LFI et conflit israélo-palestinien : François Ruffin, un drôle de paroissien !

François Ruffin

François Ruffin n’est décidément pas un insoumis comme les autres, n’hésitant pas à refuser de se soumettre à… La France insoumise, tel qu’en témoigne cet entretien accordé au Monde du mardi 10 octobre.

Le sujet ? Le conflit entre Israël et le Hamas, évidemment. Affaire éminemment sensible : « Inflammable de tous les côtés, ajoute-t-il. En parler, c’est comme avoir une allumette près d’un baril… » D’où ces nuances, si peu de mise en ces temps de sidération médiatique : « On a bel et bien un face-à-face entre le "fanatisme du Hamas" et une "politique israélienne imbécile", selon les mots de l’historien israélien Élie Barnavi », estime le député de la Somme.

Chercher la paix plutôt que de pousser à la guerre…

Et de pointer une autre question qui fâche : « Avec les accords d’Abraham, en 2020, les Occidentaux ont voulu enjamber la question palestinienne. C’est un échec. » Alors, bien sûr, et ce, à rebours de LFI, François Ruffin affirme « son soutien aux victimes et à la société israélienne », n’hésitant pas à qualifier le Hamas d’organisation « terroriste », à rebours d’une Mathilde Panot, matrone du groupe mélenchoniste à l’Assemblée nationale. Mais, prévient-il, « le soutien au gouvernement israélien ne doit pas être aveugle. Nous devons poser en permanence comme objectif le cessez-le-feu et la paix. »

Un « soutien aveugle » de certains dirigeants politiques français qui fait écho à un « soutien » tout aussi « aveugle » du mouvement dont il est l’un des députés, par exemple. À quoi doit-on cette liberté de parole ? Au simple fait que François Ruffin n’est pas issu du moule trotskiste ayant fait de la cause palestinienne une sorte de chasse gardée. En effet, des lambertistes (PCI) aux pablistes (LCR), la défense des Palestiniens est une vieille antienne. Sauf que l’extrême gauche française a toujours soutenu ces derniers pour de mauvaises raisons. Ils en faisaient une sorte de mantra progressiste, opprimés contre oppresseurs, Occident dominateur contre Orient dominé, alors que la feuille de route de l’OLP du défunt Yasser Arafat, puis du Hamas, a toujours été d’ordre nationaliste, même si maintenant teinté d’eschatologie religieuse.

Pour résumer, les Palestiniens se battent, depuis 1948, pour avoir un État sur la terre de leurs ancêtres. Et les atroces massacres des kibboutz, révélés ce mercredi, ne présentent malheureusement rien de nouveau. Des massacres de civils en 1948, dans le village palestinien de Deir Yassim, perpétrés par l’Irgoun, embryon de la future armée israélienne, à ceux des camps libanais de Sabra et Chatila, en 1982, les victimes civiles, femmes, vieillards et enfants palestiniens se comptèrent par centaines, voire par milliers. De quoi appeler la vengeance, le prix du sang à payer ne cessant d’augmenter à chaque nouvelle tragédie. Surtout en une région du monde où on a la mémoire longue…

Quand François Ruffin en appelle au général de Gaulle…

Aujourd’hui, François Ruffin, au même titre que d’autres de ses collègues parlementaires, telle Marine Le Pen, tente de faire preuve de toute la nécessaire finesse exigée par la complexité de la situation. Car tout le monde sait que jamais les Palestiniens ne rejetteront les Israéliens à la mer ; pas plus que les seconds n’extermineront les premiers. Là où François Ruffin continue à cultiver sa différence, c’est quand il s’en prend de front à l’incapacité de la France à faire entendre sa voix. Tout d’abord, à l’en croire, il y a « l’alignement sur les États-Unis », tandis que « l’activisme d’Emmanuel Macron sur X ne compense pas sa désertion du dossier depuis des années ».

Et notre trublion d’en appeler au souvenir de la France d’avant, posture singulièrement peu gauchiste : « La tradition gaullo-mitterrandienne voulait que l’on s’exprime avec indépendance, sans s’aligner, qu’on affirme qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit, que l’on appelle au respect du droit international et que l’on soutienne la création d’un État palestinien, conformément aux résolutions de l’ONU. C’était la position de la France jusqu’au début des années 2000, jusqu’à Jacques Chirac. Depuis, c’est le silence, l’absence, l’alignement. »

On a déjà entendu plus sot.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

26 commentaires

  1. S’il n’est pas en accord avec LFI ou la Nupes ,qu’il quitte ces très dangereuses mouvances d’extrême gauche ,c’est aussi simple que cela !

  2. Le courage de M.Ruffin de quitter un parti qui ne lui convient pas est très limité, contrairement à son opportunisme
    Victorine31

  3. « Bon, on a déjà entendu plus sot » Tout à fait d’accord…mais MAINTENANT, qu’ALLONS NOUS FAIRE ( comme le demande la chanson) ??
    Tout le bruit médiatique s’organise pour camoufler l’inaction des responsables au niveau géopolitique, « après nous le déluge » est toujours d’actualité ..

  4. La Palestine est historiquement soutenue par l’URSS mais l’URSS voulait soviétiser les palestiniens. Le PCF était aligné sur la position URSS, et donc tous les mouvements encore plus à gauche s’alignaient sur le PCF. Sauf que l’URSS n’existe plus et les mouvements nationalistes palestiniens n’ont plus été financé par le bloc communiste mais par les frères musulmans. Ce qui change la nature du conflit. Or l’extrême gauche française soutient toujours la Palestine mais a oublié pour quelle raison elle la soutenait. Un peu comme lorsque le logiciel que vous utilisez se met à jour extérieurement et que vous continuez à l’utiliser sans savoir quelles ont été les dernières mises à jour.

  5. Monsieur Ruffin, changer de parti politique, vous n’avez pas votre place dans ce ramassis de moins que rien du LFI.

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