Les sénateurs veulent ouvrir les lieux de culte à des activités « plus inattendues »

église

Dans la ville de mon enfance, le cœur historique de la ville, autour de la collégiale Saint-Étienne, joyau du gothique angevin, est devenu turc. La communauté est très active autour de sa mosquée. Le parvis de Saint-Étienne, lui, est devenu désert, comme les commerces alentour pour la plupart fermés. À l’exception des kebabs, bien sûr. Dans cette ville chargée d’Histoire, on trouve aussi deux chapelles dédiées à Notre-Dame et Saint-Roch pour éloigner les grandes pestes. Vous ne les visiterez pas car, restaurées et entretenues, elles n’en sont pas moins fermées.

Les églises petites et grandes sont notre Histoire, celle de la France chrétienne, et beaucoup vont mal. La France compte 100.000 édifices religieux, dont 42.300 églises et chapelles paroissiales. 40.300 ont été construites avant 1905 et sont la propriété des communes qui ont la charge de les entretenir, même si le culte s’y fait rare. Alors les maires, plus soucieux de leurs finances que l’État dépensier, tirent la sonnette d’alarme : comment maintenir ce patrimoine ?

La commission de la culture du Sénat a confié dans ce sens une mission d’information aux sénateurs Anne Ventalon (LR) et Pierre Ouzoulias (CRCE). Dans leur rapport remis ce 6 juillet et dont La Croix a eu connaissance, ils notent : « On pense qu’il y a entre 2.000 et 3.000 édifices où l’exercice du culte est extrêmement sporadique voire inexistant. La question, c’est qu’est-ce qu’on va en faire pour justifier auprès des gens qui payent leurs impôts, pour que ces édifices qui sont des biens communaux, puissent continuer à être entretenus ? »

L’Observatoire du patrimoine religieux confirme : « 500 à 5.000 édifices sont menacés d’être abandonnés, vendus ou détruits d’ici à 2030 » par défaut d’entretien et manque d’intérêt. Alors les sénateurs voudraient que nos édifices religieux s’ouvrent à des activités « plus inattendues, en phase avec les besoins (éducatifs, caritatifs, etc.) de la population ». Et de prendre en exemple les églises qui « ont été utilisées comme des refuges dans le cadre du plan canicule », suggérant qu’elles pourraient, « demain, accueillir les élèves qui révisent leurs examens ».

« La jurisprudence tend à évoluer vers un usage moins exclusivement cultuel des édifices relevant de la loi de 1905 », dit Pierre Ouzioulas. Le sénateur communiste explique que « depuis 2006, le Code général de la propriété des personnes publiques autorise leur utilisation [des églises] pour des "activités compatibles avec l’affectation cultuelle" ».

« Affectation cultuelle », voilà l’essentiel, et c’est ce qui, trop souvent, est oublié. On se souvient ainsi de la polémique autour de l'interdiction de certains concerts de variété dans les églises de Brive (Corrèze), en mai 2019. Pointés du doigt, les prêtres de la Communauté Saint-Martin, présentés par les médias comme « intégristes ». Interrogé à ce propos, l’évêque de Tulle était alors très clair : « Les églises, depuis 1905, sont la propriété des communes et elles doivent être affectées au culte catholique, c’est-à-dire que ce sont les prêtres qui sont les affectataires, et la loi précise que les églises sont affectées exclusivement au culte catholique. Les églises ne sont ni des salles polyvalentes, ni des salles de spectacle, ni des auditoriums, ni des musées. Ce sont des lieux sacrés affectés au culte », rappelait-il.

S’il revient aux « affectataires », c’est-à-dire les curés, de décider, il n’en demeure pas moins que ce qui se déroule dans les églises doit être « adapté au lieu sacré ». C’est ce que dit la loi et ce que demandent l’Église catholique, le Saint-Siège et la Conférence des évêques. Ce que Pierre Ouzioulas qualifie de « jurisprudence » n’est en fait rien d’autre qu’une dérive – « de nombreux dérapages », dit Mgr Bestion, évêque de Tulle – et bien des activités peuvent se dérouler dans les églises si, et seulement si, elles respectent la sacralité des lieux.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

19 commentaires

  1. On arrête de financer ces mosquées qui dénaturent nos paysages et avec cet argent on entretient nos églises qui sont la base de notre culture , notre patrimoine et notre héritage .

  2. EDIFIANT ! ils sont tous devenus fous dans ce Gouvernement, la pagaille est dans tous les domaines. Est-ce les vaccins anti-covid qui leur ont brûlé les neurones ? Ca n’appartient pas aux Sénateurs d’en décider. Comme indiqué ci-dessus, l’Evêque de Tulle ne les autorisera pas d’en disposer, ce sont des lieux sacrés. Pour les diverses festivités païennes, il y a d’autres lieux. Et pourquoi les sénateurs ne disposeraient pas également des mosquées pour ces fameuses autres activités ?

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