Les régionales et départementales maintenues en juin mais, « en même temps », probablement reportées !

Reportera, reportera pas ? Le feuilleton du report des élections devait s’achever sur un maintien des dates en juin (initialement prévues en mars 2021) comme souhaité par 56 % des maires sondés dans l’urgence. Les 35.000 édiles avaient reçu, vendredi 9 avril, un courriel les invitant à répondre avant lundi si, oui ou non, « les conditions préconisées par le Comité scientifique [leur] semblent réunies pour tenir les deux scrutins prévus en juin prochain ». Une consultation express alors que, jusqu’à présent, seul le Conseil scientifique, cette « boussole » dont parle Gabriel Attal, pesait dans les décisions de calendrier. Las, consultés sur l’éventuel nouveau report de ces élections, les scientifiques avaient refusé de se prononcer, concluant qu’« il incombe aux seules autorités politiques de procéder en toute légitimité démocratique aux appréciations générales, qui dépassent les seuls aspects sanitaires, ainsi qu’aux arbitrages nécessaires, qui sont éminemment politiques s’agissant de l’organisation d’élections ».

Une décision saluée par l’éditorialiste de L’Opinion, Rémy Godeau, qui titre : « Les accommodements de la République sanitaire, c’est fini ! » Il rappelle que Gérard Larcher avait prévu de saisir le Conseil constitutionnel en cas de report des élections régionales, soulignant à juste titre qu’« on ne confine pas la démocratie ».

Sinon, pourquoi annoncer un calendrier de réouverture des établissements scolaires, des lieux culturels et même des bars et des restaurants (à ce jour le 12 juin, soit la veille des élections) et reporter les élections ? On pourrait « aller au bar, pas à l’isoloir » ? s’interroge Sophie Coignard dans Le Point, soulignant l’analogie entre les élections et les commerces considérés comme non essentiels. « Une frontière entre ce que l'on peut acheter ou pas, qui rappelle au quotidien les subtilités infinies déployées par la bureaucratie française. Contrairement aux rayons vêtements ou chaussures, les bureaux de vote seront accessibles au public et c'est bien le moins. »

Si l’exécutif a été pris de court l’année dernière, lors des municipales, il n’a plus aucune excuse cette année, sauf à confirmer son éternel problème à anticiper pour gérer cette crise inédite. Avant les maires, Jean Castex avait interrogé les partis politiques et les associations d'élus locaux. La réponse penchait en faveur du maintien du scrutin. Les élections auront donc bien lieu en juin, mais... selon le mantra macronien, « en même temps », elles devraient être reportées d’une semaine in fine !

Énième rebondissement, donc, de ce feuilleton démocratique, Richard Ferrand l'annonçait sur RTL, ce mardi matin : « Le Premier ministre va proposer que les élections aient lieu au mois de juin, peut-être en décalant jusqu'au 27 juin le deuxième tour. » Le premier tour aurait donc lieu le 20 et le second le 27, si cette proposition était votée par le Parlement. « C’est une semaine de plus pour la vaccination, une semaine de plus pour faire campagne », argumente Matignon. « La date d’une élection ne se décide pas en fonction d’une opportunité, mais de la loi et du respect de la Constitution », rappelait pourtant le président du Sénat. Ce nouveau report, s’il était voté, acterait donc le défaut de préparation et d'anticipation de ceux qui nous dirigent, tout en prouvant une fois de plus la suprématie de la République sanitaire et de ses indicateurs sur la démocratie, cette fameuse « boussole »...

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

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