront la note.

Le gouvernement leur a interdit d’augmenter leurs tarifs, mais il s’agit d’une posture hypocrite. Les mutuelles doivent équilibrer leurs comptes. Elles n’impriment pas des billets de banque et il faut espérer que les mutuelles n’ont aucune marge dans le domaine des économies de fonctionnement, car sinon, cela voudrait dire qu’elles sont mal gérées !

Les mutuelles n’auront donc pas le choix : elles répercuteront auprès du consommateur intégralement la hausse qu’on leur impose. Officiellement, les tarifs ne progresseront que de 3 % en 2020 ; en réalité, l’augmentation atteindra 5 %, voire 8 % pour les contrats les moins chers. Même punition en 2021 et sans doute en 2022 et 2023 ! Les mutuelles coûtent, en 2019, entre 350 € et 1.200 € selon l’âge et les garanties souscrites.

Les prix des mutuelles évolueront-ils entre 430 € et 1.380 € dans trois ans ? On peut le craindre, si on en croit les augmentations annoncées. Certes, Emmanuel Macron ne reprendra pas dans la poche des Français l’intégralité de ce qu’il leur aura donné d’une main, mais une bonne part tout de même.

Nos concitoyens dont l’entreprise finance une bonne mutuelle s’en sortiront le mieux. Ceux qui sont actuellement à la CMU et ceux aux moyens modestes qui perçoivent une aide pour payer leur mutuelle seront incontestablement gagnants.

Mais, comme toujours, les grands perdants seront les retraités dits abusivement « aisés » alors qu’un couple, dans cette catégorie, ne perçoit souvent que 2.000 € par mois. Eux verront leurs tarifs de mutuelles exploser et devront toujours payer davantage pour avoir des soins convenables ! En effet, des professionnels du secteur des mutuelles indiquent, sur LCI, « une augmentation moyenne de l'ordre de 2 % à 2,5 %, et jusqu'à 10 % à 15 % pour les plus âgés et les moins bien couverts ».

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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