Lettre d’une Française « rabougrie » à Gabriel Attal
Cher Monsieur,
Jeune homme,
Convié, ce dimanche 29 août, par « Le Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI » à commenter l’actualité, vous avez laissé parler votre cœur. Vous penchant sur les candidatures effectives et putatives à la prochaine élection présidentielle, vous vous en êtes pris avec un mépris non dissimulé à Éric Zemmour.
Je vous le dis en confidence, j’aime beaucoup écouter Éric Zemmour ; j’admire son érudition, je goûte ses reparties et quand il plonge un Attali le nez dans ses tartufferies, je trouve cela tout simplement jouissif. Cela dit, et c’est une parenthèse, je ne vois pas ce qu’il a à gagner à vouloir se jeter dans l’arène et je le crois, moi aussi, beaucoup plus utile dans le rôle qu’il tient aujourd’hui que dans celui d’un énième prétendant à la queue du Mickey.
Nonobstant, Éric Zemmour est, à ce qu’il me semble, un homme fort respectable et ses idées le sont tout autant. Or, quand vous l’accusez d’incarner « la France à genoux, la France rabougrie, l’esprit de défaite en permanence », je m’estime, si je puis dire, injuriée par capillarité.
Sans vouloir vous offenser, et pour illustrer mon propos, je pourrais, ainsi, tout autant affirmer que vous incarnez la France prétentieuse, inculte et ramenarde, dont l’objectif est de faire en tout du passé table rase.
Je ne vous connaissais pas très bien, alors je suis allée regarder ce qui se cache derrière votre profil de nouveau gendre parfait. Il est vrai, si j’en crois votre bio Wikipédia, que vous cochez toutes les cases de la modernité.
Comme votre ex-compagne la chanteuse-auteur-compositrise Joyce Jonathan (j’avoue que sa renommée n’était pas, non plus, arrivée jusqu’à moi), vous avez ressenti l’appel de la politique comme d’autres reçoivent l’illumination divine lorsque vos parents vous ont emmené à une manifestation contre la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle, en 2002. Vous aviez alors 13 ans et le sens de la démocratie chevillé au corps…
Étant passé par l’École alsacienne, où vous vous faisiez d’ailleurs appeler Gabriel Attal de Couriss (une particule peut toujours servir), vous n’avez pas grimpé au cocotier du PS par l’échelle UNEF. Une exception. C’est que, déjà moderne, vous étiez ouvertement du côté fric de la gauche. Vous êtes monté par Ségolène Royal et ses « désirs d’avenir » qui collaient bien aux vôtres. Vous aviez 17 ans et une silhouette en ligne de mire : le copain de Dédé la Saumure, un certain Dominique Strauss-Kahn.
Vous n’avez pas fait l’ENA, mais vous avez fait ce qu’il faut pour compenser. Après vos amours adolescentes avec Joyce Jonathan, vous avez goûté à la diversité. Pacsé, aujourd’hui, avec le député européen Stéphane Séjourné, un très proche du Président Macron, vous avez annoncé à la France émue, en avril 2019, votre « désir d’enfant via une GPA éthique », si la procédure devenait légale Et vous êtes sans doute mieux placé que personne pour savoir qu’elle le deviendra.
Bref, vous êtes moderne. Je suis sûre que vous roulez à vélo électrique, peut-être en trottinette, à moins que vous ne vous rendiez à l’Élysée en gyroroue. Si ça se trouve, Éric Zemmour roule en voiture. Affreux ! Il est marié, a eu des enfants par la voie naturelle, si je puis me permettre cette trivialité. Moi aussi. J’ai même des petits-enfants tout ce qu’il y a de plus bio.
Vous avez déclaré « Je n’ai pas à donner des brevets de candidature sérieuse ou pas sérieuse, dangereuse ou pas dangereuse », expliquant, toutefois, qu’« il y a assez peu de candidatures » dont vous vous sentiez aussi éloigné que celle d’Éric Zemmour.
Vous savez quoi ? La France rabougrie s’en fout, mais alors, à un point que vous n’imaginez pas. Pour des propos comme ceux-là, ma mère, d’une génération encore plus rabougrie, vous aurait traité de tête à claques et vous aurait envoyé méditer sur « la chaise à réfléchir ».
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