LFI : la posture du braillard débraillé

Louis Boyard

Heureux celui par qui le scandale arrive. Au royaume des Insoumis, il sera récompensé. Pour cela, un impératif : faire le buzz, faire le show, trouver la punchline ou provoquer le clash qui va enflammer la Toile.

Les députés LFI ne ménagent pas leurs efforts car l’Hémicycle, expliquait Libération le 4 août dernier, est devenu un théâtre permanent qui « sert de décor à une bataille de communication où tous les coups sont permis entre les groupes, bien conscients que chaque image compte ». Une bataille d’image pour différencier son offre de celle de ses concurrents. La politique est, en effet, devenue un produit de consommation comme un autre. C’est pourquoi LFI travaille sa relation client, car c’est celui qui saura se démarquer en trouvant le bon positionnement marketing qui l’emportera.

Il ne faut donc pas se fier aux apparences, l’Insoumis n’est pas un bolchevik. Bien au contraire, c’est un très bon vendeur qui a parfaitement intégré les règles du marché. Et là est justement son problème. Le gauchiste s'est embourgeoisé. Terminé, la révolution, les lendemains qui chantent et les « élections piège à cons ». De nos jours, il s’est converti au parlementarisme, aux bureaux lambrissés et aux ors du pouvoir. Bref, un notable. Il lui faut donc travailler son image pour maintenir, aux yeux de son électorat, le mythe du contestataire de l’ordre établi.

La députée LFI Clémentine Autain posait le problème dans la revue Regards, le 3 mai dernier : « Les institutions agissent comme un aspirateur à énergie : en cas d’arrivée au pouvoir de l’Union populaire ou même de constitution d’un groupe parlementaire conséquent, le risque existe de voir cette force de rupture se normaliser et se dévitaliser. » Une position d’équilibriste pour continuer à goûter aux privilèges du système, assis confortablement sur les bancs moelleux du palais Bourbon, tout en incarnant la « rupture ». Ayant bien retenu ses leçons de marketing, l’Insoumis sait cependant qu’« en politique, la perception est la réalité ». Ce qui compte, c’est l’image que va se faire de lui son électorat cible. Clémentine Autain a alors longuement réfléchi avec ses camarades et est arrivée à la conclusion suivante : il faut « en finir avec une gauche aseptisée et normalisée. Une gauche qui, depuis des décennies, court après une forme de respectabilité ». Ne surtout pas être assimilé à cette ancienne « gauche de gouvernement » sinon, c’est la faillite garantie.

Il va donc falloir donner l’image opposée. Le plan com', c’est la posture du braillard débraillé : « L’esprit critique et l’irrévérence font partie intégrante d’un profil délibérément non policé. Cette posture se retrouve symboliquement dans la décision de ne pas respecter le port de la cravate dans l’Hémicycle en arrivant à l’Assemblée […]. Elle dit que la contestation ne se fait pas dans un dîner de gala : à gauche, nous avons vocation à détonner, à trancher, à choquer. » La gauche, la vraie. Celle qui provoque le bourgeois. Une image de marque qui va plaire aux déclassés, aux racisés et aux bobos à vélo écolos.

Prenez le jeune député LFI Louis Boyard. À peine 21 ans et déjà une parfaite maîtrise des codes de la com' et du marketing. Il a su très vite faire le buzz le jour du vote pour la présidence de l’Assemblée avec son refus de serrer la main du porte-parole du RN. Un pro du storytelling, également, qui sait faire pleurer dans les chaumières en racontant son histoire de fils de cheminot révolté face aux injustices. Le journal Le Monde lui avait consacré un portrait, le 6 juillet dernier. Il témoignait de sa condition tragique qu’il décrivait dans des termes poignants : « Je suis comme beaucoup de gens, l’école, c’était pas un truc qui me plaisait. […] Vu que je me faisais chi… dans la salle de classe, je bloquais le lycée pour pas y aller. » Magnifique, ce lyrisme révolutionnaire de la génération Mélenchon. Sans oublier son cri de détresse, en 2021, sur le plateau de « Touche pas à mon poste ! » : « Moi, j'ai dealé ! […] J'avais pas le choix, sinon, comment je payais mes études ? » On comprend alors que Les Misérables, de Victor Hugo, soit son « roman préféré ». Louis Boyard, c’est Jean Valjean. Une enfance misérable, des petits boulots et puis, un hiver très froid, accablé par la disette, la tentation et la transgression. Le symbole de l’Insoumis face à une société injuste et oppressive.

C’est ça, le plan com'. Ça n’a rien de réel, mais peu importe. Ce qui compte, c’est que vous y croyiez. L’imposture des braillards débraillés.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 08/08/2022 à 9:45.
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Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

35 commentaires

  1. Souhaitons que ces débraillés incultes finiront rapidement par lasser le public ou tout simplement a se lasser eux même…
    À défaut de s’habiller ils iront se faire rhabiller et disparaîtront dans la fange dont Mélanchon les a extirpé pour servir ses desseins !

  2. LFI multiplie les outrances pour « faire peuple », car pour eux les « gens du peuple » sont un ramassis de braillards, vulgaires, grossiers, débraillés… LFI n’a en réalité aucun respect pour les gens qu’ils disent défendre. Ils se servent juste de leur détresse.

  3. Malheureusement, ceux qui crient le plus fort sont souvent les plus écoutés. Ne manquons pas d’exercer notre esprit critique.

  4. Son histoire de « fils de cheminot » est du pipeau intégral comme le souligne Pierre Sautarel dans un tweet : « A chaque interview, Louis Boyard évoque son père cheminot. On l’imagine en bleu de travail avec une casquette chargeant la boite à feu d’une locomotive avec du charbon. Il est en réalité directeur de production d’une société de fret ferroviaire. »
    On est loin de Jean Gabin dans la Bête humaine.
    Décidément, tout est factice chez la France « insoumise » …

  5. Le benjamin de LFI et de l’Assemblée, le petit Boyard, tout comme le benjamin du gouvernement le petit Attal feraient mieux d’aller jouer ensemble à la dinette ou à Papa/Maman que de se mêler de l’avenir des Français ! Qu’ils laissent faire les adultes qui ont de l’expérience et de l’éducation , ce qui leur manque à leur âge !

  6. Les Va-NUPES-pieds, la version 21ème siècle des sans-culottes !
    Les mec dealeur à ses heures…
    Faux fils de cheminot…
    Mauvaise copie de Mélenchon, mais tout aussi braillard…
    Pas très propre sur lui…
    Ce mec n’a rien pour faire rêver les belles-mères !

  7. Ce Boyard braillard n’est, après tout, qu’un sale gosse mal élevé qui n’a sans doute pas reçu les coups de pied aux fesses salvateurs qu’il aurait mérités. En revanche, sa présence au sein de notre prestigieux hémicycle dans lequel de grands noms se sont illustrés a quelque-chose d’incongru et de déplacé, preuve que le grand déclassement est bien une réalité française. Sans doute avons-nous les élus que nous méritons.

    • En vérité, Mélanchon a choisi ses pions les plus vulgaires et décadents sachant que les electeurs voteraient pour « Mélenchon », d’où ce flot d’ignares incompétents (sauf pour semer le désordre)

  8. Puis je dire que ce sont plutôt de grossiers personnages qui, pensent que leurs écarts leur apportent la gloire, alors qu’ils tachent le haut lieu de leur « République » dont ils se gargarisent.

  9. Je me demande jusque z’à quand les électeurs de LFI les supporteront leur soit-disant proximité avec le  » peuple » alors que ces élus les font passer pour des primates, incultes , confondant ainsi difficulté à vivre et niveau 0 de la compréhension !

    • En politique la honte n’existe pas, seul le résultat est probant !! Comme l’a dit Coluche « la moitié des politiciens sont bon à rien les autres sont prêts à tout !! »

  10. Le problème pour la gauche, c’est que les gens lui ont fait confiance et qu’aujourd’hui ils peuvent constater qui avait raison entre les utopistes de gauche et les pessimistes de droite.
    Le résultat est un pays qui prend l’eau de tous les côtés, mais des gauchistes professionnels qui se sont sacrement enrichis.
    Sachant dès le début qu’ils disaient n’importe quoi, ils ont fait venir des légions d’immigrés pour avoir quelqu’un à qui promettre monts et merveilles une fois que les ouvriers auront été définitivement échaudés.
    Tout est comme ça à gauche. Prenez le prix de l’essence par exemple : EELV demande depuis des années à ce qu’il dépasse les 2€ le litre. Maintenant que c’est chose faite et que ça n’a rien changé d’un point de vu écologique, on ‘e les entend plus.

    • Ils nous prends pour des c.. S et ça marche aidé en cela par des médias infestés, par ce genre d’ulubrius.

      • Les médias… fabricants de peur générateurs de honte et support d’un wokisme en voie de disparition chez les US…

  11. La « rupture revolutionnaire » s’accorde parfaitement des 7000 €de traitement d’un député.

  12. « Ce qui compte, c’est que vous y croyiez. L’imposture des braillards débraillés. » sauf que seuls les C— y croient !
    Sont ils donc si nombreux( ses) ? si tel est le cas c’est en effet inquiétant.

  13. Ces braillards là dégoûtent les gens normaux d’aller voter. Mais peut-être est-ce là encore une manoeuvre diabolique stalinienne. On dégoûte les démocrates d’aller voter et on compte sur le vote extrémiste, islamo gôôôôôchos pour se faire élire et imposer la dictature. Le tout avec la complicité de la majorité des médias financées par l’argent public du contribuable spolié. Et les Français, échaudés et écoeurés, ne voient plus l’intérêt de se déplacer car ils se demandent ce qu’il reste vraiment de la démocratie.

    • Raison de plus pour aller voter ! Excellente analyse concernant le réseau public chargé de désinformé les français en nous baladant entre le Bac, la sécheresse, la rentrée scolaire et autres marronniers pré-enregistrés !!! Vive la fin de service pas du tout public.

    • Justement , pour une fois nous avions un parti Reconquête qui présentait un programme fiable, réalisable et 58% des français ont réélu le président au piètre bilan ! On a le président qu’on mérite et qu’on ne vienne pas pleurer ensuite !

      • Non, pas 58% des Français. 17 millions n’ont pas votés, 10% ne sont pas inscrit sur les listes électorales, il ne reste pas grand chose, et loin des 58%.

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