Les sages-femmes ne veulent plus accoucher

Si les déserts médicaux reviennent dans les médias avec régularité, d’autre professions de santé connaissent la même désaffection, surtout dans le monde hospitalier. Professeur émérite de gynécologie obstétrique, Israël Nisand vient de faire paraître, dans Le Monde, un intéressant article sur le manque croissant de sages-femmes en salles de naissance, alors que leur nombre est passé de 18.000, en 2011, à 23.400, en 2021.
L’explication de ce croisement de courbes est simple. Salariées à l’hôpital, elles gagnent en moyenne 1.800 euros en début de carrière, avec de lourdes responsabilités, des contraintes horaires et du travail nocturne ; face au 2.300 euros auxquels elles pourraient prétendre dans le privé…
À quoi s’ajoute le fait que les sages-femmes sont aujourd’hui autorisées à accomplir des tâches jadis réservées aux médecins : poser des stérilets, faire des frottis et même des échographies obstétricales, tout en pouvant choisir de ne pas effectuer d’accouchements, actes imprévisibles, chronophages et toujours un peu risqués. Bref, se faire une vie moins stressante et mieux rémunérée en se limitant au domaine, certes important, dit de la « périnatalité ».
Qui les en blâmera ? Mais le nombre de lieux où on accouche est ainsi passé de 1.375, dans les années 1970, à 480, de nos jours…
Au chapitre des solutions, l’éminent obstétricien ne peut pas éviter d’évoquer celle de politiciens de tous bords, ainsi que de la plupart des praticiens hospitaliers, sur la liberté d’installation des médecins : « Le libre choix, au sortir de l’école, de ne pas pratiquer d’accouchements est-il bien raisonnable ? » Le mot coercition n’est pas prononcé, mais pensé si fort qu’il poursuit : « La remarque vaut d’ailleurs également pour toutes les autres professions de santé à qui devrait s’appliquer également ce principe déjà connu pour certaines grandes écoles », évitant de justesse le « On leur a quand même payé leurs études ! » Car la contrainte sera toujours le plus sûr moyen de détourner les vocations.
Plus raisonnable, la suggestion de créer « un stage interné des sages-femmes sur une durée de deux fois six mois dans deux maternités différentes, rémunéré par l’État à hauteur de 2.000 euros brut, ouvrant à une perspective d’évolution de la grille des salaires des sages-femmes exerçant en salle de naissance compte tenu d’un niveau bac + 6, et permettant le cas échéant aux nouvelles stagiaires de découvrir une équipe médicale qui lui donnerait l’envie de s’y implanter. »
Mais c’est toujours une question de moyens…
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