L’État ruine EDF… et les Français : Emmanuel Macron veut être élu « quoi qu’il en coûte »

Cette opération vantée par le gouvernement n’est pourtant qu’un jeu de vases communicants dans la mesure où l’État possède 84 % du capital d’EDF. Son manque à gagner est, par construction, un manque à gagner pour le contribuable.
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L’État a donc tranché. Pour maintenir en dessous de 4 % l’accroissement de la facture énergétique des Français, c’est EDF qui devra mettre la main à la poche en augmentant de 20 % l’accès régulé à l'électricité nucléaire historique (ARENH). En cédant à ses concurrents alternatifs 20 TWh supplémentaires à prix coûtant (42 €/MWh), EDF, qui aurait pu vendre cette électricité à prix fort sur le marché de gros, va amputer son chiffre d’affaires de près de 8 milliards d’euros. Les marchés n’ont pas attendu longtemps pour sanctionner le titre EDF, qui a perdu 16,5 % durant la séance de vendredi.

De bien mauvaises nouvelles pour l’électricien cumulant les épreuves depuis plusieurs semaines. À la suite de la fermeture programmée (pour maintenance) et non programmée (pour pannes) de 15 GW nucléaires, EDF doit importer chaque jour au prix fort entre 10 et 15 GW. Pour essayer de limiter la casse et éviter de faire tourner les centrales à gaz à plein régime (le prix du gaz est devenu stratosphérique), le gouvernement a autorisé l’électricien à accroître sa production d’électricité charbonnière jusqu’à à 3 MW.

Cette opération vantée par le gouvernement n’est pourtant qu’un jeu de vases communicants dans la mesure où l’État possède 84 % du capital d’EDF. Son manque à gagner est, par construction, un manque à gagner pour le contribuable. Ces 8 milliards viendront s’ajouter aux mesures gouvernementales qui, depuis septembre, avaient déjà coûté à l’État la bagatelle de 14,4 milliards d’euros (600 millions de chèque énergie, 2 milliards de gel des prix du gaz, 3,8 milliards d’indemnité inflation et 8 milliards pour les 4 % de limitation de la hausse des tarifs de l’électricité). En six mois et sans faire de bruit, l’État a ainsi dilapidé en dépenses de fonctionnement davantage que le coût de l’EPR de Flamanville souvent présenté comme un scandale national.

Digne de celui engagé durant le premier confinement, le « quoi qu’il en coûte » énergétique est en train de remplacer le « quoi qu’il en coûte » pandémique. Excepté qu’il s’agit, cette fois, d’une mesure purement électoraliste. Elle vise de façon grossière à gagner du temps en faisant croire au citoyen candide que cette crise énergétique est passagère et devrait miraculeusement s’arrêter… le soir du second tour de la présidentielle. Pourtant, il n’en est rien.

L’accroissement stratosphérique des prix de l’énergie depuis l’été 2021 (doublement des cours du pétrole et du charbon, cours du gaz naturel multipliés par 5, tonne de carbone passée en un an de 32 € à 82 € et prix du MWh électrique oscillant, aux heures de pointe, entre 250 et 300 euros) n’a rien de conjoncturel. Elle résulte d’une rupture mondiale structurelle entre une offre déclinante de pétrole et surtout de gaz faute d’investissements dans l’exploration et le développement de nouveaux champs et une demande augmentant de façon vertigineuse (en Europe, mais surtout en Chine) pour appuyer des renouvelables incapables de fournir le moindre MWh durant la période hivernale. Si les cours peuvent légèrement se détendre au printemps et en été, ils remonteront inexorablement l’automne prochain. La situation actuelle démontre sans ambiguïté qu’une période inflationniste, semblable à celle qui avait fait suite au choc pétrolier de 1974, s’est enclenchée.

Plutôt que de câliner l’électeur, le gouvernement aurait pu jouer la transparence vis-à-vis de l’opinion publique en proclamant haut et fort que c’était au citoyen français et non à l’État de mettre la main au portefeuille. Électoralement suicidaire, diront certains. Bien que l’astuce soit grossière, en résolvant le problème de façon détournée via des subventions directes et indirectes, la majorité piège le débat présidentiel en mettant de facto le futur Président dans une situation potentiellement explosive à l’automne 2022. Une situation qui pourrait plomber le nouveau quinquennat avant… qu’il n'ait commencé.

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Philippe Charlez
Ingénieur des Mines de l'École polytechnique de Mons (Belgique), docteur en physique de l'Institut de physique du globe de Paris, enseignant, membre du bureau politique de Identité-Libertés.

Vos commentaires

68 commentaires

  1. Nous sommes européens, c’est indéniable, mais avant tout, Français !
    Alors, prenons nos responsabilités et produisons français, surtout et avant tout pour ce qui concerne l’énergie.
    Au diable les Macrons et leur tribu qui n’ambitionnent que leurs réélections pour durer et profiter des largesses de notre système à refondre. Ces gens là, comme de nombreux politiques, n’ont rien à faire de la France puisque pour noyer leur incurie ils ont décidé de la dissoudre dans la technocratie européenne.

  2. Monsieur CHARLEZ omet de préciser que depuis plus de 12 ans, la Fédération Environnement Durable accable les éoliennes de tous les méfaits possibles et inimaginables, infiltre les différents partis de Droite jusqu’à ce que leurs dirigeants frisent le ridicule en reprenant leurs arguments, Nicolas DUPONT-AIGNAN soutenant les pécheurs du Tréport, le RN ceux de Saint Brieuc, Philippe DE VILLIERS annonçant la fin du Puy de Fou à cause de 3 éoliennes à plus de 30kms en arrière de la scénographie…

  3. Il n’est qu’à se souvenir de la façon dont Bruno Le Maire, a tenté de pourrir Zemmour expliquant ce qu’était l’ARENH, quand ils ont débattu. EDF a pu offrir aux Français l’ELECTRICITE LA MOINS CHERE D’EUROPE, grâce au nucléaire….Mais l’UE impose une régulation moyenne des tarifs ( ARENH) et l’Allemagne plombe (abandon du nucléraire)…Allemagne dont les soucis « écolos » visent surtout à tuer EDF, entreprise française qui gêne son hégémonie. Attendus que nous sommes gouvernés par des traîtres

  4. Que penser d’un actionnaire majoritaire qui agit contre l’intérêt de la société qu’il est sensé défendre et bien sûr, en s’asseyant sur les intérêts des minoritaires ? La justice va-t-elle s’autosaisir face à ce comportement illégal ? L’Etat a créé une personne morale EDF indépendante dont il détient encore la majorité des actions. Il se doit de la défendre et non de l’affaiblir.

    • Il est tranquille cet actionnaire privilégié ! C’est le con-tribuable spolié qui paiera la facture, comme d’habitude ….

  5. Et la commission européenne dominée par les allemands qui sont en train de tuer la France ne nous fournissent même pas de lubrifiants gratuits pour que cela face moins mal Complice Macron et ses sinistres ministres tentent de nous faire croire qu’ils ont trouvée une bonne solution. A quand d la privatisation total d’EDF ?

  6. Il faut remettre les centrales au charbon en route puisque les vers de terre veulent supprimer les centrales nucléaire .

  7. L’europe nous amène plus de problèmes que de solutions, il serait bon d’envisager un Frexit ou tout le moins une révision complète de nos rapports avec cette entité et reprendre notre souveraineté dans les domaines importants de gestion de notre pays en particulier le domaine énergétique, économique et sanitaire. L’électricité nucléaire est une énergie propre et relativement bon marché contrairement aux moulins à vent qui ne produisent rien et coûtent une blinde aux citoyens.

  8. Les écolo-mondialistes ont réussi: ils ont organisé la pénurie pour ouvrir la voie de ma décroissance. Accessoirement le sabotage d’EDF et des intérêts industriels français en général en arrange certains. Car vouloir la fin des nations, n’empêche pas certains dirigeants de chercher les intérêts de la leur. Ce n’est pas le cas des dirigeants français d’aujourd’hui et d’hier qui devraient être jugés pour haute trahison si ce chef d’accusation existait encore…

  9. L’Etat français, ou plus exactement, la Commission européenne, oblige EDF à vendre à bas prix de l’électricité par exemple à l’Allemagne, tandis que le couillon de consommateur français, y compris les entreprises, paye plein pot. De l’électricité pas chère que nous vendons à l’étranger manquant pour le réseau français nous devons en importer à plein tarif et cela augmente nos factures et la fermeture, tant idéologique qu’électoraliste, de la centrale de Fessenheim a fait empirer la situation.

  10. Et oui … C’est encore le con-tribuable spolié français qui paiera la facture … après les élections, cela va de soi !
    Pourquoi les médias n’expliquent t’il pas cela : cela devrait être expliqué dans les médias. Pour l’instant, on nous fait croire que le gouvernement est gentil avec nous en nous évitant des augmentations trop importantes de l’énergie. Vivement l’arrivée de la lutte contre les fakes news que ce gouvernement nous prépare, à condition que cela s’applique aussi pour lui …

  11. Expliquez moi, comme l’an passé, 16 reacteurs sur 56 sont fermés soit 30%, aucune leçon n’est tireé du passé, c’est comme si les chocolatiers enternaient leur matériel à Paques, Une incurie des services publics grippés qui se moquent du public, et de l’état qui ne geré pas et n’anticipe rien . Le sysème est sclérosé, on n’a pas su formé le personnel nécessaire et on ne sanctionne pas les responsable de cette gabgie. Nous n’avons pas besoin des Allemands pour nous tirer une balle dans le pied.

  12. L’ARENH (accès régulé à l’électricité nucléaire historique) permet de faire vivre artificiellement une concurrence voulue par l’Europe. Son extension est nécessaire pour que les concurrents d’EDF puissent survivre. L’Europe peut-elle évoluer, au milieu du jeu des grandes puissances qui l’entourent ? Les élections de mars 2022 permettront de voir si les français veulent continuer à se faire dicter leur conduite par l’Europe (qui n’a pas que des inconvénients)

  13. J’avais posé modestement la question de savoir ce que pensaient les gens de l’augmentation de l’électricité, et également de la loi Nome. Une partie de la réponse est dans l’édito de M Charlez. Quand aux problèmes rencontrés actuellement dans le nucléaire, je trouve bizarre que mis à part les arrêts programmés l’ASN, dont vous regarderez la composition, et à qui ils doivent leur nomination.

  14. Rêvez monsieur et votre chute sera peut être brutale ..l’état ruine tout et dans tous les domaines et profite bien de ce virus .et ruine également les cerveaux .

  15. La complaisance des pouvoirs politiques envers les pires errements des mouvements écologistes conduit à la paupérisation de la nation. La démonstration se déroule sous nos yeux.

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