Les Républicains : s’allier au Rassemblement national ou mourir

maison démolie

Coup de tonnerre pour Les Républicains : un temps revigorée par des sondages prometteurs, la liste menée par le talentueux François-Xavier Bellamy n’obtient, finalement, que 8 % des suffrages. La droite traditionnelle, hier principale force politique française, s’effondre. Après la défaite de François Fillon à la présidentielle de 2017, Les Républicains avaient pourtant sauvegardé l’essentiel : une base électorale, comme en témoigne leur semi-succès aux élections législatives, et un appareil politique en meilleure posture que celui du Parti socialiste, dont la disparition fut aussi brutale qu’inattendue.

Les résultats des élections européennes envoient pourtant un signal dénué d’ambiguïté à Laurent Wauquiez et, plus largement, à sa famille politique. Si Les Républicains ont récemment su renouer avec une ligne politique plus « gaulliste », ils l’ont fait avec vingt ans de retard sur le Rassemblement national. Celui-ci en tire logiquement, aujourd’hui, les bénéfices et prétend, à bon droit, représenter la seule opposition crédible à droite sous les yeux ébahis de bien des représentants des Républicains, ahuris devant une telle déculottée électorale.

Car il ne s’agit pas d’une défaite mais d’un point de rupture. Désormais, le bloc souverainiste représente près de trois Français sur dix et Les Républicains, jadis maîtres du jeu, se retrouvent dans une position des plus inconfortables. Ravalés au niveau des petits partis d’extrême gauche, ils n’ont plus la légitimité pour parler au nom de la droite. Leur volonté de reconstruire celle-ci d’ici 2022 est, certes, louable, mais elle oblitère le réel ; leur électorat s’est évanoui. Le phénomène Macron a fini par leur briser les reins, précipitant une recomposition politique qui a vu une grande part de leur électorat - la droite orléaniste - se retrouver dans le projet social-démocrate de La République en marche. Les autres sont partis au Rassemblement national. In fine, pour reprendre les mots d’Éric Zemmour, Les Républicains ne sont plus qu’un « club de retraités de Nice » coupé des classes populaires auxquelles ils ne savent plus s’adresser. C’est pourtant elles qui font l’élection présidentielle. Autour de Laurent Wauquiez, on louvoie donc pour éviter de voir ce qui crève les yeux : sans alliance avec le Rassemblement national, Les Républicains seront réduits à subir le destin du Parti socialiste et à ne représenter qu’un électorat très restreint composé de la bourgeoisie catholique et de retraités.

Une impasse politique se profile donc, qui rappelle celle d’un Rassemblement national trop clivant pour espérer gagner seul les présidentielles de 2022. Si un bloc progressiste s’est constitué autour de Macron, regroupant les partisans d’un monde déraciné, le bloc souverainiste souffre encore les douleurs de l’enfantement et peine à émerger sur la scène électorale, alors même qu’il porte les idées d’une majorité de Français. S’ils veulent redresser la France, Les Républicains ne doivent plus se bercer d’illusions, ils sont aujourd’hui condamnés à former une coalition de toutes les droites incluant la principale : le Rassemblement national.

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Laurent Chauvet
professeur d'histoire-géographie

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