Les tribulations de l’OMS en Chine (suite)
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Les aventuriers du virus perdu de l’Organisation mondiale de la santé, envoyés en Chine pour comprendre comment le virus s’est propagé chez les humains, viennent de rendre leur rapport. Et son contenu ne surprendra pas grand-monde, puisque après avoir retardé l’arrivée de l’équipe sous tous les prétextes possibles, Pékin avait tout fait - du choix de ses membres à la quatorzaine d’isolement, suivis du strict encadrement de leur pérégrination - pour qu’ils concluent mi-chèvre mi-chou, à la manière d’une motion du Parti radical.
Les experts maintiennent donc que la transmission du Covid-19 par un animal intermédiaire - mais on ne sait pas lequel - entre chauve-souris et homme est pour eux l’hypothèse « la plus probable ». Tandis que la fuite d’un laboratoire serait, elle, « hautement improbable ». Et pour faire bon poids, une déférente concession à leur hôte : l’hypothèse d’une transmission par des produits congelés importés ne peut être exclue. On n’est pas plus aimable…
À Wuhan, où s’est constitué un collectif d’une centaine de familles de victimes du Covid-19, dont le site a bien évidemment été désactivé par le pouvoir, on n’est pas franchement convaincu. Notons que bien qu’ils aient porté plainte contre les autorités locales de Wuhan et de la province pour leur inaction et leur retard au début de l’épidémie, ils sont encore en vie.
Miracle, parce que ceux qui ont déjà tenté de mettre en cause la responsabilité d’un fonctionnaire dans notre beau pays des droits de l’homme mesureront sans peine l’héroïsme (ou l’inconscience ?) qu’il y a à le faire dans une dictature communiste !
Zhang Hai explique ainsi, à Libération : « J’ai suivi leur itinéraire avec attention, les enquêteurs devaient soumettre à la partie chinoise les endroits à visiter et les personnes à interroger avant que les autorités locales ne se chargent de tout organiser. Dans ces conditions, c’est impossible d’enquêter indépendamment. »
Et pour cause, Zhang, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois avait prévenu dès le début : « Cette coopération et ces échanges […] sont l'un des volets de la recherche mondiale sur l'origine du coronavirus. Ce n'est pas une enquête. » On confirme !
Cas clinique intéressant au milieu de cette affaire, le dénommé Tedros Adhanom Ghebreyesus, élu directeur de l'OMS grâce au soutien de la Chine, et qui ne tarissait pas d’éloge pour une bienfaitrice dont, au début de la pandémie, il reprenait tous les éléments de langage. Saluant, il n’y a guère, la « transparence de la Chine lors de ses efforts de réponse aux coronavirus » et cédant à la présélection des experts exigée par Pékin.
Voici qu’aujourd’hui, ce même Tedros Adhanom Ghebreyesus reproche aux autorités chinoises le manque d’accès aux données brutes et réclame une enquête sur l’hypothèse d’une fuite du virus d’un laboratoire chinois, précisant que « ce rapport est un début très important, mais ce n’est pas le mot de la fin ».
On ne sait quel bénéfice il espère tirer de cette volte-face, mais c’est connu depuis Edgar Faure : ce ne sont pas les girouettes qui tournent, mais le vent. Et de tout cela, on retire surtout l’impression d’une mauvaise pièce, jouée par de mauvais acteurs, et où tout est écrit à l’avance.
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