Les zélateurs d’Erdoğan contestent, en France, l’enseignement du génocide arménien
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Ce n'est pas nouveau, mais ça empire : dans des collèges fréquentés par des élèves d'origine turque, l'enseignement du génocide arménien ne peut être évoqué sans susciter de vives contestations, encouragées par des associations franco-turques. C'est ce que nous révèle un article du JDD. Erdoğan voudrait-il imposer sa loi jusque dans les écoles françaises ?
Qu'Ankara refuse de reconnaître l'extermination planifiée des Arméniens, commise par l'Empire ottoman en 1915, n'est pas une surprise. Le discours nationaliste du président turc, propagé dans les communautés immigrées en Europe, ne se veut pas apaisant. Le JDD cite l'exemple d'un père qui téléphone à la principale d'un collège pour l'intimider, l'accusant « d'exciter tout le quartier depuis quinze jours avec ce soi-disant génocide ». Au cas où elle n'aurait pas compris, il l'avertit : « Sachez que ça suffit ! »
Le journal ne précise pas la réaction du chef d'établissement, mais que faire d'autre que de tenter d'apaiser cet homme en colère pour désamorcer une contestation encore plus violente ? Un jeune professeur d'histoire confie qu'il prend des précautions quand il doit aborder ce sujet, car il le sait explosif. Pour éviter le pire, on est donc contraint d'édulcorer certains épisodes de l'Histoire, qu'une partie des élèves et de leurs familles ne veulent pas entendre.
Si vous préconisiez quelque mesure ferme pour remettre à leur place ces parents et ces élèves, voire des sanctions judiciaires dans les cas les plus graves, vous seriez traités de boute-feux et d'irresponsables. On pratique, plus communément, le « pas de vague » par crainte d'envenimer la situation et de déclencher une tempête. Tout au plus recommandera-t-on au professeur contesté de suivre un séminaire pour apprendre à enseigner les questions sensibles.
Si l'on s'avise de résister aux intimidations, aucune garantie d'être soutenu par sa hiérarchie, et encore moins au sommet de l'État. Quand Macron qualifie la colonisation de « crime contre l'humanité » ou qu'il affirme, sur une chaîne américaine, qu'il faut « déconstruire notre Histoire », on comprend qu'il s'est approprié l'Histoire et l'accommode à sa sauce, composée d'un mélange de préjugés et d'intérêts personnels. Que peut-on attendre d'un homme qui a montré, en de multiples occasions, qu'il se soucie plus de l'Europe, du monde et de lui-même que de son propre pays ?
Beaucoup de professeurs témoignent qu'ils ont des difficultés à aborder des sujets sensibles. Mais d'autres modes de pression portent atteinte à la liberté d'enseigner, notamment les pressions idéologiques. Les historiens, les manuels scolaires, les programmes – ne parlons pas des médias – font-ils preuve d'une entière objectivité ? Qui souhaiterait que Benjamin Stora inspirât un cours sur la guerre d'Algérie ? La pensée unique s'est si répandue, elle s'est tellement insinuée dans les esprits qu'elle est devenue naturelle et normative.
Peu d'enseignants s'aventurent à nuancer leurs cours sur la monarchie, la Révolution française, le maréchal Pétain et le général de Gaulle, la colonisation, l'indépendance de l'Algérie, la politique migratoire de la France et des pays européens... Il faut être d'une grande résistance intellectuelle et culturelle pour échapper au moule de la bien-pensance et avoir une approche lucide et mesurée de l'Histoire.
Le comble, c'est que nos gouvernants semblent plus indulgents face aux contestations venues des familles d'origine immigrée qu'elles ne le seraient à l'égard de professeurs qui auraient l'ambition de rechercher et faire connaître, au-delà des lieux communs, la vérité historique.
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