L’Humanité enquête sur les « cathos réacs » : hommage du vice à la vertu

Si vous allez, ces temps-ci, sur le site de L’Humanité - sait-on jamais ! -, vous y trouverez ce que l’on appelle un « pop-up », c’est-à-dire une petite fenêtre à fermer pour lire les articles, enjoignant par quelques mots les lecteurs occasionnels à mettre la main au pot. Ils ont trouvé un argument de poids : « Gâchez le Noël des fachos, abonnez-vous ! » On ne sait pas, pour le Noël des fachos, mais assurément, le dernier magazine de L’Humanité en ligne a de quoi filer le bourdon aux abonnés cocos : « Catholiques : les réacs à l’offensive », c’est le titre du dossier qui figure sur la couverture.

Infiltré 

On ne sait pas qui a choisi la jolie photo, mais sans doute une taupe, un infiltré, un agent ayant enlevé sa médaille de baptême avant l’entretien d’embauche, un sous-marin nommé Édouard ou Sixtine déguisé en stagiaire woke, car elle est très flatteuse : on y voit, de dos, un chapitre du pèlerinage de la Pentecôte serpentant dans la Beauce, entre blés dorés et ciel radieux. Au loin, les célèbres flèches de la cathédrale de Chartres. Porte des bannières, des croix aux noms de saints oubliés et des drapeaux tricolores frappés du « Cœur sacré » comme ceux que portaient sur leur poitrine les soldats de 14. Une manifestation de piété populaire portée par des jeunes, presque des enfants, qui devrait plaire en toute logique au pape François. À moins qu’il en aille des journalistes de gauche comme du reste, ma brave dame, tout fout le camp : entre droit à la paresse et procrastination, les journalistes de gauche n’ont pas été fichus de trouver un gros plan sur des rangers effrayantes. Comment faire croire que « tous-les-intégrismes-se-rejoignent » avec, au premier plan, une jeune fille en short dont on peine à croire qu’il se porte dans les rues de Kaboul ?

Dans l'Humanité magazine du 19 décembre : Catholiques, les réacs à l'offensive.

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— L'Humanité (@humanite_fr) December 19, 2024

Miracle de Noël 

Dans les commentaires, sur X, les moqueries vont bon train. Notre-Dame de chrétienté, organisatrice du fameux pèlerinage, aurait-elle acheté un espace publicitaire ? La grâce de Noël a touché la rédaction ?

Car il n’y a pas que la couverture. Il y a aussi le contenu. Si l’enquête, avec le sous-titre « comprendre », n’apprendra rien qu’il ne sache déjà au lecteur de BV, elle montre que ces réalités commencent à infuser douloureusement dans des cercles qui, jusque-là, se berçaient d’illusion : période de Noël oblige, disons, pour rester dans l’ambiance olfactive, que l’écosystème des cathos de gauche sent le sapin et que personne ne peut plus passer à côté. Un journaliste anonyme du groupe Bayard se lamente : « Nos lecteurs vieillissent et les jeunes catholiques sont beaucoup plus radicaux que leurs aînés : il n’aiment pas l’œcuménisme, l’ouverture à l’étranger […] » Et, plus loin : « Les fidèles calés sur les positions les plus conservatrices gagnent en visibilité et en influence quand les autres se rétractent… » Bref, « sans aller jusqu’à une nouvelle contre-réforme, les jeunes catholiques, devenant minoritaires et se vivant comme menacés par les musulmans, se constituent plus que jamais en contre-culture ». Le journaliste Thomas Lemahieu constate, non sans une certaine lucidité « une fluidité totale entre des courants jadis séparés, avec un goût prononcé pour le culte le plus fastueux et rigide » (sic).

Pendant longtemps, il fut de bon ton d’ignorer ces cathos, de les décréter cacochymes et nostalgiques, donc en voie d’extinction. Il suffisait d’attendre un peu, avec dédain. Sauf que là où on a imaginé un centre de soins palliatifs, c'est une pouponnière qu'on a vu fleurir. De jeunes pousses repartant de la base du vieux tronc. Même L'Huma n’ose plus les traiter de vieux c..., c'est dire.

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