L’ex-PS Samia Ghali, chevalier de la Légion d’honneur. Nos héros attendront…

Laugiercha, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
Laugiercha, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Ce samedi 8 février, alors que la capitale s’apprêtait à recevoir 1.500 personnes venues du monde entier – chefs d’État, capitaines d’industrie et membres de divers gouvernements – pour le sommet de l’IA, le préfet de police Laurent Nuñez a fait un déplacement éclair à Marseille. Une urgence ? Un chef du narcotrafic international sur la sellette ? Plutôt une fête, en vérité, que ce serviteur de l’État n’aurait surtout pas voulu manquer : il s’en allait remettre lui-même les insignes de chevalier de la Légion d’honneur à Mme Samia Ghali.

La chose est hélas entendue : aujourd’hui, la Légion d’honneur est souvent bien davantage un ruban qui marque la longévité en politique qu’une récompense pour acte valeureux. Et Samia Ghali a déjà trente ans de vie politique derrière elle. D’abord élue sur une liste PCF, elle rejoint le Parti socialiste, devient présidente du conseil régional de PACA, maire du 8e secteur de Marseille, puis sénatrice des Bouches-du-Rhône avant de quitter le parti. Elle est aujourd’hui adjointe au maire DVG Benoît Payan. Lequel est arrivé à la mairie sur fond d'accusations de fraudes… Samia Ghali, farouche opposante du RN, y aura d’ailleurs été mêlée à plusieurs reprises, deux de ses proches ayant même été condamnés pour « des chasses aux procurations jugées illégales ».

L’amitié du préfet ou une consigne de l’Élysée ?

Qu’importent ces tracasseries, embrassons-nous, Folleville ! Le préfet Nuñez a donc décoré Samia Ghali devant un parterre de 200 invités à qui l’heureuse élue a lancé : « C’est un moment qui prend aux tripes, un des jours les plus émouvants de ma vie. » Sans doute. Quant au préfet, interrogé par La Provence sur son voyage éclair, il déclare : « Je ne suis pas censé quitter Paris, ce n’est donc qu’un aller-retour rapide. Je le fais pour Marseille et pour Samia Ghali qui est une femme sincère, engagée, qui a des convictions. Elle incarne vraiment Marseille. »

Un panégyrique qui n’a pas manqué de faire réagir Matthieu Valet, l’ancien commissaire de police, ex porte-parole du Syndicat indépendant des commissaires de police, aujourd’hui député européen Rassemblement national. Il s’interroge, sur son compte X : « Quel est le mérite de Samia Ghali pour être décorée de la plus haute distinction ? »

Macron préfère Marseille et il ne s’en cache pas

Nous avons interrogé Matthieu Valet. Le préfet Nuñez déclare « s’inspirer beaucoup de ce qui se fait à Marseille » – si c’est sur le plan de la sécurité, la réussite n’est pas éclatante ! –, mais le député RN est moins enthousiaste. « Si elle a beaucoup fait parler d’elle, Samia Ghali n’a pas particulièrement brillé par son action, nous dit-il. La ville n’a pas été dotée de davantage de caméras de sécurité, et quand il y en a, elles ne sont pas entretenues ou pas réparées. » Il n’y a toujours pas de coopération entre la police municipale et la police nationale, poursuit Matthieu Valet, et à part pleurer et réclamer la présence de l’armée pour rétablir la sécurité dans les quartiers - ce qui est insensé, l’armée n’est pas faite pour ça –, il n’y a pas grand-chose à mettre au crédit de Samia Ghali, estime-t-il. Alors « si j’ai réagi, poursuit-il, c’est pour mettre en évidence un scandale : il y a deux colonnes d’assaut qui attendent la reconnaissance de la nation pour leur riposte héroïque aux terroristes islamiques qui ont fait 131 morts au Bataclan. Ces 32 policiers de la BRI-PP, qui ont mis leur vie en jeu pour en sauver d’autres, ont été proposés dans l’ordre de la Légion d’honneur, et depuis cinq ans, cette nomination est bloquée », explique Valet. « Nos informations laissent entendre que ce blocage se situe au niveau du cabinet présidentiel. Emmanuel Macron, puisque c’est lui qui fixe la liste des récipiendaires de la Légion d’honneur, a honoré cette année de nombreux Marseillais, dont Samia Ghali. Nous sommes le pays le plus touché par le terrorisme, alors c’est gentil de faire plaisir aux amis, ce serait mieux d’honorer nos héros ! » Les copains avant les héros, une autre facette du macronisme qui n'étonnera que les naïfs.

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

4 commentaires

  1. La République des copains est sans limite, allant même jusqu’à créer des zones de non droits inexplorées: la légion d’honneur, l’école, l’université, l’assemblée nationale etc…
    Macron chercherait il une guerre civile avant de s’envoler ailleurs dans son paradis artificiel?
    Non, je crois plus simplement qu’il est adulescent, inconscient, irresponsable et trop gâté.

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