Les USA interdisent les additifs cancérigènes : Robert F. Kennedy fidèle à ses idées

N'oublions pas que l'actuel ministre de la Santé américain a plusieurs décennies d'engagement écologiste derrière lui.
© Phexel / Polina Tankilevitch
© Phexel / Polina Tankilevitch

Interdiction de huit colorants alimentaires dérivés du pétrole et identifiés comme cancérigènes : l’annonce en a été faite le 22 avril par le ministre de la Santé américain, le controversé Robert F. Kennedy, et le président de la Food and Drug Administration, Marty Makary. « Confrontés à une nouvelle épidémie de diabète infantile, d'obésité, de dépression et de troubles de l’attention », a expliqué M. Makary, « nous ne devrions pas prendre de risques et faire tout notre possible pour protéger la santé de nos enfants. »

Les additifs concernés sont quelques-uns des fameux « E » qui saturent de couleurs des bonbons, des sauces, des boissons afin de les rendre appétissants. Concrètement, deux colorants (E121, qui servait à rougir les oranges trop pâlottes, et Orange B, qui colorait les saucisses à hot-dog, mais n’était plus utilisé depuis longtemps) vont être interdits dans les prochains mois. Six autres le seront d’ici à fin 2026. L’interdiction du E127, prévue par l’administration Biden pour 2027-2028, va être accélérée. En France, il sert à rendre plus rouges les cerises...

L’Union européenne a des progrès à faire

Pour deux de ces additifs pétrochimiques (E121 et E143), les États-Unis étaient en retard sur les pays européens qui les prohibaient déjà. Avec cette décision, ils prennent de l’avance, puisqu’ils interdisent des additifs toujours admis dans l’UE (E127, E129, E102, E110, E133, E132, qui sont classés « à éviter » par l’UFC-Que choisir, et E132 qui est tout juste « tolérable »). Douloureux constat : les États-Unis trumpistes devancent l’Union européenne en matière de santé alimentaire - au moins sur ce point.

Dénonçant les producteurs qui ont trop longtemps « nourri les Américains avec des produits chimiques à base de pétrole à leur insu et sans leur consentement », Robert F. Kennedy a salué la fin d’une époque. « Nous rétablissons la science de référence, faisons preuve de bon sens et commençons à regagner la confiance du public. Et nous le faisons en travaillant avec l'industrie pour éliminer ces colorants toxiques des aliments que mangent nos familles tous les jours. »

Robert F. Kennedy ne rentre pas dans les cases

Si l’on se fie aux médias mainstream français, deux mots caractérisent le ministre de la Santé des États-Unis : Robert F. Kennedy Jr. est « conspirationniste » et « antivax ». Or - et cela, les médias oublient trop souvent de le préciser -, son opposition aux vaccins est à relier à son opposition aux pesticides et à l’agro-business. Cet ancien démocrate, qui demeure pro-avortement, a un long passé d’écologiste.

Avocat environnemental, Robert F. Kennedy Jr. a été le président, durant deux décennies, de Waterkeeper Alliance, qui a fait de la protection des voies navigables et de l’eau potable son cheval de bataille. Il a mené des combats judiciaires et militants contre les pollutions industrielles et étatiques. Il a même passé un mois en prison, en 2001, après avoir protesté contre les exercices de bombardement de la marine américaine sur l'île portoricaine de Vieques, dommageables à la population et à l'environnement. À cette occasion, expliquait-il, lorsque les voies politiques ou juridiques sont bloquées, « la désobéissance civile devient non seulement un droit, mais une nécessité ».

« Make America Healthy Again »

De même qu’on a vu la FDA mettre un terme à certaines expérimentations sur les animaux, il est donc logique de voir Robert F. Kennedy Jr. s’en prendre aux colorants pétrochimiques dont l’agro-alimentaire a fait un usage gourmand à des fins commerciales. En parallèle, les autorisations de colorants naturels vont être accélérées.

La lutte contre les additifs est une démonstration de l’efficacité du groupe de travail « Make America Healthy Again » — « rendre sa santé à l’Amérique », ou « pour une Amérique en bonne santé » —, commission qui a été créée par un décret de Donald Trump le 13 février dernier. Il y a encore gros à faire dans la lutte contre la malbouffe et l’on voit mal les Américains troquer les gras hamburgers et les sodas XXL contre une alimentation saine mais, loin des clichés sur l’administration trumpiste véhiculés par les médias, un pas important est franchi en matière de santé publique.

Picture of Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

Un commentaire

Laisser un commentaire

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

La France est championne… des demandes d’asile
Gabrielle Cluzel sur CNews
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois