Les sondages ont-ils eu une influence sur le score d’Emmanuel Macron ?

MACRON

Ce dimanche 10 avril, 9,56 millions de Français ont voté pour le Président sortant : près d'un million d’électeurs de plus qu’en 2017 (le 23 avril, ils étaient 8,65 millions à choisir Emmanuel Macron dès le 1er tour). Ce chiffre peut évidemment laisser perplexe, pas seulement à cause des nombreux Français descendus dans la rue tout au long de son quinquennat (gilets jaunes, anti-passe), ni à cause de son bilan peu flatteur tant en économie qu’en sécurité. Ce qui est vraiment surprenant, c’est que l’électorat d’Emmanuel Macron se soit élargi d'un premier tour à l'autre sur cinq ans, alors que les élections ayant eu lieu depuis 2017 ont montré qu'il s'érodait.

Revenons à l’élection présidentielle de 2017. Au soir du 1er tour, Emmanuel Macron arrivait en tête, avec 24,01 % des voix : 8,6 millions de Français avaient voté pour lui. Sans surprise, ce socle électoral reste stable lors des élections législatives qui suivent : 7,3 millions de Français votent pour un candidat de la majorité présidentielle lors du 1er tour.

Deux ans plus tard, ils ne sont que 5 millions à voter pour la liste menée par Nathalie Loiseau lors des élections européennes de 2019. Cette baisse n’a rien de vraiment surprenant dans la mesure où le taux de participation aux élections des députés européens est, comme toujours, très faible.

C’est à partir du 15 mars 2020, lors du 1er tour des élections municipales, que le socle électoral d’Emmanuel Macron commence à s’effriter sérieusement. Les scores des candidats LREM sont globalement mauvais, même dans les villes où le terrain lui était favorable. Prenons l’exemple de villes ayant voté massivement pour Macron en 2017 : Paris, Bordeaux et Strasbourg. Le 23 avril 2017, 34,83 % des Parisiens votaient pour Emmanuel Macron ; le 15 mars 2020, ils ne sont plus que 18,04 % à reporter leurs suffrages sur Agnès Buzyn, ministre emblématique de la Macronie. Même scénario à Strasbourg où, de la présidentielle aux municipales, on passe de 27,7 % à 19,86 %, et à Bordeaux où on passe de 31,26 % à seulement 12,69 % !

Cette dégringolade devient vertigineuse, en juin dernier, lors des élections régionales. Sur l’ensemble du territoire, les candidats LREM aux élections régionales ont remporté 10,53 % des suffrages exprimés. Sur les 8,6 millions des Français qui faisaient le choix d’Emmanuel Macron en avril 2017, il ne restait, en juin 2021, plus que 1,5 million à soutenir un candidat de sa majorité !

En observant cette évolution, il était difficile de prévoir que le Président sortant passerait, en moins d’un an, de 1,5 million à 9,5 millions d’électeurs ! Les instituts de sondage, eux, n’en doutaient pas. À quelques heures du 1er tour de l’élection présidentielle, les derniers sondages donnaient le Président sortant largement en tête, avec environ 26 % des suffrages exprimés (25 % selon OpinionWay, 26 % selon BVA et 26,5 % pour les instituts Ipsos et IFOP). Cette tendance est restée globalement stable depuis le début de la campagne officielle le 28 mars. À en juger par les sondages, il ne faisait aucun doute que l’élection était gagnée d’avance pour le Président sortant.

Les sondages ont-ils poussé le score de Macron ?

En 2010, Nonna Mayer, chercheur en science politique et spécialiste de sociologie électorale, évoquait dans son ouvrage Sociologie des comportement politiques les éventuelles influences des sondages sur les comportements des électeurs. Ainsi l’effet « bandwagon » « pousserait l’électeur conformiste à prendre le train en marche (n’y voyez aucun jeu de mots) et à porter son choix sur le vainqueur désigné par les sondages ». Ainsi, devant des sondages qui annonçaient comme inéluctable un duel Macron-Le Pen, les électeurs partagés entre Zemmour et Le Pen savaient quel choix ils devaient faire, de la même manière que les électeurs partagés entre Macron et Pécresse !

Dès 1972, l’académicien Maurice Druon qualifiait les sondages de « pollution de la démocratie ». Cinquante ans plus tard, on peut raisonnablement supposer que les sondages ont aidé à installer en tête du scrutin un président qui aura fait descendre de nombreux Français tous les samedis dans la rue !

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 16/04/2022 à 15:00.

Vos commentaires

50 commentaires

  1. Il y a peut-être à Bruxelles une machine à imprimer le bulletins de vote, à côté de celle qui imprime l’argent facile du gouvernement.
    Dans ce cas, les deux machine impriment de la monnaie de singe.

  2. Je ne sais pas ce qui les a conduits à faire une pareille bêtise, mais c’est à pleurer. Le nominalisme marche à fond ! Ceux qui sont qualifiés d’extrême droite, alors qu’ils ne sont que souverainistes font peur, alors que l’apprenti dictateur (bien prêt d’obtenir son diplôme) qui nous prive de nos libertés fondamentales, qui martyrisent nos enfants quand il ne les tue pas, avant même qu’ils soient au monde, obtient leurs suffrages, Mais qu’ils se réveillent nom d’une pipe !

  3. J’ai de plus en plus la conviction que comme aux USA voire ailleurs sur la planète, les élections sont bidouillées. Les sondeurs s’en donnent à coeur joie d’une part parce qu’ils touchent beaucoup de fric et d’autre part parce qu’ils mélangent les marges d’erreurs et les ordres qu’ils reçoivent…d’ailleurs ! le duel Macron le Pen était plus une revanche de gladiateurs que la populace attendait depuis 2017 qu’un réel Programme pour sortir la France de l’abime dans lequel elle est tombée.

    • « J’ai de plus en plus la conviction que comme aux USA voire ailleurs sur la planète, les élections sont bidouillées. »
      Comment pourrait-il en être autrement quand manifestement la mafia a pris le pouvoir dans tous les pays occidentaux? (les autres ont leur propre mafia).

  4. Je suis en parfaite harmonie avec la volonté de certains de supprimer toute publication de sondage pendant les trois mois avant les élections et quelles que soient ces élections !
    Les sondages sont un incitation à penser comme la pseudo majorité qui est dans les mains des sondeurs et c’est aussi un invitation à la fainéantise intellectuelle !
    Pas de sondage, PLUS JAMAIS de SONDAGE !!!!

  5. Les sondages ont provoqué le « vote utile » et ont bien servi le Président qui voulait un second tour Marine le Pen – Emmanuel Macron. Il fallait éliminer Zemmour sans pousser trop Mélenchon : mission accomplie. Maintenant, ce sera lui et le chaos.

  6. suite n°3: Sachant qu’une carte d’identité nationale peut être acquise frauduleusement pour 300 €, combien de faux habitants ont pu ainsi falsifier des identités afin de tromper les élections. En dernier lieu, le logiciel Dominion qui modifie instantanément les votes, vous votez « blanc » sur la machine et elle sort « macron » dans la seconde qui suit…(USA 2020…)

  7. Les sondages (couteux en plus) devraient être interdits. A entendre certains collègues du tennis, Macron présente bien il a bien géré la crise, il y a moins de chômage (mdr) il a évité des faillites des restos en distribuant les milliards c’est facile etc .. J’étais sidéré d’une telle mauvaise foi ! Les chiffres sont faux tous les chiffres, morts du covid comme chômeurs, les faillite ont augmenté de 31% au 1er trimestre. Et voilà l’enfumage fonctionne avec les médias vendus.

  8. Evidemment ! Pour un peuple de moutons et de pigeons (mougeons disent certains) qui s’est laissé enfermé, baillonné et piquouzé sans moufter pendant 2ans, nul doute qu’il suit ce qu’il croit être la tendance générale (ou celle qu’on lui fait croire)

  9. Suite n°2: La loi sur les procurations a été modifiée. Maintenant, même si vous n’habitez pas dans la commune concernée, vous pouvez aller voter pour une (même deux) personne qui vous donne une procuration. De plus ces procurations ne sont pas réellement vérifiées. Ne pas oublier que la carte de vote que vous recevez est un simple bout de papier facilement falsifiable.

  10. Les sondages ont surtout poussé MLP vote utile, car c’était le voeux de Macron recommencer la pantomine de 2017, mission accomplie.

  11. Depuis 2017, les élections sont contrôlées par l’INSEE…Cherchez l’erreur ? il n’y a plus de vérifications des votes contrôlés par les organisateurs (les maires, les adjoints et autres personnels qualifiés) Maintenant, les résultats des bureaux de vote sont envoyés, sans contrôle, à l’INSEE qui détermine, de son seuil chef, si les votes sont corrects ou non, élimine, de son seul chef, les votes qui lui semble tendancieux…Bref, l’INSEE fait ce qu’elle veut.

  12. Ce qui est en cause, ce sont les sondages associés au mode de scrutin. L’électeur ne choisit plus en fonction de ses idées, mais en fonction du second tour annoncé (en fait choisi par ceux qui détiennent le pouvoir).
    Interdire les sondages pendant les 3 mois qui précèdent l’élection serait une solution.
    Mais ne rêvons pas, un débat sans censure et une presse libre sont indispensables.

  13. Il parait que les sondages sont interdits 15 jours avant le premier tour de scrutin. Il n’en fut rien bien entendu et le matraquage donnant à l’avance le résultat quasi exact du premier tour, y compris sur CNEWS où le bandeau en bas de l’écran revenait en boucle, a fait son oeuvre…Un scandale de plus. Si l’on réalise que ce sont surtout les retraités qui regardent la TV, et à qui appartiennent les instituts de sondage, on comprend qui a élu Macron !

  14. Si les sondages font l’élection, raison de plus pour voter en son âme et conscience pour démonter cet argument.

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