Immigration : l’Europe au pied du mur
1.200 kilomètres de murs anti-migrants sont érigés dans l’Union européenne. Et début décembre, la Pologne, qui a déjà clôturé de barbelés sa frontière biélorusse, prévoit de renforcer 180 km de frontières par la construction d’un nouveau mur. La Lituanie et la Lettonie envisagent de faire de même. Mais le président lituanien Gitanas Nauséda s’interroge : est-ce aux contribuables de financer ces mesures ? « Nous protégeons les frontières extérieures de l’Union européenne et de l’OTAN et la réponse doit être collective », déclarait-il, le 16 novembre, lors d’une rencontre avec les présidents des pays baltes.
Pour lui, il serait légitime que Bruxelles participe à ce financement. La Pologne, la Lituanie et la Lettonie appellent aussi ce financement de leurs vœux. Et le 7 octobre dernier, les ministres de l’Intérieur de l'Autriche, la Bulgarie, Chypre, le Danemark, l'Estonie, la Grèce, la Hongrie, la Lituanie, la Lettonie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie écrivaient à la Commission européenne : « Une barrière physique apparaît comme une mesure de protection des frontières efficace, qui sert les intérêts de l'ensemble de l'Union européenne, pas seulement les États membres en première ligne. » Alors, l’Europe doit-elle porter ces barbelés ? Interrogée par Boulevard Voltaire, Nadine Morano, députée européenne (PPE) s’oppose « d’un point de vue philosophique aux murs entre les hommes », mais reconnaît l'urgence de la situation : « Par définition, les barbelés sont des structures temporaires. Quand on doit faire face de manière temporaire à un afflux migratoire non désiré, non contrôlé, non contrôlable, je suis favorable à ce qu’on puisse protéger nos frontières extérieures. »
Mais pour la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, c'est non ! Elle a réaffirmé son opposition, à l’issue d’un Conseil européen, le 22 octobre : « J'ai été très claire sur le fait qu'il y a une position commune de longue date de la Commission et du Parlement européens sur le fait qu'il n'y aura pas de financement de barbelés et de murs. » Pour autant, le 23 novembre, à Strasbourg, von der Leyen dénonçait cette « tentative de déstabilisation par un régime totalitaire non reconnu par l’Union européenne ». Manifestant sa solidarité avec la Pologne, la Lituanie et la Lettonie, elle a annoncé agir sur quatre axes : le soutien humanitaire, l’action diplomatique auprès des pays d'origine, les sanctions et… la protection des frontières !
La Biélorussie mène une attaque hybride.
C’est toute l’UE qui est mise au défi.Nous sommes solidaires de la Lituanie, Pologne et Lettonie.
🇪🇺 agit sur 4 axes :
• Soutien humanitaire
• Action diplomatique auprès des pays d'origine
• Sanctions
• Protéger les frontières pic.twitter.com/uKVXmq6JPd— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) November 23, 2021
Une enveloppe de 280 millions d’euros a donc été allouée aux trois pays en première ligne pour assurer la protection de leurs frontières. Une somme destinée à financer non pas les barbelés mais des systèmes de surveillance. « Il y a un refus idéologique de la part de l'Union européenne pour qui l'immigration n'est pas un problème mais un projet », martèle Philippe Olivier, député européen RN. « L'Europe, avec son dogme de libre-circulation, s'arrache le cœur dès qu'on dit le mot frontière, poursuit-il. Mme von der Leyen est contre le fait de financer les murs. La vidéosurveillance, c'est pour regarder passer les migrants ! » L'eurodéputé dénonce ce semblant de mesure : « Évidemment, ils ne vont pas dire on laisse tout ouvert, alors ils affirment qu'ils régulent. En réalité, ils organisent le passage ou ils laissent passer. » Jusqu'à quand ?
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